Comment te le décrire ? Par Valentin

Publié le par Professeur L

A Verdun, le 25 mai 1916.

 

Chère Mathilde,

 

Comment te le décrire ? Quels mots prendre ? La vie est belle pour certains, mais courte pour d'autres. Tout va pour le plus mal. C'est de pire en pire. De la boue, du sang, des cadavres. C'est l'horreur. Tous mes camarades sont morts. Il ne reste plus que moi. Je me sens seul.

Mais j'ai décidé de venir te retrouver, et malheureusement, je me suis mutilé tout seul, ne sachant plus quoi faire. Je te le dis, je vais être fusillé. C'est une honte pour moi d'en arriver là. C'est un crime de guerre, un désastre. Mes camarades, à qui je ne parlais pas jusque là, ont essayé de me défendre, mais le sergent en a décidé autrement.

Mathilde, je ne te reverrai plus jamais. C'est pour moi un rêve qui se brise pour toujours. C'est bientôt la fin.

L'autre jour dans les tranchées, un obus a atterri sur mon camarade et ses tripes me sont tombées dessus. Le désastre. Je n'aurais jamais dû partir à la guerre. Elle devait durer deux semaines, mais elle durera des années. Je ne serai pas là pour voir la fin de toutes ces horreurs. Je ne sais quoi te dire, tant de choses, l'horreur, le malheur. A côté de moi gisent des cadavres en pourriture, mangés par les rats. Au milieu, un trou, un tas, et de chaque côté, deux camps. Les soldats avancent vers le tas et y tombent au fur et à mesure le tas se remplit. C'est ça la guerre, seulement ça et ça ne sert à rien, rien du tout ! Tous ces hommes qui perdent la vie et auraient pu connaître une vie heureuse meurent dans l'horreur et le désespoir.

Je t'embrasse très fort. Prends bien soin de toi. Adieu.

Manech.

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