Arrestation à Fourmies par Robin
Hier, une jeune femme de vingt-sept ans a été arrêtée à Fourmies. Elle est suspectée d'avoir fait disparaître son enfant.
Barbara D., ouvrière fileuse à l'usine textile de Fourmies, attendait son sixième enfant.
La date présumée de son accouchement était largement dépassée et la jeune femme ne présentait plus aucun signe de grossesse, alors qu'elle n'avait pas signalé avoir accouché.
Certaines de ses collègues s'en étonnèrent mais la jeune femme se contenta de répandre évasivement comme si elle avait eu quelque chose à se reprocher. Certaines de ses collègues trouvèrent ce comportement suspect et ont alerté les autorités.
La justice s'est immédiatement saisie de cette affaire. La jeune femme était déjà connue des services de police pour avoir volé de la nourriture.
Barbara D. et son mari, ouvrier dans une carrière, vivent avec leurs cinq enfants dans un petit appartement à la sortie du village, qui se transforme de plus en plus en ville. D'après le concierge, le jeune couple avait plusieurs mois de retard pour le loyer et était menacé d'expulsion. Barbara, malgré sa santé fragile et ses cinq enfants, avait été contrainte de travailler dans une usine textile de la ville afin de faire face aux difficultés. Elle se levait à quatre heures du matin et parcourait chaque jour plus de sept kilomètres pour se rendre à l'usine. De plus, elle devait faire garder ses plus jeunes enfants par une nourrice.
Barbara D., malgré ses vêtements simples est une belle jeune femme avec beaucoup de grâce et d'élégance. De culture simple, mais intelliente, elle aime discuter et rire. Le poids des conventions sociales de notre époque ne semble pas avoir de prise sur elle. C'est une femme assez libre, qui n'hésite pas, au moment de la pause à l'usine, à afficher ses idées d'émancipation, que certaines de ses collègues ont rapportées à la police comme "propos déplacés pour une mère de cinq enfants."
Le travail à l'usine textile est très dur. Des journées de plus de onze heures épuisantes, et des risques d'accidents avec les machines infernales et bruyantes. Tout cela pour un salaire de misère !
Mais Barbara est uen femme courageuse, tenace, et lorsqu'elle tombe enceinte de son sixième enfant, elle continue de se rendre à l'usine chaque jour. Le travail est pénible et malgré son état, aucune dérogation ne lui est accordée. A cinq mois de grossesse, Barbara est épuisée ! En plus, considérant qu'elle n'effectue pas son travail aussi rapidement que ses collègues, on la menace de renvoi !
Quelle société de justice ! Et c'est cette société qui s'octroie le pouvoir de juger, d'affirmer sans aucune preuve que Barbara aurait fait disparaître son enfant !
La vérité, j'en suis convaincue, est toute autre. Barbara, exténuée par ses conditions de vie et de travail épouvantables, a perdu son bébé.
A qui la faute ? Pas à Barbara en tout cas. Car Barbara n'a jamais eu le choix ! Certains veulent réduire l'homme à une machine, à une machine à produire. A produire de la marchandise, à produire des enfants !
Barbara, trop élégante et intelligente, presque dérangeante, mais aussi un peu trop courageuse et soumise, ne sachant pas dire : "Non !"
Barbara est alors l'accusée toute désignée. Mais où donc est passé cet enfant ? Avec ses idées tordues de liberté, de dignité, ne l'aurait-elle pas fait disparaître ? Elle que l'on ne voit pas à la messe chaque dimanche ? La suspicion plane sur Barbara. L'hypocrisie et les a prioris aveuglent souvent notre justice. Je dénonce cette justice !
L' homme, sa dignité et sa liberté doivent être au coeur de notre vie et surtout de la justice. Barbara n'a jamais eu le choix, et je considère que ce n'est pas digne. Après la colère et la révolte, il reste la profonde tristesse de cette histoire. La rumeur, puis les accusations, ont plongé Barbara et son époux dans un immense chagrin.
Le médecin qui a accompagné Barbara peut attester qu'elle a fait une fausse couche et a perdu son bébé il y a quelques semaines. Voilà toute la vérité ! L'unique vérité !