Pourquoi un Club Philo ? Présentation du Club Philo à destination des parents

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ACCOMPAGNEMENT EDUCATIF AU COLLEGE

CLUB PHILO

Principes, objectifs et fonctionnement

 

 

I.                   Les principes

 

Le Club Philo a été créé selon trois principes essentiels, qui correspondent à trois grands besoins chez l’élève. Ces principes sont d’ordre existentiel, pédagogique et citoyen, et sont subsumés par l’idée que l’accompagnement éducatif visant l’émancipation des plus faibles ou des plus fragiles peut passer par la pratique d’une activité hautement culturelle.

 

A.    Répondre à un besoin existentiel

 

On pourrait considérer qu’il est trop tôt pour commencer à philosopher dès le collège. Les élèves français ont déjà la chance de découvrir la philosophie en terminale. Il serait peut-être prématuré de vouloir le proposer dès le collège. Mais l’adolescence est très souvent vécue par les élèves comme un passage critique, une évolution transitoire au cours de laquelle le corps, mais aussi le rapport à son propre corps, à soi, aux autres et au monde se métamorphose. Au cours de cette période délicate, les repères demandent à être redéfinis. Ils sont en tous les cas expérimentés, appliqués ou contestés, mais peu souvent interrogés et critiqués. Pourtant, la contestation ou l’expérimentation des limites que l’on observe généralement chez les élèves au cours de l’adolescence sont bien souvent des preuves ou des symptômes d’une véritable interrogation sur les grands problèmes existentiels. En ce sens, l’adolescence peut être considérée comme un moment éminemment philosophique. Toute la difficulté pour l’élève consiste justement à trouver des cheminements de pensée fertiles, et aussi à mettre les mots adéquats pour les exprimer ou les inventer.

Dans ces conditions, le Club Philo offre un espace privilégié de dialogue au cours duquel les élèves cherchent à comprendre ou à s’interroger sur les grands problèmes de l’existence : le mal, la mort, l’amour, l’amitié, le bonheur, ou, pour reprendre des questions kantiennes : que puis-je connaître ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? En s’interrogeant sur ces grandes questions philosophiques, les élèves apprennent à partager des points de vue, à argumenter, bref à penser et à prendre de la distance par rapport à ce qui les touche et à ce qui les affecte profondément. Il s’agit d’apprendre  à mieux se connaître et à mieux vivre l’adolescence en médiatisant les affects à l’aide de la raison et du langage verbal.

 

 

B.     Répondre à un besoin pédagogique

 

C’est là que le Club Philo trouve toute sa légitimité pédagogique. Car pour médiatiser ses affects à l’aide de la raison et du langage verbal, il faut trouver et chercher le vocabulaire adéquat, précis, permettant d’exprimer ou de (ré)inventer réellement sa pensée. Cette tâche incombe généralement aux professeurs de lettres modernes, de lettres classiques et de langues vivantes. Le Club Philo peut ainsi renforcer l’apprentissage du vocabulaire, indissociable d’une pratique du philosopher. Par exemple on découvre la différence entre vivre et exister, la contrainte et l’obligation, le travail et l’œuvre, la guerre et la violence, la réforme et la révolution. On apprend que la langue est fondamentalement polysémique puisque l’on fait varier les contenus de significations : par exemple, les élèves découvrent le travail défini comme exploitation et le travail conçu comme émancipation au cours d’une réflexion sur le travail.

D’autre part, philosopher consiste très souvent à jeter des ponts entre les disciplines. Le Club Philo est un espace où s’entrechoquent différentes disciplines, différents contenus de savoirs pluridisciplinaires. Il réunit toutes les compétences du socle commun.  Par exemple, une réflexion sur l’identité personnelle puisera des idées, des arguments ou des éléments de savoir en sciences de la vie et de la terre, en littérature et en histoire-géographie. Le Club Philo permet ainsi aux élèves de relier plus facilement les différentes disciplines, de décloisonner les savoirs, et de trouver une unité de sens aux différents contenus de savoirs qu’ils assimilent et construisent en cours. Le Club Philo est donc un élément décisif et un outil majeur pour une approche à la fois transversale, interdisciplinaire et transdisciplinaire du savoir et de l’éducation.

 

 

C.    Former les citoyens de demain

 

Si le Club Philo favorise une éducation complète et complexe, et si l’éducation, depuis Platon, et comme l’avait vu Rousseau, est le sujet le plus politique, alors les liens entre le Club Philo et l’éducation à la citoyenneté deviennent plus clairs. Car le Club Philo, s’il n’a pas pour ambition, comme je vais l’expliquer plus loin, d’être un cours de philosophie, s’insère toutefois dans la volonté de favoriser l’esprit critique sans lequel une authentique citoyenneté active demeure impensable et impraticable.

 

 

 

II.                Les objectifs

 

Les objectifs du Club Philo coïncident avec les sept piliers du socle commun de connaissances et de compétences. L’objectif principal n’est pas néanmoins de transmettre des contenus de savoirs particuliers, même si le professeur n’hésite pas, au cours des échanges avec les élèves,  à évoquer quelques concepts clés qui ont été élaborés par de grands philosophes. L’objectif principal demeure de créer un espace de dialogue, un lieu ouvert dans lequel les élèves se sentent reconnus et valorisés, quel que soit leur profil ou leur niveau.

 

III.             Fonctionnement

 

Chaque séance commence par le choix d’un questionnement philosophique. Ce sont soit le professeur, soit les élèves eux-mêmes qui choisissent ce dont ils veulent parler. Une fois la question sélectionnée, les élèves sont invités à réfléchir silencieusement, pendant quelques minutes. Puis j’invite les élèves à commencer. A partir de là débute un échange entre les élèves puis entre les élèves et moi-même. Il s’agit pour moi de faire circuler la parole au maximum, en demandant à chaque participant de partager sa pensée sur ce qui est dit. Je ne suis plus  seulement un passeur de culture ou un constructeur de ponts. Je suis avant tout un passeur de vie qui invite chacun à s’interroger sur ce qu’il sait ou croit savoir.

Pour faciliter l’interrogation philosophique et l’approche de grands concepts, il est souvent nécessaire de les incarner à l’aide de supports variés : planches de BD, extraits de films, reproductions picturales ou articles de journaux. Par exemple, pour commencer la séance sur l’amour, un extrait de Persépolis de Marjanne Satrapi a été visionné, ce qui a permis aux élèves de retrouver, sans qu’ils le sachent au premier abord, la cristallisation chez Stendhal ainsi que la distinction cartésienne entre amour de bienveillance et amour de complaisance. Un passage du film Seul au monde, avec Tom Hanks, ou bien L’Enfant sauvage de François Truffaut,  permet de lancer un débat sur autrui, au cours duquel les élèves découvrent ce que Deleuze appelle la « structure autre » dans Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier.

 

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