La guerre selon Montaigne
4ème 1 – Année scolaire 2007-2008
Séquence 4 : expliquer et argumenter : pourquoi les hommes font-ils la guerre ?
Séance 6 :
Support : Montaigne, Essais, II, 12.
Quant à la guerre, qui est la plus grande et la plus magnifique des actions humaines, j’aimerais bien savoir si l’on peut en tirer argument pour notre supériorité, ou bien au contraire une preuve
de notre faiblesse et imperfection. Car elle est vraiment la science de nous déchirer et entre-tuer, de provoquer la ruine et la perte de notre propre espèce, et il me semble qu’elle n’offre pas
grand-chose qui puisse être désiré par les animaux qui ne la connaissent pas.
Quand donc un lion plus vaillant
A-t-il ôté la vie à un autre?
Dans quelle forêt un sanglier est-il mort sous la dent
D’un plus fort que lui?
[Juvénal, XV, v. 160]
Mais les bêtes n’en sont pas toutes exemptes, pourtant. En témoignent les furieux combats des «reines» d’abeilles, comparables aux campagnes guerrières de deux princes ennemis:
Souvent entre deux «reines »
Quand donc un lion plus vaillant
A-t-il ôté la vie à un autre?
Dans quelle forêt un sanglier est-il mort sous la dent
D’un plus fort que lui?
[Juvénal, XV, v. 160]
Mais les bêtes n’en sont pas toutes exemptes, pourtant. En témoignent les furieux combats des «reines» d’abeilles, comparables aux campagnes guerrières de deux princes ennemis:
Souvent entre deux «reines »
éclate une discorde
Provoquant une émeute; on peut alors imaginer
L’acharnement et la fureur guerrière
qui s’emparent du peuple.
[Virgile, Géorgiques, IV, v. 67]
Je ne lis jamais cette admirable description sans y voir représentées la sottise et la vanité humaines. Car ces mouvements guerriers qui nous saisissent d’épouvante et d’horreur, cette tempête de sons et de cris, […] il est plaisant de voir que cet effrayant déploiement de tant de milliers d’hommes armés, de tant de fureur, d’ardeur et de courage, est si souvent causé de vaines raisons, et qu’il s’arrête si souvent pour des raisons anodines.
Les amours de Pâris, dit-on, plongèrent la Grèce
Dans une guerre funeste contre les Barbares.
[Horace, Épîtres, I, 2]
Ainsi toute l’Asie courut à sa perte et s’épuisa en guerres à cause de l’adultère de Pâris[1] ! Le désir d’un seul homme, un dépit, un plaisir, une jalousie intime, toutes choses qui ne devraient même pas conduire deux harengères[2] à s’égratigner, voilà bien le motif d’une telle tempête !
Provoquant une émeute; on peut alors imaginer
L’acharnement et la fureur guerrière
qui s’emparent du peuple.
[Virgile, Géorgiques, IV, v. 67]
Je ne lis jamais cette admirable description sans y voir représentées la sottise et la vanité humaines. Car ces mouvements guerriers qui nous saisissent d’épouvante et d’horreur, cette tempête de sons et de cris, […] il est plaisant de voir que cet effrayant déploiement de tant de milliers d’hommes armés, de tant de fureur, d’ardeur et de courage, est si souvent causé de vaines raisons, et qu’il s’arrête si souvent pour des raisons anodines.
Les amours de Pâris, dit-on, plongèrent la Grèce
Dans une guerre funeste contre les Barbares.
[Horace, Épîtres, I, 2]
Ainsi toute l’Asie courut à sa perte et s’épuisa en guerres à cause de l’adultère de Pâris[1] ! Le désir d’un seul homme, un dépit, un plaisir, une jalousie intime, toutes choses qui ne devraient même pas conduire deux harengères[2] à s’égratigner, voilà bien le motif d’une telle tempête !
Restitution synthétique et collective :
Montaigne, dans son texte, défend une cause : il veut faire comprendre qu'il veut que tout le monde cesse de s'entretuer. La guerre selon Montaigne risque de provoquer "la ruine et la perte
de notre espèce". Autrement dit, l'espèce humaine risque de s'autodétruire en faisant la guerre. Cette idée est prophétique.
Ce texte se caractérise par la présence de trois citations de poètes célèvres de l'époque antique et romaine. Ces citations servent à montrer que de grands penseurs sont d'accord avec lui. Cela permet d'enrichir et de renforcer ses arguments.
Montaigne veut s'engager dans ce qu'il dit, comme le prouvent les expressions suivantes : "j'aimerais bien savoir si", "je ne lis jamais", "il me semble".
Montaigne, à travers la première personne du singulier, "je", défend ses idées. Montaigne fait l'hypothèse selon laquelle la guerre nous rend inférieurs aux animaux. Montaigne nous compare à des abeilles pour nous faire honte. L'auteur utilise les mots "sottise" et "vanité" pour nous faire culpabiliser.
Montaigne se sert de l'ironie : " il est plaisant de voir que" pour mieux rabaisser les hommes et montrer que notre cruauté nous rend même inférieurs aux animaux.
Les causes de la guerre sont insensées : "anodines" et "vaines". Le rapport entre les causes et les effets de la guerre est disproportionné. C'est ce que montre le décalage entre l'évocation des causes et le champ lexical de la guerre qui est très abondant. Montaigne termine, pour illustrer son propos, sur l'évocation de la guerre de Troie qui fut causée par le rapt d'Hélène.
Ce texte se caractérise par la présence de trois citations de poètes célèvres de l'époque antique et romaine. Ces citations servent à montrer que de grands penseurs sont d'accord avec lui. Cela permet d'enrichir et de renforcer ses arguments.
Montaigne veut s'engager dans ce qu'il dit, comme le prouvent les expressions suivantes : "j'aimerais bien savoir si", "je ne lis jamais", "il me semble".
Montaigne, à travers la première personne du singulier, "je", défend ses idées. Montaigne fait l'hypothèse selon laquelle la guerre nous rend inférieurs aux animaux. Montaigne nous compare à des abeilles pour nous faire honte. L'auteur utilise les mots "sottise" et "vanité" pour nous faire culpabiliser.
Montaigne se sert de l'ironie : " il est plaisant de voir que" pour mieux rabaisser les hommes et montrer que notre cruauté nous rend même inférieurs aux animaux.
Les causes de la guerre sont insensées : "anodines" et "vaines". Le rapport entre les causes et les effets de la guerre est disproportionné. C'est ce que montre le décalage entre l'évocation des causes et le champ lexical de la guerre qui est très abondant. Montaigne termine, pour illustrer son propos, sur l'évocation de la guerre de Troie qui fut causée par le rapt d'Hélène.