Scène pour la commémoration des 3eB
Texte pour la commémoration de l'Armistice du 11 novembre 1918 (cérémonie au collège Jules Vallès le vendredi 13 novembre 2015) : texte écrit et mis en scène par les 3eB
Poilu 1 : Mon amour, comment te décrire ?
Poilu 2 : Par quoi commencer ?
Poilu 3 : Ici tout se passe mal. Je pense à vous sans arrêt.
Poilu 4 : Quand je suis arrivé, les champs étaient magnifiques.
Poilu 5 : Mais aujourd'hui tout a changé, les champs sont pareils au pays de la mort.
Poilu 6 : Le paysage se résume à un champ de ruines,
Poilu 7 : champ de cadavres,
Poilu 8 : champ de carnage.
Poilu 9 : Les arbres et la végétation sont calcinés,
Poilu 10 : ruinés,
Poilu 11 : dévastés par les balles et les obus.
Poilu 12 : Avec en fond le ciel noir.
Poilu 13 : L'obscurité menaçante me donne des frissons, le froid et la peur transpercent mon corps. Poilu 14 : Même au milieu de la journée, aucun rayon de soleil ne filtre les nuages.
Poilu 15 : A l'heure où j'écris ces lignes, il fait nuit noire. Les tirs se sont arrêtés. Les obus se sont tus.
Poilu 16 : Les soldats alliés ou ennemis ramènent dans leurs tranchées les cadavres des soldats morts au combat.
Poilu 17 : Ce n'est plus une guerre mais une route vers la mort. Nous entendons les supplices français et allemands de blessés, agonisant sur le champ de bataille.
Poilu 18 : Le soir, on se couche dans la paille, parmi les cadavres on dort.
ATHENA 1 : Tu n'es pas encore mort. Pense à ta femme et à ton fils. Pense à ta patrie. Ils t'attendent. Ils pensent très fort à toi. Ils t'aiment et te soutiennent.
Poilu 19 : La pluie a rempli les tranchées de boue.
Poilu 20 : Une boue épaisse,
Poilu 1 : collante,
Poilu 2 : rouge de sang.
Poilu 3 : Une boue pâteuse dont il est impossible de se débarrasser.
Poilu 4 : Nous n'avons pas beaucoup de ravitaillement. On mange comme des cochons, parfois on a même un arrière-goût de boue dans la bouche.
Poilu 5 : Les cadavres sont là, à nos pieds.
Poilu 6 : L'odeur est effroyable, elle ne te lâche pas de toute la journée. D'ailleurs, je m'y suis habitué. Les rats gros et gris parcourent les tranchées et les boyaux.
Poilu 7 : Les poux colonisent nos cheveux.
Poilu 8 : Le temps n'est pas là pour arranger les choses. Je meurs de froid !
Poilu 1 : Tout le monde s'enivre en buvant du vin pour moins se rendre compte du danger.
Poilu 2 : C'est dans ces conditions atroces que nous vivons, du moins pour ceux qui survivent.
ATHENA 2 : Garde espoir. Tu n'es pas un animal. Tu es un homme. Rappelle-toi d'où tu viens. N'abandonne pas ta dignité.
Poilu 3 : Hier, un de mes compagnons est mort.
Poilu 4 : Je me souviens encore de ses entrailles répandues sur le sol, du sang sur son visage et des larmes coulant sur ses joues.
Poilu 5 : Je l'entends encore me supplier d'une voix faible d'abréger ses souffrances.
Poilu 6 : Je me souviens de son rire lorsqu'il me parlait de sa petite sœur. Il voulait faire carrière dans la littérature. Sa mère était très fière de son fils.
Poilu 7 : En apprenant sa mort, elle s'effondrera.
TOUS : Le bruit
Poilu 8 : des soldats qui meurent me fait souffrir.
TOUS : Le bruit
Poilu 9 : des armes nous assourdit.
Poilu 10 : Ce sont des obus,
Poilu 11 : ce sont des canons,
Poilu 12 : ce sont des grenades,
Poilu 13 : toute l'artillerie des Allemands nous tombe dessus. On ne peut voir que le carnage et la destruction.
ATHENA 3 : N'oublie pas ta patrie. Ce sont les vallées verdoyantes.
ATHENA 4 : C'est la mer avec le soleil.
ATHENA 5 : C'est le rire de ton enfant.
ATHENA 6 : C'est la chaleur du foyer.
ATHENA 7 : C'est l'amour de ton épouse.
Poilu 14 : J'ai réussi à me faire quelques amis, dont un, Louis, le meilleur de tous. Mais malheureusement pour lui, ça n'a pas duré, il nous a quittés il y a trois jours.
Poilu 15 : Il avait refusé d'attaquer, ainsi que d'autres soldats. Alors ils ont été fusillés pour servir d'exemple aux autres.
Poilu 16 : J'ai vu toute la scène. Louis était là, les yeux bandés, attaché comme un animal sans défense.
Poilu 17 : A ce moment-là, j'ai ressenti quelque chose d'épouvantable, une douleur atroce. C'était une scène horrible.
Poilu 18 : La mort était là, elle nous tendait les bras.
Poilu 19 : Je me suis mis à sa place, je me suis demandé ce qu'il avait bien pu éprouver. Il était comme moi.
Poilu 20 : Il avait une femme et des enfants, ainsi que de grands projets après la guerre.
Poilu 1 : Maintenant que je suis seul, je m'ennuie, je bouquine, je pense, et j'essaye de m'occuper comme je peux en attendant les attaques.
Poilu 2 : Mais je ne parviens pas à trouver un moment de calme dans les tranchées.
Poilu 3 : Les cris des soldats mourants, les tirs, les soldats qui deviennent fous...Car oui, la guerre nous rend fous !
Poilu 4 : Pourquoi se battre ?
Poilu 5 : Pour la justice ?
Poilu 6 : Pour l'avenir ?
Poilu 7 : Notre seule issue est la mort. Nous avons beau nous battre, rien ne change, mis à part le nombre de morts.
Poilu 8 : Je sais bien que nous faisons tout cela pour
TOUS : la liberté
Poilu 1 : et
TOUS : pour la paix,
Poilu 2 : mais cette guerre n'apporte que misère et désolation. Les dégâts matériels et industriels font peine à voir.
Poilu 3 : Il y a eu beaucoup trop de dégâts et de morts pour une guerre que l'on aurait pu éviter. Poilu 4 : Quand cette guerre va-t-elle se terminer ?
Poilu 5 : On voit bien que les généraux ne sont pas au front, ils ne voient pas l'ampleur des dégâts, l'horreur de ne plus revoir les personnes que l'on aime.
Poilu 6 : Ils ne peuvent pas comprendre l'effroi et la pitié pour les jeunes soldats que l'on tue.
Poilu 7 : Les coups de sifflet de nos officiers nous entraînent vers une mort certaine, à cause de ce gouvernement qui ne parvient pas à trouver une solution et qui pousse des millions de soldats à mourir au front dans des conditions épouvantables et inacceptables.
TOUS : Nous, les Poilus,
Poilu 8 : on se bat pour sauver notre patrie,
Poilu 9 : pour la liberté,
Poilu 10 : l'égalité,
Poilu 11 : la fraternité.
TOUS : Nous, les Poilus,
Poilu 12 : on meurt sur le champ de bataille pendant que les généraux passent leur temps à s'amuser dans leurs châteaux.
TOUS : Jour après jour
Poilu 13 : la peur et la colère s'accentuent.
TOUS : Jour après jour
Poilu 14 : je suis horrifié et terrorisé de savoir que tant de soldats meurent. Je ressens de la peur.
TOUS : La peur
Poilu 15 : de mourir.
TOUS : La peur
Poilu 16 : de ne plus jamais vous revoir. Je crains le pire. Ici, on dit que la guerre s'intensifie et que plus aucun d'entre nous n'aura de permission.
ATHENA 8 : Tu as peur parce que tu es courageux.
ATHENA 9 : La peur est un signe de bravoure et d'intelligence.
ATHENA 10 : Mais ne te laisse pas envahir par la haine.
Poilu 17 : Je suis en colère contre l’État. C'est de sa faute si Louis n'est plus là.
Poilu 18 : Ce n'était censé durer que quelques mois, et ensuite on aurait dû retrouver une vie tranquille.
Poilu 19 : Nous avons tous cru à leurs paroles.
Poilu 20 : Et maintenant nous sommes tous comme des monstres.
Poilu 1 : On a pris l'habitude de tuer, cela ne nous fait ni chaud ni froid, c'est affreux.
Poilu 2 : Combien d'hommes sont déjà morts ?
Poilu 3 : Combien d'hommes ne reverront jamais leurs familles, leurs enfants, leurs parents ?
Poilu 4 Et tout cela à cause de qui ?
Poilu 5 : A cause de ceux qui nous gouvernent bien sûr.
ATHENA 1 : Combats la haine.
ATHENA 2 : Combats la peur.
ATHENA 3 : Pour être un homme, il faut renoncer à la barbarie.
ATHENA 4 : Souviens-toi de ta patrie
ATHENA 5 : Souviens-toi de ta famille.
ATHENA 6 : Ce n'est pas en oubliant qui tu es que tu parviendras à oublier cette guerre.
ATHENA 7 : Tu dois te souvenir.
ATHENA 8 : Sans t'enfermer dans le passé.
ATHENA 9 : Pour aller de l'avant
ATHENA 10 : Pour continuer à vivre
ATHENA 1 : Et construire un monde meilleur !
Poilu 6 : Les soldats meurent dans de mauvaises conditions.
Poilu 7 : Les blessés souffrent et se battent chaque jour pour leur survie. Je ne veux pas finir comme eux.
Poilu 8 : C'est pourquoi je continuerai à me battre jusqu'au bout. Pour toi Pénélope, et pour notre enfant Télémaque, mais aussi pour l'honneur de tous.
Poilu 10 : Je ne peux pas te dire le temps que je vais rester ici.
Poilu 12 : Je vois trop souvent la mort de près, je suis courageux et j'ai peur.
Poilu 13 : Plus les jours passent et plus je perds l'espoir de vous revoir un jour. Je suis épuisé et lassé de cette guerre.
Poilu 14 : J'espère que ce n'est pas la dernière lettre que je t'écris.
Poilu 15 : Le froid commence à me geler les doigts.
Poilu 16 : Tu me manques énormément, et chaque nuit, quand j'arrive à trouver le sommeil, je te vois, là, devant notre maison, le soleil éclairant chaque trait de ton visage.
Poilu 17 : J'entends aussi parfois dans le creux de mon oreille ces quelques mots que tu m'as susurrés avant que je parte :
Poilu 18 : « Tu es mon héros. »
Poilu 19 : Oui, ma chère femme, je suis ton héros, mais ici je ne suis qu'un piètre soldat.
TOUS : Un soldat
Poilu 10 : qui défend sa patrie, certes, mais
TOUS : un soldat
Poilu 11 : qui se voit comme un monstre, comme une machine à tuer.
Poilu 12 :Vous me manquez. J'espère que Télémaque va bien.
Poilu 13 : Soyez courageux. Je pense fort à vous.
Poilu 14 : Je vous aime.
La Bataille de la Marne.