Persepolis par Maximilien H.
Persepolis est une autobiographie de Marjanne Satrapi mais qui, dans son autobiographie, parle de ses proches et de son pays en période de guerre et de révolution. En effet, l'héroïne commence son film en parlant de son enfance en Iran durant une époque difficile pour le pays. L'héroïne restera dans son pays jusqu'à ses 14 ans, où elle sera obligée de partir vivre en Autriche, où elle passera notamment une période d'adolescence difficile, et où elle apprendra à devenir une femme. Elle reviendra alors en Iran où elle continuera ses études et les beaux-arts. C'est d'ailleurs pourquoi son film est en réalité plus une BD mise en animation qu'une autobiographie classique sous forme de film ou de livre. Elle partira alors encore pour s'installer à Paris mais elle ratera le décès de sa grand-mère avec qui elle était très proche.
L'une des scènes qui m'a le plus marqué dans le film est notamment le passage où Marjanne reprend la célèbre chanson "Eye of the tiger". Au début de cette scène, l'héroïne sort d'une sorte de coma provoqué par une overdose volontaire d'antidépresseurs. Elle se réveille donc avec une volonté de vivre et de réussir à toute épreuve, ce qui n'est pas sans rappeler Rocky dans le film du même nom, dont la rage de vaincre est à son paroxysme lors de son entraînement où l'on entend justement la chanson "Eye of the tiger" de Survivor. Malgré tout, Satrapi a voulu rajouter une touche d'humour lors de cette scène en faisant expres de chanter mal et en ajoutant des images comiques.
Le film possède une dimension engagée et une dimension lyrique. Engagée, car le film raconte l'histoire de son pays, en même temps que la sienne, et dénonce notamment les problèmes d'inégalités entre les hommes et les femmes dans son pays, en particulier au niveau vestimentaire dans la scène du conseil du lycée où les responsables demandent aux femmes déjà voilées et habillées d'une robe large, de rallonger leur voile et d'élargir leur robe alors que les garçons peuvent se présenter en pantalon moulant et en T-shirt à manches courtes sans problème. Elle dénonce aussi les restrictions religieuses du pays, notamment l'alcool et les fêtes tardives qui demeurent interdits, ou encore les lois et les censures sur les formes des femmes et les tableaux représentant des femmes peu vêtues, preuve que les hommes iraniens ne respectent pas l'indépendance des femmes dans leur pays.
Mais le film est aussi lyrique, car il montre les sentiments de Marjanne : tout d'abord de rebellion dans l'adolescence, puis en grandissant, d'amour avec une première déception amoureuse qui lui fera monter un sentiment de haine envers les hommes, mais qui s'effacera quelque temps plus tard quand elle retombera amoureuse. Elle appliquera alors un phénomène de cristallisation, démontré dans le livre De l'amour écrit par l'auteur Stendhal : ce phénomène consiste à appliquer ou à attribuer des qualités imaginaires à une personne qui en réalité en est dépourvue. Elle le démontre par une antithèse à la fin de son histoire d'amour, après avoir vu son compagnon dans les bras d'une autre femme, avec des images de lui exagérément caricaturales et enlaidies de la personne en question. On passe alors de la sublimation, de la cristallisation, à la diabolisation.
L'auteur du film fait allusion à de nombreuses oeuvres tout au long de son film, notamment lors de la scène du bombardement. Marjanne marche dans une ruelle dévastée, à la manière du film Allemagne année zéro de Roberto Rossellini en 1948, ou lors de la découverte qui s'ensuit du corps de sa meilleure amie, où elle se positionne à la manière du tableau Le Cri d'Edvard Munch, démontrant ainsi un profond sentiment d'horreur et de tristesse. Dans le film est également présent le célèbre tableau de Botticelli, La Naissance de Vénus, symbole de la beauté féminine pourtant censuré par le régime islamiste. Elle montre ainsi l'exagération des censures dans son pays sur le sujet de l'indépendance des femmes. Marjanne Satrapi fait aussi apparaître dans son film Godzilla (quand elle va au cinéma avec sa grand-mère), ce qui est une mise en abyme dénonçant la dictature de son pays et le malaise que cela provoque sur les habitants de l'Iran.
L'un des personnages marquants du film est la grand-mère, car elle apporte à Marjanne une sagesse, en lui rappelant sans cesse qu'elle doit faire preuve d'intégrité. Cette grand-mère reste un personnage amusant avec un langage familier et des manières pittoresques.
Ce film m'a plu car il est très amusant et arive tout de même à parler de phénomènes graves comme la guerre et la révolution islamiste avec une grande légèreté très appréciable.