La littérature et les camps

Publié le par Professeur L

La littérature et les camps

Séance 1 : mercredi 04 janvier 2012

Support : L'Écriture ou la vie de Jorge Semprun

Objectifs : découvrir la littérature testimoniale (les témoignages) et comprendre que la vie dans les camps de concentration est une expérience de déshumanisation


 

Ce texte a été écrit par Jorge Semprun ,après la seconde guerre mondiale. Il raconte sa rencontre avec les soldats américains dans le camp de concentration. Ils voient dans son regard l'horreur qu'il a vécue dans le camp : «  je me vois soudain dans ce regard d'effroi » ; « ils me regardent, l'œil affolé, rempli d'horreur. » Du coup, l'auteur s'interroge sur l'origine de cette terreur. Cette peur est omniprésente dans le texte, comme le prouve le champ lexical de l'épouvante : « épouvante », « affolé », « horreur », « effrayant », « effroi ».


 

Les Américains sont terrorisés par l'horreur que transmet le regard de Jorge Semprun. Son regard représente la mort de ses amis. Plus précisément, son regard traduit la mort qu'il a vécue et traversée par solidarité avec ses amis et camarades. D'où l'oxymore : « cadavres vivants ».


 

Les personnages dans ce texte font ainsi l'expérience du visage dont parle le philosophe Levinas : les soldats prennent conscience de la fragilité de Jorge Semprun à travers son regard, et ils se sentent responsables, tout en étant terrorisés. Il fait penser à des héros de la mythologie grecque qui sont revenus des enfers : Ulysse, Enée, Hercule, Orphée.


 

Au début du texte, c'est écrit au présent de l'indicatif : « sont » , « vois » , « peuvent ». Il passe ensuite à l'imparfait de l'indicatif : « vivais » , « voyais » , « je m'intéressais ». L'auteur fait un flash-back: il se décrit lui -même: « mes cheveux », « ma maigreur », « les pommettes saillantes », «  une arcade sourcilière ». Cet autoportrait n'est pas complet. Il est fragmenté car les nazis ne donnaient pas de miroir, afin d'empêcher les prisonniers d'accéder à la conscience d'eux-mêmes.


 


 

Séance 2 : mercredi 11janvier 2012

Support : Si c'est un homme de Primo Levi

Objectifs : comprendre que l'on peut résister grâce à la dignité ; reconnaître l'anaphore, l'oxymore, la question rhétorique, le conditionnel, et le présent de vérité générale. Le discours indirect. Le complément circonstanciel de but.


 

La scène se passe dans un camp d'extermination en Pologne, à Auschwitz. C'est un témoignage de Primo Levi. Dans ce texte, il utilise des questions rhétoriques : « Et pourquoi devrais-je me laver ? » Ces questions rhétoriques sont écrites au conditionnel présent. Primo Levi parle à Steinlauf. C'est un ex-sergent de l'armée austro-hongroise pendant la Première Guerre mondiale. Steinlauf est lui aussi déporté.


 

Levi utilise la tonalité polémique dans ses questions rhétoriques. Il s' énerve parce qu'il trouve que se laver dans ces conditions ne sert à rien. Il sait qu'il va être gazé. Se laver nécessite de bouger et donc de perdre de l'énergie inutilement.


 

Mais Steinlauf lui enseigne justement qu'il faut se laver pour ne pas perdre sa dignité. Se laver prouve que l'on est humain, que l'on n'est pas un esclave. Ne pas se laver équivaut à perdre sa dignité. La dignité est un sentiment de fierté, c'est ce qui prouve que l'on est humain. La dignité est ce qui fait que chacun de nous possède une valeur absolue et infinie. Ici, résister consiste à se laver, pour conserver sa dignité, et résister à la déshumanisation.

Le temps utilisé pour expliquer cela est le présent de vérité générale. Steinlauf insiste beaucoup là-dessus et persuade Levi de se laver, grâce à l'anaphore : « un devoir ».


 


 

Séance 3 : mercredi 18 janvier 2012

Support : Oubliés de Jean-Rock Gaudreault, Greenfield Park, Québec, juillet 2011.

Objectifs : reconnaître un dialogue théâtral, comprendre le devoir de mémoire


 

L'héroïne est une élève de terminale canadienne dans un lycée parisien. Elle a inventé le prétexte d'aller fumer une cigarette pour que le bus l'oublie car elle ne veut pas aller visiter le camp d'Auschwitz.

Perdue au milieu de la forêt en Pologne, comme le Petit Chaperon rouge, elle fait la rencontre d'objets : un panneau des distances qui indique la terre, et une pièce de métal rouillée qui est en réalité le reste d'une arme ou d'une bombe américaine.

La bombe est amnésique. Ces objets animés font penser au Magicien d'Oz. Le loup représente le passé de l'Europe. Il ne veut pas être oublié.

La lycéenne va devoir affronter ce loup, qui rappelle le passé du continent, mais également l'héritage de l'espèce humaine. La jeune femme veut oublier car elle a honte de ce qui s'est passé : « le passé est obscène. » Elle ne veut pas se sentir coupable : « les innocents sont ceux qui ignorent. » Elle pense que pour construire l'avenir, il faut oublier le passé. Le panneau des distances explique alors à la bombe ce qu'est Auschwitz : il compare le camp à un gouffre, à un monstre qui dévore l'Occident :

« dans la bouche d'un monstre dont la gueule tente d'avaler...l'Occident. »

L'existence même du camp remet en cause la croyance de l'Occident dans le progrès. Ce que doit assumer la jeune femme, c'est l'erreur tragique et meurtrière de l'espèce humaine à travers les camps de concentration, comme le montre le parallélisme à la fin qui renforce cette idée essentielle :

« Jamais homme ne sera plus au-dessus de tout soupçon. Jamais femme ne donnera la vie sans transmettre cet héritage. »

A la fin, la lycéenne finit par accepter de vivre avec cet héritage : « les vrais bourreaux sont ceux qui veulent oublier. »


 


 


 

Séance 4 : vendredi 03 février 2012

Support : Le Mort qu'il faut de Jorge Semprun

Objectif : comprendre que la culture sert à résister contre la barbarie


 

Dans ce texte Jorge Semprun, le narrateur, fait la rencontre d'un jeune Musulman. Un Musulman est une personne très maigre, squelettique, qui va bientôt mourir. On l'appelle Musulman car pour les déportés, les musulmans étaient très maigres.

Le texte se passe « à peu près à mi-chemin entre le block 40 […] et le block 56 », dans les latrines du camp de concentration de Buchenwald, en Allemagne, à côté de la ville de Weimar. La scène se passe plus précisément « un dimanche de cet hiver 1944. »

Ils sont dans les latrines car les matières fécales dégagent de la chaleur faisant office de chauffage : « un havre de chaleur. » Dans cet endroit, les déportés essaient de se réchauffer ou bien souffrent le martyre en essayant de faire leurs besoins, à cause de la diarrhée quotidienne : « le spectacle de la déchéance qui s'y jouait », « recroquevillés dans la douleur lancinante de la défécation. »

Le Musulman était, avant la rencontre de Semprun, dans un état de « léthargie cachexique », aux portes de la mort. On aurait dit qu'il était muet, puisqu'il avait perdu l'usage de la voix et ne parlait plus : « sa voix avait perdu le croassement métallique, la résonance ventriloque ». Le jeune homme avait perdu tout espoir de vivre et il ne mangeait plus, ne buvait plus, ne parlait plus.

C'est grâce à la culture de Jorge Semprun qu'il a retrouvé un espoir. Il s'est rappelé qu'il était humain : « il avait retrouvé à la fois sa voix et sa mémoire, son être soi-même ».

En conclusion, ce texte nous apprend que la culture est un moyen de résistance, et que c'est la culture qui fait de nous des humains.


 

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