La Vague de Todd Strasser par Lucie
Ma chère amie,
Cela fait longtemps que je ne t'ai pas envoyé de lettre. Je pense que c'est à cause d'un événement qui s'est passé au lycée. J'ai décidé de consacrer cette lettre sur cette expérience étrange qui m'a profondément choqué. Je vais tout te raconter dans les moindres détails.
Tout a commencé un jour comme les autres. J'étais dans mon cours d'histoire avec mon professeur, Monsieur Ross. En ce moment, nous étudions la Seconde Guerre mondiale. Notre professeur a décidé de nous montrer un film sur les camps de concentration nazis. Ce film était vraiment terrifiant et nous nous demandions tous comment les Allemands avaient pu se joindre aux nazis, et si un mouvement semblable pouvait revenir. Quand je retournai au cours d'histoire avec mes amis le lendemain, notre professeur voulut nous faire une séance consacrée à la discipline. Personne ne voulait vraiment l'écouter. Mais il demanda à une de mes camarades de s'asseoir d'une certaine manière, puis nous commençâmes tous à nous mettre dans la même position qu'elle. Très vite, mon professeur prit ça comme un jeu et nous demanda de nous déplacer dans la classe sans le moindre bruit. Tu dois trouver ça débile, mais tu vas voir que tout était calculé ou presque. Monsieur Ross nous dit d'aller dans le couloir, et de revenir à son signal à nos places respectives le plus vite possible mais en silence. Au bout de trois essais, un de mes camarades eut l'idée de se ranger par rang de table afin de gagner du temps. Son idée a très bien fonctionné. Notre professeur déclara alors que dans son cours il y avait trois nouvelles règles à respecter :
1. Nous devions ramener nos propres affaires.
2. A chaque question, nous devions nous lever et nous placer à côté de notre table.
3. Nous devions dire " Monsieur Ross" avant chaque question et réponse.
Nous nous prîmes au jeu rapidement, et à la sonnerie, nous ne partîmes pas avant que le professeur ne l'autorise. Cela faisait longtemps que cela n'était pas arrivé. Le lendemain, nous étions tous présents avant la sonnerie, et dans les positions vues la veille. Mon professeur décida alors de nous parler de la communauté, et de créer un mouvement et une communauté appelés "la Vague". Il nous apprit un salut et un slogan qui était le suivant : "la Force par la Discipline, la Force par la Communauté". Certains élèves de ma classe avaient décidé d'inculquer ces principes à l'équipe de foot du lycée. Plus tard, le professeur rajouta une nouvelle phrase au slogan : "La Force par l'Action". Puis il distribua des cartes de membre de la Vague. Certains étaient en charge de prévenir Monsieur Ross, notre leader, si des élèves allaient contre les règles. Notre communauté fonctionnait tellement bien que des élèves qui n'étaient pas dans ma classe séchaient les cours pour assister à la séance de Monsieur Ross. Nous voulions et nous étions de plus en plus nombreux à rejoindre la Vague. Je m'étais pris au jeu : c'était tellement bien de se sentir égaux ! Chaque fois que nous croisions un membre, nous faisions notre salut. Puis, un jour, la situation a dégénéré. Un élève s'est fait insulter de "sale juif". Des parents d'élèves et des professeurs furieux appelaient la direction et allaient voir le proviseur pour obtenir des explications et faire cesser le mouvement.
Je dois te dire que quand j'ai appris tout ce qui se passait, j'ai été refroidie par la Vague, mais je me disais que si notre professeur l'avait créée, c'est que ce n'était pas dangereux. Monsieur Ross fit une annonce pendant son cours : il nous expliqua qu'un meeting réservé aux membres de la Vague était organisé. Avec mes amis, nous étions installés dans la grande salle où avait lieu le meeting. Quand notre professeur arriva, je me demandais pourquoi il avait organisé cet événement. Puis Monsieur Ross prit la parole et nous dit que nous avions un nouveau leader : à ce moment-là, un portrait géant d'Adolf Hitler apparut. J'étais surprise et je ne comprenais pas. Notre professeur se mit à nous expliquer que notre comportement avec la Vague était le même que celui des nazis et que contrairement à ce que l'on pouvait croire, cela pouvait se reproduire.
Tous les élèves partaient un par un. Nous étions en larmes.
Je ne sais si cette lettre t'aura intéressée, mais je voulais t'en parler. Et te dire ne penser que par toi-même, de ne pas de laisser influencer par une mode ou par un mouvement.
A très bientôt,
Ton amie, Lucie.