La Fortune des Rougon d'Emile Zola incipit commenté avec la Seconde 16

Publié le par Professeur L

Vincent Van Gogh (1853-1890), Les roulottes, campement de bohémiens aux environs d'Arles, 1888, huile sur toile, 45 x 51, Musée d'Orsay, Paris, France.

Vincent Van Gogh (1853-1890), Les roulottes, campement de bohémiens aux environs d'Arles, 1888, huile sur toile, 45 x 51, Musée d'Orsay, Paris, France.

Séance 2 : lundi 19 novembre 2018

Support : incipit de La Fortune des Rougon d’Émile Zola

Objectifs :

  • découvrir l'incipit et son fonctionnement

  • s'initier au commentaire de texte

 

  1. Une description naturaliste

 

La description de Plassans est réaliste et précise. L'auteur décrit plus précisément au début l'ancien cimetière : « l'aire Saint Mittre ». Il donne des noms d'endroits et de lieux : « par la route de Rome », « à droite de la route de Nice ». Il nous fait imaginer l'endroit grâce à un vocabulaire géographique et géométrique : « un carré long », « d'une certaine étendue », « qui s'allonge... » Il décrit les ruelles. La description de la localisation occupe les deux premiers paragraphes.

La description est en mouvement. Le narrateur est le guide qui nous fait la visite de la ville et de ses environs : « lorsqu'on sort de Plassans... » C'est donc une description en mouvement, dynamique.

Enfin, les indications de temps renforcent l'impression de réel. Le narrateur ancre la description dans le temps long en évoquant la mémoire des anciens : « les vieux de Plassans, en 1851, se souvenaient encore ». On a vraiment l'impression d'être avec le narrateur dans une ville réelle qui existe depuis longtemps.

Banc de pierre dans un ancien cimetière.

Banc de pierre dans un ancien cimetière.

 

  1. La mort au cœur de l'ancien cimetière

 

La mort est un élément essentiel ici. Plassans fait référence à la mort car il y a le mot « sang » que l'on entend dans le nom de cette ville. De plus, Saint Mittre fait référence à un meurtre : celui d'un esclave par son maître. De nombreuses expressions dans le texte évoquent la mort : « la terre, que l'on gorgeait de cadavres depuis plus d'un siècle, suait la mort ». Cela donne l'impression que l'on bourre la terre avec des cadavres. On a gavé la terre. Zola développe une personnification de la terre : tout se passe comme si la terre avait faim et avait une mâchoire dévorant les hommes. L’auteur a instauré ici un climat fantastique.

Vieil arbre mort, Southampton, USA.

Vieil arbre mort, Southampton, USA.

  1. La renaissance macabre

Les arbres et les fleurs poussent grâce à la décomposition des cadavres. La terre est fertile et féconde : « sol gras », « fertilité formidable ». L’allitération en « f » fait penser au vent et à la pluie qui fait pousser la végétation. Celle-ci fait penser à la mer qui est infinie grâce à une métaphore et à une énumération : « une mer d’un vert sombre, profonde, piquée de fleurs d’un éclat singulier ». Le champ lexical du mystère renforce l’idée d’étrangeté de cette nature sauvage.

On a l’impression que la nature a une âme comme le prouvent les mots suivants : « débordaient », « bouillait », « suintait ». On peut la comparer à la famille des Rougon-Macquart car elle est poussée par les envies : « vie ardente », « dévoré », « avidement » sont les mots qui prouvent que la nature est poussée par un désir sans limite. C’est un désir carnivore et sexuel comme le suggère l’adjectif qualificatif « pénétrantes ». D’autre part, les poiriers suscitent le dégoût car l’auteur compare ses branches aux bras d’un cadavre : c’est une personnification qui donne l’impression qu’il souffre. Le décasyllabe finale (« Ce fut l’affaire de quelques étés ») insiste sur la rapidité avec laquelle cette nature a repris ses droits.

 

Groupe 2 :

Zola décrit la nature qui renaît. Mais le terreau de cette nature nouvelle est composé des cadavres enterrés : « sol gras », « fertilité formidable ». Dans cette expression, l’allitération sert à insister sur la richesse du sol. De plus, cette allitération suggère la monotonie et la mélancolie. A travers l’allitération en « f », on entend le vent et la pluie qui favorisent la fertilité du sol.

Émile Zola décrit le paysage comme un espace chaotique : « une mer d’un vert sombre, profonde, piquée de fleurs larges, d’un éclat singulier. » La métaphore insiste sur la nature infinie. On a une énumération et une gradation de termes appartenant au champ lexical du mystère. Le jardin possède une âme et une énergie comme nous le montrent les mots suivants : « qui débordaient les murs », « qui bouillait et suintait la sève ». De plus l’auteur fait une personnification. La nature est personnifiée. Ainsi le poirier est décrit comme un mort tordu dans tous les sens : « aux bras tordus, aux nœuds monstrueux ». D’où un aspect effrayant. L’auteur termine par un décasyllabe : « Ce fut l’affaire de quelques étés » pour montrer la rapidité avec laquelle la nature a repris ses droits. L’atmosphère créée par l’auteur relève du registre fantastique.

Zola réinvestit le motif biblique du vol du fruit défendu que l’on retrouve aussi bien dans la Genèse (Bible) que dans Les Confessions de saint Augustin.

L’atmosphère créée par l’auteur relève du registre fantastique.

Michel-Ange, Le Fruit défendu, détail de la Chapelle Sixtine, Vatican.

Michel-Ange, Le Fruit défendu, détail de la Chapelle Sixtine, Vatican.

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