Par quoi pourrais-je commencer par Lucas et Ireno

Publié le par Professeur L

Par quoi pourrais-je commencer ? Comment te décrire cette affreuse guerre ?

La mort, il n'y a que ça ici. Cela me rend fou.

En traversant la tranchée, je vois tous ces visages qui expriment la lassitude et le dégoût, la peur et la haine de la guerre. Certains sont incorporés dans la boue à cause du temps resté dans les tranchées.

La mort est partout. Personne ne peut l'éviter ici, et ceux qui l'ont évitée ne sont que des chanceux. Je ne sais plus à quoi m'attacher. Je perds espoir. Tu me manques.

La mort, le bruit des canons français qui tirent trop court, le vent annonciateur de gaz, les nettoyeurs de tranchées, les exécutions pour l'exemple, tout me fait peur. Je n'arrive plus à dormir.

J'ai tellement besoin de toi, pour me réconforter, me soulager de toute mon amertume. Je n'ai plus le courage de continuer.

Aujourd'hui, nous avons attaqué. Tous étaient confiants en entendant la voix du chef nous crier : "En avant ! Vive la France !" Mais rares étaient ceux qui évitaient les balles allemandes. Richard et moi en faisions partie. Nous avancions avec la crainte de mourir. Mais le souvenir de ton sourire radieux me donnait la force d'avancer. Et nous avancions encore et encore au milieu des balles et des explosions. Mais Richard se trouva coincé dans les barbelés. J'essayais de le sortir de là, mais rien à faire, il était vraiment coincé et j'entendis un obus de trop arriver. Donc je m'écartais le plus vite possible, et Richard fut visé. Tous ses organes se retrouvaient sur moi. J'avais des bouts de cerveau, d'intestins ou de foie dans ma bouche. Je ne sais plus trop. Je criais, je bougeais, j'enlevais mes vêtements, je ne voulais plus de tout ça ! J'étais traumatisé. La mort me traumatisait ! Le soir même, je pris la décision de quitter la guerre car je n'en pouvais plus. La seule solution était de me mutiler mais je ne pouvais le faire moi-même. J'allumai une cigarette et la montrai aux ennemis pour qu'ils me tirent dans la main.

Dans la douleur, je sens encore le battement de ton coeur et chaque pulsation dans ma paume me rapproche de toi. C'est comme si ton coeur était dans ma main. Je me rappellerai toujours de cette nuit où je m'étais endormi la main sur ton sein. Cela m'avait plongé dans un désir de jouissances infinies.

Je prie chaque jour pour que je puisse revoir ton beau visage. Je ne cesse de penser à toi.

 

Manech

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