Histoire et mémoire : pièce de théâtre écrite et jouée par les 5eC

Publié le par Professeur L

Présentation de la pièce de théâtre à l'Hôtel du Département de l'Oise, juin 2017.

Présentation de la pièce de théâtre à l'Hôtel du Département de l'Oise, juin 2017.

Année scolaire 2016-2017 – Collège Jules Vallès de Saint Leu d'Esserent

Niveau cinquième – EPI culture et création artistiques

Projet dans le cadre du dispositif « Histoire et mémoire » en partenariat avec le Conseil départemental de l'Oise

Pièce de théâtre écrite par les 5eC

 

SCENE 1

 

NARRATEUR 1 : Nous sommes dans les années 1240, entre Rouen et Beauvais. Cela faisait longtemps que les paysans n'avaient pas été attaqués par des hors-la-loi, des mercenaires ou des chevaliers à la solde du roi anglais.

NARRATEUR 2 : Un jour cependant, les paysans bêchaient la terre.

NARRATEUR 3 : Tout à coup, on entendit un troupeau de moutons jaillir de la forêt comme une énorme tornade.

NARRATEUR 4 : Ce fut comme un coup de tonnerre.

NARRATEUR 5 : Soudain, trois chevaliers surgirent de la forêt.

NARRATEUR 6 : Chacun était muni d'un écu portant le blason anglais, d'un haubert brillant de mille feux et surtout d'une énorme épée aiguisée.

NARRATEUR 7 : Ils ne portaient pas de heaumes, car ils pensaient que les paysans étaient beaucoup trop faibles pour se défendre.

NARRATEUR 8 : On entendit des cris stridents, les enfants pleuraient et s'enfuyaient.

NARRATEUR 9 : Les chevaliers commencèrent par détruire les habitations et les plantations en y mettant le feu.

NARRATEUR 10 : Puis ils s'attaquèrent au bétail en leur donnant des coups d'épée, jusqu'aux portes de la mort.

NARRATEUR 11 : Un groupe de parents surgit par l'arrière et essaya de se défendre.

NARRATEUR 12 : Ils se mirent à crier pour se sentir plus puissants.

NARRATEUR 13 : Les enfants étant partis en courant lors de l'arrivée des chevaliers entendirent les cris de leurs parents et revinrent au village pour les aider.

NARRATEUR 14 : Mais lorsqu'ils arrivèrent, ils virent les chevaliers en train de tuer leurs parents.

NARRATEUR 15 : Ils se mirent à pleurer toutes les larmes de leurs corps, pendant que les horribles assassins s'enfuyaient.

NARRATEUR 16 : Cet assassinat les aura marqués pour toujours.

Château de Pierrefonds.

Château de Pierrefonds.

SCENE 2

 

NARRATEUR 1 : Dans Saint Leu d'Esserent, autour des années 1250, une petite ville construite autour de son abbatiale fondée par Hugues de Dammartin et l'évèque Guy de Beauvais en 1081.

NARRATEUR 17 : Saint Leu d'Esserent est un petit village médiéval très plaisant.

NARRATEUR 18 : L'abbatiale est une église prieurale. Ce bâtiment mesure 71 mètres de long, 21 mètres de large et 27 mètres de haut.

NARRATEUR 2 : La légende raconte que Hugues de Dammartin, malade, promet d'aller en pèlerinage à Jérusalem s'il guérit.

NARRATEUR 3 : Une fois rétabli, il accomplit sa promesse, mais il est pris en otage sur la route. NARRATEUR 4 : Une petite communauté de moines se trouvant au nord d'Hescerent dans le bois Saint-Michel paye sa rançon pour le libérer.

NARRATEUR 5 : A son retour, pour les remercier, Hugues fonde le prieuré de Saint-Leu et le leur confie.

NARRATEUR 19 : Mais parlons maintenant des enfants qui se trouvent à Saint Leu d'Esserent.

 

NARRATEUR 6 : Vous allez découvrir 6 personnages qui habitent à Saint Leu d'Esserent, près de l'abbatiale. Leurs parents ont été victimes d'un massacre à la frontière entre la Picardie et la Normandie, quelques années plus tôt.

NARRATEUR 7 : Nous commençons avec Pierre : il est un bûcheron. Il est très courageux, serviable et fort. Il va souvent vendre son bois aux charpentiers et menuisiers du village.

NARRATEUR 8 : Paul veut faire comme métier boulanger. Il est plutôt timide et réservé.

NARRATEUR 9 : Quant à François, il est intelligent, rusé et cultivé. En réalité il est d'origine noble. Il est le seul à savoir lire. Il veut être trouvère.

NARRATEUR 20 : François aime apprendre de nouveaux chants. Sa passion est de chanter contre quelques pièces qu'il arrive parfois à négocier.

NARRATEUR 10 : Jeanne, quant à elle, est tisseuse. Elle a un fort caractère.

NARRATEUR 11 : Son amie Marie est guérisseuse. Elle est brave et loquace. Elle aime parler et se balader près de l'abbatiale, pour rencontrer les moines et apprendre de nouvelles choses sur les plantes.

NARRATEUR 12 : Aliénor est fille de forgeron. Elle aime la chasse. Elle a un caractère plutôt combatif. Elle aime bien se battre.

            On voit Pierre le bûcheron en train de couper du bois, puis Paul qui apprend à faire du pain. Ensuite nous découvrons François qui travaille son chant. Plus loin nous voyons trois filles : Jeanne qui tisse, puis Marie qui soigne une personne blessée et enfin Aliénor qui s'entraîne au combat. Paul est couvert de farine, Marie a les mains pleines de sang.

MARIE en criant : Aidez-moi je vous prie ! Je n'arrive pas à le soigner, Jeanne aide-moi !

JEANNE : Oui j'arrive !

FRANCOIS, interrompu dans sa chanson : Que se passe-t-il ?

MARIE : J'ai un problème avec mon patient !

PAUL qui accourt : As-tu besoin d'aide ?

MARIE : Oui s'il te plaît !

PAUL : Sans problème ! Comment puis-je t'aider ?

MARIE : Fais un garrot avec ce tissu.

PAUL : Pas de souci.

            Pierre et Aliénor reviennent de la chasse et voient que tout le monde est réuni autour de Marie. Ils courent les rejoindre.

FRANCOIS : Marie a de gros problèmes avec son patient.

PIERRE : Voulez-vous de l'aide ?

ALIENOR : Oui nous en avons grandement besoin !

JEANNE : Paul, as-tu besoin d'aide pour le garrot ?

PAUL : Non merci ça ira !

JEANNE : Marie faut-il que je fasse quelque chose d'autre ?

MARIE : Non ça va aller merci.

 

NARRATEUR 13 : Ce genre de scène arrive quotidiennement.

NARRATEUR 14 : A présent, au moment même où nous vous parlons, notre jeune amie Marie rend visite à Paul, l'apprenti boulanger.

NARRATEUR 15 : Au contraire de Marie, Paul n'est absolument pas bavard et ne se contente que de la politesse nécessaire avec les clients de la boulangerie.

NARRATEUR 16 : Il aime aller pêcher dans l'Oise, en solitaire, dans le calme de la nature.

NARRATEUR 17 : Paul aimait vendre son pain frais à Jeanne, une jeune tisseuse à fort caractère.

NARRATEUR 18 : Jeanne aime tisser, le soir devant l'âtre.

NARRATEUR 19 : Aliénor, quant à elle, est très combative, elle aime arriver à ses fins. Elle aime regarder les dagues et les poignards que son père lui avait offerts.

 

 

 

Château de Pierrefonds, cour intérieure.

Château de Pierrefonds, cour intérieure.

SCENE 3

 

NARRATEUR 1 : On était le samedi. Paul était en train de faire son pain. Dans la foule de ses clients, il crut voir un visage qui lui rappelait quelqu'un.

NARRATEUR 2 : Jeanne de son côté travaillait dans son atelier de tissage.

NARRATEUR 3 : Mais elle vit dehors un chevalier qui lui sembla étrangement familier.

NARRATEUR 4 : Elle courut dans la boulangerie de Paul et lui expliqua ce qu'elle avait vu.

JEANNE : Paul !

PAUL : Qu'y a-t-il ?

JEANNE : J'ai vu un visage qui me semblait familier, là, dans la foule du marché.

PAUL : Moi aussi, il m'a semblé reconnaître quelqu'un que je n'avais pas vu depuis bien longtemps...

JEANNE : Il ressemblait à l'un des assassins de nos parents.

PAUL : As-tu vu de quel côté il est parti ?

JEANNE : Oui, il partait vers l'abbatiale.

PAUL : Il faut le suivre.

NARRATEUR 5 : Les deux enfants se mirent à courir vers l'abbatiale et retrouvèrent le chevalier avec ses sbires.

JEANNE : Les voilà !

PAUL : Regarde l'épée du chevalier : elle est cassée.

JEANNE : Et l'endroit ébréché correspond exactement au morceau de fer que j'avais retrouvé dans notre village dévasté.

PAUL : Ce sont les assassins de nos parents, cela ne fait aucun doute !

JEANNE : Il faut prévenir les autres !

NARRATEUR 6 : A la fin de la journée ils se rejoignirent dans leur cabane, dans la forêt, entre Chantilly et Saint Leu d'Esserent. La cabane était en bois, au sommet d'un grand chêne, avec une échelle pour monter.

NARRATEUR 7 : Tout le monde était là : Pierre, Paul, François, Jeanne, Marie et Aliénor. Tout le monde aimait raconter sa journée quand ils se retrouvaient.

PIERRE : Aujourd'hui, j'ai coupé six arbres, d'un coup !

ALIENOR : Moi à la chasse j'ai tué un cerf ! Je l'ai assommé avec mes poings !

MARIE : Moi j'étais dans les bois pour cueillir quelques plantes, pour mes médicaments.

FRANCOIS : Moi j'ai créé une nouvelle histoire, il faut que je vous la raconte ! Et toi Paul, qu'as-tu fait de ta journée ?

PAUL : Aujourd'hui, Jeanne et moi, on a vu quelque chose.

PIERRE : Racontez-nous !

JEANNE : D'accord. Aujourd'hui, alors que nous travaillions chacun de notre côté, j'ai vu un homme qui me rappelait quelque chose. Paul et moi l'avons suivi jusqu'à la forge de ton père Aliénor. Et nous avons remarqué que l'épée qu'il portait à sa ceinture était ébréchée. Vous vous rappelez du bout d'épée que j'avais récupéré dans le crâne de mes parents ? Et bien ce bout d'épée correspond exactement à la faille de l'épée de ce mystérieux chevalier !

PIERRE : Jeanne, tu es sûre de ce que tu as vu ?

PAUL : Vous devez la croire, je l'ai vu moi aussi !

PIERRE : Dans ce cas, cela veut dire que nous sommes en présence des assassins de nos parents.

ALIENOR : On ne peut pas les laisser s'échapper comme ça ! Je vais les tuer !

MARIE : Et comment vas-tu affronter à toi toute seule six chevaliers suréquipés et surarmés ?

FRANCOIS : Il faut venger nos parents.

PAUL : Mais on ne sait pas se battre ? Tu veux les assommer avec ton luth ?

FRANCOIS : Nous devons utiliser la ruse.

MARIE : Je crois que nous allons avoir besoin de plantes médicinales.

 

 

Cathédrale Saint Pierre de Beauvais.

Cathédrale Saint Pierre de Beauvais.

SCENE 4

 

NARRATEUR 8 : Les héros étaient dans la forêt de Chantilly où ils croisèrent des marchands.

NARRATEUR 9 : Ceux-ci étaient vêtus de tuniques marron, ils étaient grands, ornés de bijoux en or et incrustés de pierres précieuses.

NARRATEUR 10 : Ils étaient remplis de richesses :

NARRATEUR 11 : des épices,

NARRATEUR 12 :  du sel, du poivre,

NARRATEUR 13 : de l'ambre, des écailles, du sucre,

NARRATEUR 14 : du coton, de l'étain de Malaisie, de la soie,

NARRATEUR 15 : du gingembre, des armes d'Inde et beaucoup d'autres richesses !

JEANNE : Bonjour messieurs.

UN MARCHAND : Bonjour jeunes gens. Que puis-je pour vous ?

 JEANNE : (hésitante) Nous aimerions avoir de la nourriture. En avez-vous ?

 UN MARCHAND: Oui nous en avons, pour en avoir il faut payer ou bien chanter et jouer de la musique.  Ou alors il faut nous conter une petite histoire.

(François commença à chanter avec la bande d'enfants), les marchands avec leurs instruments « Sire compte j'ai viélé, devant vous en votre hostel » et il continuèrent rapidement et fluidement.

A la fin de la chanson les marchands applaudirent avec sourire et plaisir.

 UN MARCHAND : Maintenant que vous nous avez chanté une si belle chanson, choisissez ce que vous voulez dans ma charrette : il y a du sel du Midi, du poivre d'Inde, du persil d'Asie, du gingembre de Zanzibar, du coton indien, de la lavande, du thym et du romarin de Méditerranée.

 FRANCOIS :( excité ) Pouvons-nous vous conter une petite histoire en plus de cette chanson ? « Il était une fois un groupe de jeunes princes dont leur château s'était fait détruire par des  chevaliers démoniaques ; ils voulaient se venger. Pour cela, ils partirent faire une quête. Ils rencontrèrent des marchands qui leur offrirent de l'or et de la nourriture. »

UN MARCHAND :Et comment se termine votre histoire ?

 FRANCOIS : Je ne sais pas encore. Les chevaliers démoniaques seront punis, c'est certain.

UN MARCHAND : Mais comment des enfants peuvent-ils affronter des chevaliers formés au combat ?

FRANCOIS : Les marchands vont offrir de l'or aux enfants, ce qui leur permettra d'acheter des armes.

UN MARCHAND : L'or n'est pas le meilleur moyen de combattre les forces du mal.

ALIENOR : Et que recommandez-vous ?

UN MARCHAND : Je recommande la justice.

JEANNE : Nous aussi nous voulons la justice ! C'est pourquoi nous allons nous venger !

UN MARCHAND : La vengeance n'est pas la justice. Elle ne fait qu'amplifier le mal. Si vous voulez la justice, il vous faut rencontrer le roi de France, Louis IX !

PAUL : Mais comment des enfants peuvent-ils obtenir une audience auprès du roi ?

UN MARCHAND : Le roi Louis IX est différent. Allez au château de Vincennes. Là, le roi rend la justice en écoutant directement les plaignants, qu'ils soient seigneurs ou paysans.

PIERRE : Mais même si nous parvenons à le rencontrer, jamais il ne croira une histoire de meurtre racontée par des paysans, qui remonte à plus de dix ans, et qui met en accusation des chevaliers !

UN MARCHAND : C'est là où vous vous trompez. Le roi Louis IX estime que la vérité et la justice sont plus importantes que les personnes. Si un chevalier est reconnu coupable, il doit être puni.

MARIE : Il ne nous reste plus qu'à partir à la rencontre du roi !

UN MARCHAND : En attendant, prenez à manger. Nous avons du poulet.

MARIE : Puis-je vous prendre quelques herbes aromatiques ? Nous aurons à mons avis besoin de lavande, de thym et de romarin pour poursuivre notre aventure.

UN MARCHAND : Mais je vous en prie. Vous êtes mes hôtes.

ALIENOR : Nous vous remercions pour votre hospitalité. Nous repartirons demain, dès l'aube.

UN MARCHAND : Puisse le Ciel vous accompagner !

Cathédrale Saint Pierre de Beauvais : le plus haut choeur gothique de France.

Cathédrale Saint Pierre de Beauvais : le plus haut choeur gothique de France.

SCENE 5

 

NARRATEUR 16 : Nos jeunes héros venaient de quitter la caravane des marchands, quand soudain des bruits assourdissants de coup d’épée se firent entendre, ce qui attira leur attention.

ALIENOR : Vous avez entendu ?

PIERRE : Oui allons voir ce qui se passe.

MARIE :  Je vous accompagne.

ALIENOR : Pierre, viens on a besoin de tes bras, Marie viens au cas où il y aurait des blessés mais reste loin de l’action.

MARIE : S'il vous arrive quoi que ce soit, je veux être avec vous !

ALIENOR : J’ai dit non ! Tu es trop jeune ! Reste loin, Et prends mon poignard au cas où !

MARIE : D’accord mais on doit se dépêch…

NARRATEUR 17 : Soudain, un bruit assourdissant résonna et coupa la phrase de Marie, comme une épée qui se brisait.

NARRATEUR 18 : Sans réfléchir, ils se mirent à courir à l’endroit d’où le bruit avait été émis.

NARRATEUR 19 : Deux chevaliers s'affrontaient, seuls, au milieu de la forêt.

FRANCOIS : Regardez ! L'un des deux chevaliers porte les couleurs du royaume de France : sur son écu sont peintes les trois fleurs de lys. Chaque pétale de la fleur symbolise une vertu : la foi, la sapience et la chevalerie.

PAUL : C'est quoi la sapience ?

FRANCOIS : Ce terme vient du latin sapientia, qui signifie la sagesse.

ALIENOR : Excusez-moi de vous déranger dans votre cours de latin, mais il y a deux chevaliers en train de s'entretuer devant nous !

 PIERRE : Vite, que fait-on ? Le chevalier français est en mauvaise posture !

ALIENOR : Pierre, viens m’aider à défendre le guerrier français.

 Aliénor et Pierre s'approchèrent sournoisement du soldat anglais.  Pierre attaqua la jambe du chevalier. Aliénor donna un coup de casserole.  Il s’écroula sur le coup et Aliénor lui prit l'épée et lui assena un coup fatal, au cœur.

MARIE : Tenez monseigneur, mettez cette crème de lavande, de thym et de romarin  sur votre plaie. La lavande possède des vertus purificatrices. Elle va aussi faciliter la cicatrisation tout en calmant la douleur. Prenez ces branches pour faire office de béquille.

LE CHEVALIER/ Merci Beaucoup ! Pour vous remercier, vous pouvez m'accompagner au camp militaire du roi. On vous y donnera des armes, de la nourriture et un abri.

FRANCOIS : Merci beaucoup grand chevalier, mais comment vous nommez-vous ?

LE CHEVALIER : Je m’appelle Arthur.

ALIENOR : Moi c’est Aliénor, eux, ce sont mes amis (Elle pointa alors ses amis du doigt) Voici Marie, notre guérisseuse,  François, notre troubadour, Pierre nos gros bras, Paul, excellent boulanger, et Jeanne, notre tisseuse.

ARTHUR : Quelle fine équipe !   Venez avec moi ; vous avez l'air d'avoir grand faim. Là où nous allons,  au camp militaire tenu par le roi de France, vous pourrez boire et manger.

FRANCOIS : Au camp du roi ?

ARTHUR : Je suis certain que notre roi Louis IX sera diverti par mon histoire, lorsque je lui raconterai que je dois ma vie à une casserole de paysanne !

Les Tours de Nesles, Beauvais, Oise, France.

Les Tours de Nesles, Beauvais, Oise, France.

SCENE 6

 

NARRATEUR 1 : Le chevalier Arthur a raconté toute son histoire au roi Louis IX.

NARRATEUR 2 : Le chevalier qu'Arthur a affronté au milieu de la forêt était un Anglais.

NARRATEUR 3 : Que faisait un chevalier anglais sur la terre du royaume de France ?

NARRATEUR 4 : Pour le roi Louis IX, cela ne faisait aucun doute : le roi Henri III Plantagenêt préparait une nouvelle attaque contre le royaume de France, pour reconquérir les terres de Normandie.

NARRATEUR 5 : Le roi d'Angleterre Henri III Plantagenêt n'a jamais renoncé à récupérer les territoires anglais en France, reconquis par Philippe Auguste.

NARRATEUR 6 : Le roi Louis IX avait pourtant déjà battu le roi d'Angleterre lors de la guerre de Saintonge de 1242 à 1243.

NARRATEUR 7 : Et les Anglais furent définitivement écrasés lors de la bataille de Taillebourg, en Charente, le 21 juillet 1242.

LOUIS IX : Il faut attaquer l'ennemi ! Préparez les chevaliers ! Que Dieu nous aide ! Cette bataille ramènera la paix dans tout le royaume. Ce félon d'Henri va goûter à la force de la France ! Va prévenir les chevaliers pour qu'ils se préparent au combat.

UN CHEVALIER  : Oui, sire, j'y vais de ce pas.

LE MOINE : Quant à moi, je vais dire une messe pour nos valeureux combattants.

LOUIS IX : Va, fidèle serviteur de Dieu ! (S'adressant aux enfants) Quant à vous, mes chers enfants, pour vous remercier d'avoir sauvé l'un de mes meilleurs chevaliers, je vous offre l'hospitalité pour cette nuit. Allez dès à présent vous restaurer et vous reposer !

FRANCOIS : Sire, nous sommes vos obligés.

NARRATEUR 8 : Le moine se retire. A l'abri des regards, il pénètre dans une tente dans laquelle se trouvaient les chevaliers dont les enfants voulaient se venger.

NARRATEUR 9 : Cependant, l'attitude étrange du vieux moine a suscité la curiosité de François, qui encourage ses camarades à le suivre.

 

Le palais épiscopal de Beauvais, devenu le MUDO, Oise, France.

Le palais épiscopal de Beauvais, devenu le MUDO, Oise, France.

SCENE 7

 

LE MOINE : Chevaliers ! Le roi de France a l'intention d'attaquer le roi d'Angleterre. Armez-vous ! N'oubliez pas votre pacte secret avec le roi d'Angleterre. Si vous voulez des terres fertiles et des châteaux, il faut qu'Henri III récupère la Normandie !

CHEVALIER 1: Vous pouvez compter sur nous. Nous allons de ce pas prévenir les troupes anglaises qui sont cachées dans la forêt.

LE MOINE : Et n'oubliez pas : si nous perdons, vous serez condamnés à mort pour haute trahison !

CHEVALIER 2 : Inutile de nous menacer, vieux moine. Si nous perdons, vous aussi serez condamnés !

CHEVALIER 3 : Et vous n'aurez pas l'évêché tant promis par Henri III !

LE MOINE : Il suffit ! Nous connaissons tous notre mission. A présent, nous devons réussir. C'est une question de vie ou de mort.

CHEVALIER 1 : Ne t'inquiète pas. La mort est notre métier.

Les portes de type Renaissance du Palais épiscopal de Beauvais, Oise, France.

Les portes de type Renaissance du Palais épiscopal de Beauvais, Oise, France.

SCENE 8

 

PAUL : Il n'y a pas de doute : ce sont bien les assassins de nos parents.

MARIE : Il faut les arrêter avant qu'ils ne quittent le camp !

PIERRE : Je vais les tuer !

JEANNE : Ne fais pas l'idiot ! Et n'oublie pas ce qu'a dit le marchand : la meilleure arme contre le mal, c'est la justice, pas la vengeance !

FRANCOIS : Jeanne a raison. Il faut d'abord avertir les autorités.

PIERRE : Ce vieux moine est un félon !

ALIENOR : Allons prévenir le chevalier Arthur ! C'est l'occasion où jamais de se débarrasser de nos vieux ennemis !

NARRATEUR 10 : Les enfants coururent jusqu'à la tente du chevalier Arthur. Celui-ci informa tout de suite le roi.

NARRATEUR 11 : Des soldats s'emparèrent du moine et des trois chevaliers.

NARRATEUR 12 : Ils furent emprisonnés et mis sous haute surveillance, pendant que l'armée entière du roi s'apprêtait à combattre.

Le Château de Blandy-les-Tours, Seine-et-Marne, France.

Le Château de Blandy-les-Tours, Seine-et-Marne, France.

SCENE 9

 

NARRATEUR 13 : Les chevaliers étaient en train de s’équiper.

NARRATEUR 14 : Ils enfilèrent leurs hauberts,leurs heaumes qui brillaient de mille feux,de lances qui chauffaient d’envie de  tuer, d’épées à la soif de mort, d’écus brillants au soleil.

NARRATEUR 15 : Les deux armées se rencontrent face à face pour un combat épique.

NARRATEUR 16 : Lorsque l'armée arriva dans la forêt, le roi lui-même cria à l'attaque.

NARRATEUR 17 : Et le combat commença.

NARRATEUR 18 : Les soldats commencèrent à s’entrechoquer.

NARRATEUR 19 : Ils se munirent tous d’une épée et de leur bouclier.

NARRATEUR 1 : Le combat était sanglant : ils prirent plaisir à trancher la tête de leurs ennemis.

NARRATEUR 2 : Mais les chevaliers anglais commencèrent à exterminer l’armée française.Il y avait des cris si terrifiants que l'on aurait cru être aux portes de l’enfer.

NARRATEUR 3 : Le sang giclait de partout autour d’eux. Il y en avait des rivières, comme le Styx des enfers.

NARRATEUR 4 : D’une tempête de membres arrachés, une tornade de sang coagulée arriva vers les deux armées. Mais l’armée française commença  à reprendre le dessus et là le sol trembla et se fissura pour laisser ruisseler le sang de l’armée anglaise par terre.

NARRATEUR 5 : Les cris étaient assourdissants car même les rois des deux armées ne supportaient pas les cris de leurs soldats.Il pleuvait du sang qui gicla sur leurs visages.Les épées se cassèrent sous la puissance des hommes.  

 NARRATEUR 6 : Plusieurs heures plus tard, l’armée anglaise et l’armée française avaient épuisé leurs deux armées, mais il ne restait plus que deux chevaliers.

NARRATEUR 7 : Un de chaque camp. Et là, le combat reprit avec toute la violence de l'Enfer.

NARRATEUR 8 : D’un seul coup le vent s'éleva, emportant avec lui une vague de poussière.Les deux derniers soldats disparurent derrière la poussière.

NARRATEUR 9 : Et là, on entendit un cri de souffrance atroce .

NARRATEUR 10 : Quand les nuages de poussière disparurent, on vit un chevalier de dos.

NARRATEUR 11 : Il se retourna, et on vit le chevalier avec son armure.

NARRATEUR 12 : Il retira sa visière.

NARRATEUR 13 : C’était le chevalier français, l'ami des enfants, seigneur Arthur !

NARRATEUR 14 : Une fois de plus, la France avait gagné.

NARRATEUR 15 : L'histoire n'a pas retenu cette bataille. Louis IX ne voulait pas humilier son adversaire le roi Henri III. C'est pourquoi il décida de ne pas inscrire l'histoire de cette bataille dans les annales du royaume.

NARRATEUR 16 : Mais c'est grâce à cette bataille tenue secrète que le roi Henri III accepta de conclure une paix durable avec le roi de France, à Paris, le 4 décembre 1259.

Le donjon de Blandy-les-Tours, Seine-et-Marne, France.

Le donjon de Blandy-les-Tours, Seine-et-Marne, France.

SCENE FINALE : LE JUGEMENT

 

CHEVALIER 3 : Où sommes-nous ?

CHEVALIER 2 : D'après ce que j'ai compris, le roi veut procéder à un jugement.

CHEVALIER 1 : Un jugement ? De toute façon personne n'a eu vent de notre marché avec le moine.

CHEVALIER 2 : Vous vous souvenez du village que nous avons détruit il y a quelques années ?

CHEVALIER 3 : Bien sûr, c'était un grand moment.

CHEVALIER 2 : Eh bien d'après notre ami le moine, il paraît que des enfants ont survécu au massacre. Ce sont eux qui ont fait appel à la justice du roi.

CHEVALIER 1 : C'est impossible !

CHEVALIER 2 : Il ne peut rien nous arriver. C'est leur parole contre la nôtre.

CHEVALIER 3 : C'est vrai,  nous ne risquons rien : nous sommes des chevaliers.

CHEVALIER 1 : Pourquoi nous ne procéderions pas à l'ordalie pour voir si les enfants disent la vérité ?

CHEVALIER 2 : Oui ce serait amusant de les voir brûler vivants !

CHEVALIER 1 : Ou bien un duel judiciaire ?

CHEVALIER 3 : Bonne idée, un petit peu d'action, on verra qui sera le meilleur !

CHEVALIER 2 : On pourrait les défier.

CHEVALIER 1 : Mais non imbécile, c'est un duel judiciaire, pas un combat collectif !

CHEVALIER 3 : Eh les gars, vous vous en souvenez, quand on a brûlé ce pauvre village de paysans ?

CHEVALIER 2 : Ah oui, il faudrait recommencer ! Dès que nous sortirons d'ici, nous nous vengerons !

CHEVALIER 1 : C'est vrai que c'était marrant d'avoir tué ces incapables de villageois !

CHEVALIER 2 : Oui, j'ai adoré les entendre hurler et pleurer !

CHEVALIER 3 : Et cette magnifique odeur de maison brûlée !

CHEVALIER 2 : Et le sang qui giclait de partout !

La Tour César, Provins, Seine-et-Marne, France.

La Tour César, Provins, Seine-et-Marne, France.

Spectacle à Beauvais :

POLLORUM REGINA

UN GARDE : Le roi !

Le roi arrive et prend place derrière le juge.

LE ROI : Y a-t-il quelqu'un qui ait sa partie ?

LE JUGE : Sire, nous sommes présents pour le jugement de trois chevaliers accusés de félonie et de guerre privée.

LE ROI : Je suis donc ici pour décider en dernière instance de la sanction de ces trois chevaliers. Je tiens à être présent lors de leur jugement, car je suis tout de même le roi de France et le lieutenant de Dieu sur Terre. Qui sont les témoins ?

LE JUGE : Sire, j'ai invité ces six jeunes gens, ainsi que cette femme, pour témoigner.

LE ROI : Ecoutons-les.

PIERRE : Sire, ces trois chevaliers ont assassiné nos parents.

MARIE : Ils ont pillé et brûlé notre village.

JEANNE : Ils ont fait de nous des orphelins luttant contre la faim !

ALIENOR : Mais leurs forfaits ne s'arrêtent pas là : ils vous ont trahi, sire !

FRANCOIS : En effet, ils ont ourdi un complot contre vous, contre le royaume de France, à la solde des Anglais !

PAUL : Ce sont des traîtres et des félons !

CHEVALIER 1 : Sire, que signifie cette mascarade ?

CHEVALIER 2 : C'est vrai, nous n'avons rien à faire ici, attachés comme de vulgaires prisonniers.

CHEVALIER 3 : Sire, nous avons combattu à vos côtés. Nous avons risqué nos vies pour votre royauté, et pour Dieu.

CHEVALIER 1 : Rappelez-vous, sire, souvenez-vous de la croisade en Egypte.

CHEVALIER 2 : Nous avons été emprisonnés à Damiette, pendant quatre ans !

CHEVALIER 3 : Quatre longues années !

CHEVALIER 1 : Quatre années de souffrance !

CHEVALIER 2 : Quatre années de terreur !

CHEVALIER 3 : Quatre années pendant lesquelles nos meilleurs compagnons sont morts, assassinés par les Sarrasins !

CHEVALIER 1 : Nous avons tout perdu pendant cette croisade !

CHEVALIER 2 : Toute la noblesse du royaume de France s'est sacrifiée au cours de cette croisade, et il faudrait aujourd'hui courber l'échine face à des serfs ?

CHEVALIER 3 : Je me souviens encore des morts !

VILE CADAVERIS

CHEVALIER 2 : Sans oublier les maladies et la disette !

CHEVALIER 1 : Je revois encore nos blessés massacrés par les Sarrasins.

LE ROI : Ce n'est pas la croisade que nous jugeons aujourd'hui.

LE JUGE : Vous êtes accusés de meurtre et de félonie ! Votre crime est impardonnable !

JOINVILLE : Faites entrer les enquêteurs royaux !

CHEVALIER 1 : Mais sire !

LE ROI : Chevalier, je ne t'ai pas donné la parole.

ENQUETEUR ROYAL 1 : Sire ! Nous avons des preuves.

ENQUETEUR ROYAL 2 : Nous avons trouvé un morceau de fer à l'endroit d'un village normand détruit par de mystérieux chevaliers il y a quelques années.

ENQUETEUR ROYAL 1 : Or ce morceau de fer, qui était logé dans le crâne d'un malheureux paysan, semble correspondre à l'une des épées de ces chevaliers.

LE JUGE : Pouvez-vous nous montrer cette épée ?

CHEVALIER 2 : Hors de question de vous montrer nos épées !

ENQUETEUR ROYAL 2 : Sire, les faits les accablent !

ENQUETEUR ROYAL 1 : Ils ont trahi le roi et tué de pauvres paysans. Mais ce n'est pas tout. Nous avons également des témoins.

LE JUGE : Faîtes les venir.

ENQUETEUR ROYAL 1 : J'appelle à témoigner les marchands.

MARCHAND 1 : Bonjour sire nous sommes des marchands, nous venons d’un pays éloigné d’Orient. Nous allons vous dire ce que nous avons vu et entendu. 

ENQUETEUR ROYAL 2 : Qu'avez-vous vu et entendu ?

MARCHAND 2 : Nous avons déjà rencontré ces pauvres enfants.

ENQUETEUR ROYAL 1 : Quand les avez-vous vus pour la dernière fois ?

MARCHAND 3 : La dernière fois que nous avons vu les enfants, c’était dans une forêt.

MARCHAND 4 : On leur a demandé de nous chanter une chanson ou une histoire, en échange d’une partie de notre marchandise.

MARCHAND 5 : Oui, ils nous ont demandé de la nourriture, de l’or et des armes. 

MARCHAND 6 : Ils nous ont parlé de se venger des chevaliers, qui ont tué leurs parents !

MARCHAND 1 : Ils étaient très énervés !

MARCHAND 2 : Nous leur avons demandé de se calmer et leur avons proposé de la marchandise en échange d’une chanson.

MARCHAND 3 : Et ils se sont calmés et ont commencé à nous raconter leur histoire en chanson.

SIRE J’AI VIELLE

La Tour César, Provins, Seine-et-Marne, France.

La Tour César, Provins, Seine-et-Marne, France.

MARCHAND 4 : Et ils sont partis avec des armes, de l’or et la nourriture. Voilà comment nous les avons rencontrés.

LE JUGE : Est-ce qu’ils vous ont paru suspects, dangereux, voleurs ou menteurs ?

MARCHAND 5 : Non, non, non!!! Justement ils avaient  l’air sincères et gentils.

LE JUGE : Merci pour votre témoignage. Enquêteurs royaux, avez-vous d'autres témoins ?

ENQUETEUR ROYAL 2 : Nous souhaitons convoquer à la barre un moine accusé d'avoir ourdi un complot contre notre bon roi Louis IX.

LE JUGE : Faites entrer l'accusé !

ENQUETEUR ROYAL 1 : Vous êtes moine. Vous venez de Royaumont, l'abbaye royale fondée par Louis IX lui-même, et vous avez osé comploter contre lui !

LE MOINE : Je ne suis qu'un pauvre moine. Je commence ma journée à 7h et elle se termine à 19h je fais des prières 5 fois par jour ce qui occupe mes journées . Je n'ai pas le temps de comploter !

LE JUGE : Nous connaissons tous la vie des moines : prier, prier, prier ! Mais qu'est-ce que tu fais ?

LE MOINE : Je prie !

POLLORUM REGINA (ECHO)

LE JUGE : Il est trop tard pour demander le salut de ton âme vieux moine !

LE MOINE : Je vous admire mon roi et je vous en supplie soyez indulgent sur mon sort. Je vous donne un peu d'argent et on oublie ce que j'ai fait !

LE JUGE : L'argent ne peut racheter tes fautes ! Tu iras en enfer, félon !

LE MOINE : Non, je vous en prie, je demande pardon !

LE JUGE : Une seule chose peut t'éviter l'enfer !

LE MOINE : Laquelle ? Dites-la moi, je vous en conjure !

LE JUGE : Dis-nous la vérité.

LE MOINE : Oui, d'accord, je l'avoue. J'ai comploté contre vous, sire.  Le roi d'Angleterre m'avait promis des terres en échange de votre trahison !

LE JUGE : Pour quelle raison as-tu succombé à la tentation ?

LE MOINE : Avec ces terres, et des paysans sous mon autorité, j'aurais eu de la viande à manger tous les jours ! Je n'en peux plus du régime des moines cisterciens !

LE JUGE : Eh bien je te rassure : tu n'iras peut-être pas en enfer, mais d'ici peu, tu mangeras des vers de terre !

LE MOINE : Non !

CHEVALIER 1 : Sire, nous sommes vos vassaux, nous avons plus de droits que ces malheureux fils de serfs !

LE JUGE : Assez ! Je vous rappelle que dans la Grande Ordonnance, notre bon roi Louis IX a décrété que tout le monde doit bénéficier du même droit à la justice !

CHEVALIER 3 : Je demande à la cour un combat judiciaire, pour voir qui ment dans cette affaire !

CHEVALIER 2 : Ou le jugement au fer rouge !

CHEVALIER 1 : Ou même la torture, pour voir s'ils disent la vérité !

LE ROI : Assez ! J'ai moi-même aboli ces pratiques barbares.

LE JUGE : Toutes ces peines n'amènent que la mort, sans apporter la vérité ni la justice. Réglons ça à l'aide d'un procès équitable !

CHEVALIER 3 : Monseigneur, si vous le souhaitez, nous pouvons payer notre libération. Vous ne seriez pas contre quelques pièces d'or, n'est-ce pas ?

LE JUGE : Crapules ! Tu oses corrompre la justice !

JOINVILLE : Ils ont déjà essayé de me corrompre en me proposant des pots-de-vin !

LE JUGE : Chevaliers, vous n'êtes pas sans savoir que la Grande Ordonnance stipule explicitement que les baillis et sénéchaux ont ordre de refuser tout cadeau de la part des justiciables !

LE ROI : Il est vrai que tout les accuse. Cependant, il s'agit de mes meilleurs chevaliers. Ils ont sacrifié leur jeunesse et leur finance pour m'accompagner pendant ma croisade en Egypte. Que faire ?

ROBERT DE SORBON : moi Robert de Sorbon, né en 1201, fils de paysan, fondateur de la Sorbonne en 1254, choisi par le roi lui-même pour son ami et confident, élu proviseur de la Sorbonne par notre bon Louis IX en personne, je vous le conjure : vous devez rendre la justice à ces enfants.

CHEVALIER 2 : Et vous, vous êtes qui pour oser parler sur nous, crédule personnage ?

ROBERT DE SORBON : je suis là pour rappeler à notre bon roi Louis que la puissance des individus n’est rien par rapport à la morale de la justice, il faut élucider la vérité pour faire régner la justice.

LE ROI : Qu'en penses-tu, Joinville ?

JOINVILLE : Sire, j'ai moi aussi rejoint votre armée dès 1248, alors que j'étais sénéchal de Champagne. Moi aussi j'ai participé à la septième croisade. Ces chevaliers sont nos frères d'armes. Et cependant il est de mon devoir de vous rappeler que vous êtes un exemple à suivre. Gardez votre calme, réfléchissez bien, et vous saurez quelle décision adopter pour rendre la justice.

ROBERT DE SORBON : Et n'oubliez pas de rendre la justice avec tout le respect infini que nous devons envers notre religion.

JOINVILLE : Vous êtes un homme de foi, courageux comme toujours. Faites en sorte que l'histoire se souvienne de vous comme d'un homme bienveillant, humble, sage et courtois.

LE ROI : Je ne puis condamner à mort des chevaliers sur le simple témoignage d'enfants, ni sur un simple bout de fer ! S'il fallait condamner à mort tous les chevaliers qui ont une épée ébréchée, je n'aurais plus personne pour assurer la sécurité du royaume !

LE JUGE : Sire, nous n'avons toujours pas écouté le témoignage d'Hildegarde de Beauvais.

LE ROI : Faites la venir.

LE JUGE : Damoiselle, le roi et toute la cour souhaite entendre votre témoignage.

HILDEGARDE : Sire, ne succombez pas aux vilenies de ces félons ! Je connais l'unique vérité, comme ces enfants ! Je me nomme Hildegarde. Fille de vilains, j'ai été mariée à l'âge de 13 ans. J'ai perdu mon mari et je me suis retrouvée veuve par la faute d'un de ces chevaliers ! Pour éviter la misère, je me suis remariée à un riche drapier de Beauvais. Je suis devenue tisserande. Une fois, en livrant mes étoffes majestueuses, derrière la boutique d'une couturière, j'entendis ces quatre viles personnes, en train de comploter contre vous, mon roi ! Ces félons se cachaient dans les arrière-boutiques de Beauvais pour échaffauder leur plan. Je me suis approchée et j'ai entendu : « Vive le roi Henri III ! »

LE ROI : Que faire d'un tel témoignage ? Qu'en pensez-vous, ma reine ? Vous qui êtes cultivée et spirituelle, vous qui assistez aux conseils royaux, vous qui êtes mon épouse depuis 1234, quel conseil me donnez-vous ?

Abbaye de Royaumont, Val-d'Oise, France.

Abbaye de Royaumont, Val-d'Oise, France.

CHANSON D’AMOUR COURTOIS

LA REINE : Mon roi, quel intérêt aurait cette bourgeoise de Beauvais à se déplacer à la cour royale pour vous mentir ? Ecoutez votre peuple, et sachez faire preuve de fermeté et de modération. Vous ne devez vous comporter ni en chevalier, ni en moine, mais en roi !

LE ROI : Dans ce cas, je crois que la culpabilité de ces chevaliers ne fait plus l'ombre d'un doute.

LE JUGE : Seigneurs, vous êtes reconnus coupables de guerre privée, de corruption et de félonie ! La cour vous condamne à mort.

LE ROI : Puisse notre Seigneur vous pardonner pour tous vos crimes ! Quant à vous, mes chers enfants, sur les conseils de mon ami, je propose de vous accueillir tous les six dans l'université de la Sorbonne et de devenir des écoliers boursiers avec des cours gratuits.

J’ENTENDS UNE CHANSON QUI ME REVEILLE

 

 

Fondation Royaumont, Val d'Oise, France.

Fondation Royaumont, Val d'Oise, France.

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