Le récit policier

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SEQUENCE 3 : LE RECIT POLICIER

LECTURE D'UN RECIT :

« L'ESCARBOUCLE BLEUE » d'Arthur Conan Doyle

 

Séance 1 : vendredi 14 janvier 2011

Objectif : découvrir le début d'un récit policier et caractériser les protagonistes : Sherlock Holmes et Watson

 

            Généralement, les récits d'Arthur Conan Doyle sont ancrés dans la vie quotidienne. La scène se passe à Londres, au XIXe siècle. Plus particulièrement, elle se déroule dans la demeure de Sherlock Holmes, à Baker Street. Il n'y a pas d'action au début.

            Le personnage de Sherlock Holmes est très particulier : en effet, c'est un intellectuel. Il est détective. Et donc il a besoin de faire des déductions. C'est un esprit logique et universel : ouvert à l'actualité, il s'informe, réfléchit, raisonne en scientifique et s'exprime dans une langue maîtrisée et travaillée :

« je vous prie de considérer ce chapeau non comme un melon cabossé, mais comme un problème intellectuel »

« seulement d'un de ces petits incidents bizarres lorsque quatre millions d'êtres humains se coudoient dans un espace de quelques kilomètres carrés »

Sherlock Holmes est un personnage plutôt solitaire : il n'est pas marié et il n'a pas d'enfant. Mais il apprécie tout particulièrement la compagnie de Watson. Celui-ci est naïf, moins bavard, réservé, toujours à l'écoute. Il est curieux. Il essaie de prendre exemple sur Holmes. Il est comme l'élève de Holmes. Il est souvent étonné par l'intelligence du détective.

 

 

Séance 2 : vendredi 14 janvier 2011

Support : « L'escarboucle bleue » d'Arthur Conan Doyle

Objectif : écrire le début du scénario pour le film policier

 

Idée originale : Au Moyen-Age, à l'abbaye de Royaumont, la panique se propage à la suite de la disparition d'un livre magique qui aurait été écrit par le diable lui-même. De plus, la nuit du vol, un meurtre a été commis. Un moine détective et son disciple sont convoqués pour élucider cette affaire.

 

 

            Tout commença dans une abbaye prestigieuse : l'abbaye de Royaumont, à la fin du XIIIe siècle. Il était minuit et une main gantée de fer sortit de l'ombre. Un moine entra dans la bibliothèque pour aller consulter une vieille Bible. A ce moment-là, un livre tomba. Le moine, intrigué, tressaillit, et tenta de plisser les yeux vers la source du bruit. Il se pencha pour ramasser le livre. Une arme sortit de l'ombre : une hache. Soudain, un cri strident retentit. Les moines surpris par ce cri terrifiant se réveillèrent en sursaut et accoururent vers la bibliothèque.

            L'abbé rentra dans la salle en premier. Il découvrit le cadavre gisant à terre, dans une flaque de sang :

            « Oh mon Dieu ! » s'exclama l'abbé.

            Les autres moines arrivèrent en masse et découvrirent le spectacle morbide qui s'offrait à eux. Ils firent le signe de croix et se mirent à prier. Un brouhaha se dégagea dans la salle.

            Le lendemain, deux personnes venant d'un autre monastère se présentèrent à l'abbaye. Ces deux personnages étaient convoqués par l'abbé pour résoudre l'énigme du meurtre. Ils se présentèrent devant l'abbé qui les accueillit :

            « Sois le bienvenu, Jacques-Antoine de Marsilly. Qui est ce jeune moine qui t'accompagne ?

-        Ce jeune moine est mon disciple. Je te prie de bien vouloir accueillir Camille Châteaurouge.

-        Nous t'accueillons dans cette vaste demeure qui est la maison de Dieu. Nous la partageons entre frères. Par conséquent, ton disciple est le bienvenu. Tous les amis de Jacques-Antoine de Marsilly sont mes amis.

-        Merci à toi pour ton hospitalité. Que Dieu te bénisse ! Allons droit au but : que se passe-t-il ? J'ai cru comprendre qu'un terrible forfait a été commis dans l'enceinte de ton abbaye.

-        Un terrible événement s'est passé la nuit dernière : un moine a été retrouvé assassiné dans la bibliothèque.

-        A-t-on retrouvé l'arme du crime ?

-        Elle n'était pas difficile à trouver, puisqu'elle est restée plantée dans le corps de la pauvre victime.

Le disciple fit un signe de croix. Pendant qu'ils discutaient, l'abbé et ses deux convives se dirigeaient vers les lieux du crime.

En entrant, ils découvrirent le corps du pauvre moine ensanglanté.

-        Quand avez-vous découvert la victime ?

-        Nous avons découvert la victime, la nuit dernière, aux alentours de minuit.

-        Comment avez-vous su qu'il était dans la bibliothèque ?

-        Un cri strident provint de la bibliothèque. Nous accourûmes. Et c'est ainsi que nous découvrîmes le corps de notre malheureux frère.

-        Qui a découvert la victime précisément ?

-        Nous sommes arrivés en masse.

-        Tout le monde était-il présent ?

-        Je n'en sais trop rien. Aucune idée.

-        Je vous remercie pour ces précisions. A présent, pouvez-vous nous laisser seuls, mon disciple et moi, afin que nous inspections les lieux et le corps ?

-        J'aimerais plutôt assister à l'inspection.

-        Je crains que cela ne soit possible. Nous avons besoin de calme et de concentration pour trouver des indices éventuels et mener à bien notre enquête.

-        Comme vous voulez, mais je vous préviens : vous ne trouverez rien ici, car nos frères ont déjà inspecté les lieux et n'ont rien trouvé qui puisse nous indiquer une quelconque piste.

-        Oui, j'en conviens, mais mon métier consiste justement à inspecter le corps et les lieux du crime. Par conséquent, je vous demande de nous laisser faire notre travail en disposant.

A ce moment-là, un moine arriva prévenir l'abbé car un frère était malade et avait besoin de parler au maître des lieux.

-        Bien, mes frères, je me vois dans l'obligation de vous laisser ici. Un frère sollicite mon aide.

-        Je vous remercie. Nous n'avions plus besoin de vous de toute façon.

L'abbé laissa sur place le moine détective et son disciple. Sitôt la porte refermée, Camille enleva sa capuche et libéra sa chevelure, découvrant ainsi sa féminité.

-        Enfin ! J'ai cru que cet abbé ne nous lâcherait jamais !

-        Pas si fort Camille ! Les murs ont des oreilles ! Un peu de tenue voyons ! Je te propose d'inspecter les lieux. Toi, va à gauche, moi je m'occupe du cadavre et des rangs de droite.

-        D'accord, je vous laisse avec le moine haché menu.

-        Un peu de respect pour les morts !

            Le moine-détective observa le cadavre avec minutie et attention, tandis que Camille se promenait dans les rangs de la bibliothèque. Pendant que Camille regardait les livres, elle tomba sur un morceau de parchemin déchiré entre deux livres. Elle le prit et le lut : il y avait inscrit dessus des mots latins et des équations qui faisaient penser à une énigme.

-        Maître, regardez ce que je viens de trouver ! Ça ne fait pas très organisé dans une bibliothèque de laisser des bouts de papier ainsi !

-        Quoi ? Montre-moi ça vite ! Mmm....Très intéressant. Voyons cela...Et quelle déduction pourrais-tu en tirer ?

-        Eh bien je ne sais pas moi, c'est vous le détective.

-        Tu n'as pas répondu à ma question.

-        Je pense qu'il a été arraché d'un livre.

-        Bien. Ensuite ?

-        Celui qui a écrit sur ce bout de papier est apparemment très cultivé, puisque nous avons du latin et des mathématiques.

-        Tu progresses mon disciple. Je suis fier de toi. Et tu n'as rien remarqué d'autre, de particulièrement énigmatique ?

-        Attendez voir...Oh ! Regardez, ce symbole étrange, à peine visible ?

-        Reconnais-tu ce signe ?

-        Ne serait-il pas dans la Bible par hasard ?

-        Presque. En réalité, il s'agit du signe du démon qui est utilisé par les adeptes de la sorcellerie.

-        Que ferait ce signe maléfique dans la maison de Dieu ?

-        De toute évidence, je pense que le meurtre a probablement un lien avec la présence inopportune de ce papier. De surcroît, ce bout de papier ne peut pas exister isolément. S'il y a un bout de papier, il y a forcément un livre qui va avec.

-        Vous voulez dire que ce bout de papier a été détaché du livre ? Mais de quel livre ? Et pour quelle raison ?

-        Tu as raison de poser ces questions. Mais cela a sûrement un lien avec l'homme qui a assassiné le moine et aurait voulu voler ce livre et aurait égaré une page par pure inadvertance. Je commence à comprendre pourquoi l'abbé ne voulait pas nous laisser seuls dans la bibliothèque. Apparemment, notre abbé cache quelque chose, à commencer par la présence d'un livre qui n'a pas sa place dans une abbaye. A mon avis, mon cher disciple, cette enquête va se révéler plus complexe et plus dangereuse que prévu.

-        Il va falloir interroger l'abbé, mais également un certain nombre de moines, pour tirer l'affaire au clair.

 

 

Séance 3 : mercredi 26 janvier 2011

Support : « L'escarboucle bleue » d'Arthur Conan Doyle (deuxième partie)

Objectif : écrire le début de l'enquête policière, la découverte d'un suspect idéal rapidement innocenté grâce au moine-détective

 

Quand Jacques-Antoine et Camille sortirent de la bibliothèque, des moines accoururent vers eux en criant : « Nous avons trouvé le coupable !

-        Comment ? Comment est-ce possible ? Déjà ? S'exclama le moine-détective. Et peut-on savoir de qui il s'agit ? Qui est le coupable ?

-        Le coupable ? La coupable ! La voilà, c'est elle ! »

Nos deux héros découvrirent alors une jeune femme, habillée en paysanne, apeurée, qui se débattait au milieu de la foule des moines en furie :

« Ce n'est pas moi la coupable ! Je vous en prie ! Lâchez-moi ! Je ne vois pas du tout de quoi vous parlez ! »

Les moines étaient fous de colère. Ils ne se contrôlaient et étaient prêts à la lyncher.

« Mes frères ! Je vous en prie ! Faites preuve de compassion et de charité ! N'oubliez pas l'enseignement de Dieu : nous devons regarder le monde sans haine ! Pourquoi l'accusez-vous ? Avez-vous des preuves ? »

Pierre, un des moines, s'avança et prit la parole :

« C'est son mari, le bûcheron du village de Saint-Leu-d'Esserent, qui nous a avertis ce matin : sa femme n'était pas chez elle la nuit dernière.

- Et alors ? Moi non plus je n'étais pas chez moi la nuit dernière. Cela ne fait pas pour autant de moi le coupable du crime.

- Certes, mon frère, mais son mari nous a aussi raconté qu'elle avait une liaison secrète avec la victime. Enfin, la hache avait disparu. »

Un autre moine s'avança et avoua :

« La nuit dernière, quand nous avons découvert le corps dans la bibliothèque, j'avais trouvé à côté de lui un cheveu qui semble appartenir à cette paysanne !

- Et pourquoi ne nous avez-vous pas prévenus ? C'était un indice important !

- Et bien, je me doutais de quelque chose de bizarre, et je ne voulais pas nuire à la réputation de notre institution.

- Mais tuer cette personne risque de nuire à votre institution et, si elle est innocente, cela ne résoudra rien.

- Mais elle est coupable ! Tout l'accuse !

-        Justement, c'est parce que tout l'accuse qu'elle est probablement innocente. Laissez-la moi, Camille et moi, nous allons l'interroger.

-        Soit, répondit l'abbé. Mais vous ne pourrez rien tirer de cette sorcière. »

Dans une cellule de l'abbaye.

« Où étiez-vous la nuit du crime ?

-        Chez moi.

-        Vous savez bien que c'est faux.

-        Comment pouvez-vous le prouver ? Vous n'êtes pas mon mari.

-        Et bien justement, c'est votre mari qui nous a informés de votre absence la nuit du crime.

-        Oh le traître ! En réalité, cet homme n'était qu'un jaloux ! Et ce n'était pas avec son travail de bûcheron que l'on pouvait manger à sa faim tous les jours.

-        Et c'est pour cela que vous avez vendu vos services, ou plus exactement votre corps, au moine ?

-        Oui, je l'avoue, mais je ne l'ai pas tué, je vous le jure !

-        Vous aviez trop besoin de l'argent du moine pour le tuer.

-        Exactement.

-        Mais la nuit du meurtre, pourtant, vous n'étiez pas chez vous.

-        J'étais dans l'abbaye, je m'apprêtais à rejoindre mon client, comme d'habitude, quand je le découvris étendu, à terre, dans une mare de sang.

-        Et vous n'avez pas vu son agresseur ?

-        J'ai aperçu une ombre sortir et j'ai entendu le hennissement d'un cheval et le bruit de sabots. Je me précipitai vers une fenêtre, mais je n'ai rien pu voir d'autre.

-        Alors vous êtes partie, et dans votre précipitation, vous avez sûrement dû perdre un cheveu.

-        Peut-être, mais le moine assassiné aimait bien garder un de mes cheveux pour son plaisir personnel.

-        Je crois que votre témoignage vous innocente définitivement. Tout s'explique grâce à votre collaboration. Mais, avant de vous relâcher, j'aurais une dernière question à vous poser.

-        Je vous écoute. »

A ce moment-là, Camille s'approcha et prit la parole :

«  Au cours de vos petites séances de massage avec le moine, avez-vous entendu parler d'un livre particulier, voire secret ?

-        Quel genre de livre ?

- Le genre de livre à ne pas mettre entre toutes les mains.

-        Nous n'avions pas besoin de ce genre de livre pour faire nos séances.

-        Euh...Je pense que nous ne parlons pas de la même chose. Je parle d'un livre savant, qui expliquerait des choses interdites.

-        Vous me parlez d'un livre savant, alors que je ne sais même pas lire ! »

A cet instant précis, Jacques-Antoine intervint pour démêler la situation et apaiser un conflit naissant entre les deux femmes.

« Je pense que vous nous avez tout dit, et nous vous en remercions. Il nous reste à avertir nos frères que vous êtes totalement innocente. »

Jacques-Antoine et Camille sortirent de la cellule avec la jeune paysanne et expliquèrent devant l'assemblée des moines que cette pauvre femme était innocente.

« Mes chers frères, la femme ici présente a été innocentée. On ne peut pas être plus innocente qu'elle ! Par conséquent, je vous prie de calmer votre haine envers cette femme.

-        Et quelles preuves pouvez-vous apporter pour confirmer son innocence ?

-        Cette femme avait des relations sexuellesavec votre frère défunt. Elle avait besoin de ce petit négoce pour subvenir à ses besoins. Donc elle n'avait aucune raison de l'assassiner.

-        Mais comment pouvez-vous être certain que ce n'est pas elle qui a planté la hache ? D'autant plus qu'il s'agit d'une hache de bûcheron ! Or son époux est bûcheron !

-        Et bien soit ! Faites venir la hache, et voyons si elle est capable ne serait-ce que de porter cette arme ! »

Des moines apportèrent l'arme du crime et la tendirent à la jeune paysanne. Celle-ci tenta désespérément de la lever, mais en vain. Camille, devant la stupéfaction et les murmures des moines, intervint :

« Vous voyez bien que cette pauvre femme est innocente : elle n'est même pas capable de porter et de lever une hache !

-        De surcroît, ajouta Jacques-Antoine, elle n'a aucune tache de sang sur ses vêtements.

-        Oui, mais elle s'est peut-être changée entre temps !

-        Avez-vous oublié que c'est une paysanne pauvre qui n'a point de vêtement de rechange ? »

Face à cette question, les moines se turent, approuvant en silence cette réflexion.

« C'est la raison pour laquelle je vous prie, pour la dernière fois, de relâcher cette femme innocente, coupable uniquement d'être pauvre et de subir vos préjugés ! »

 

           

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