Autoportrait d'Henri Aimé Gauthé par Aline
Mémorial de Thiepval dans la Somme (1928-1932) en hommage aux soldats tombés pendant la Bataille de la Somme (1er juillet 1916)
Ce texte est un autoportrait d'un soldat français de la Première Guerre mondiale. Ce texte est une lettre sous forme de poésie, car on voit des vers et des rimes. Ce texte est écrit en alexandrin. Quand on divise l'alexandrin en deux on retrouve les hémistiches. C'est un poème engagé car il dénonce l'horreur de la guerre. Les nombreuses figures de style (comparaison, périphrase, antithèse, parallélisme) montrent une véritable maîtrise dans l'écriture.
Dans ce poème, l'auteur se dénigre. Il insiste sur sa laideur : "j'ai le nez gros et gras - nez de caricature". Il montre ainsi qu'il ne ressemble à rien, que la guerre l'a changé. Il semble partager la même laideur que Quasimodo dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo ou que la Bête dans La Belle et la Bête de Leprince de Beaumont. On peut aussi penser, à travers les antithèses, qu'il a une double personnalité, comme dans L'Etrange Cas du Docteur Jekyll et Mister Hyde de Robert Louis Stevenson. Dans le cinquième vers, afin de montrer son ridicule et sa laideur, l'auteur s'identifie à Guillaume II, l'Empereur d'Allemagne qui a attaqué la France en 1914 : "J'ai la moustache en cru du Kaiser allemand."
On pourrait penser que c'est un héros, mais celui qui a écrit ce poème n'est pas tout à fait d'accord avec cette idée, au contraire : il se présente comme un anti-héros, comme le montre la périphrase qui fait penser à Don Quichotte, le pseudo-chevalier ridicule de Cervantes : " je suis le chevalier de la piètre figure." Sinon, plus particulièrement, ce poème évoque l'atrocité de la guerre ("je fais pour m'amuser des piqûres atroces") et les blessures qui en résultent ("ma lèvre est rouge comme une fraîche blessure"). Cela montre que la guerre est bien plus horrible qu'on ne le pensait. Ce poème nous indique que la guerre a complètement changé l'auteur, parce qu'avant, il était "doux et timide", et la guerre a engendré en lui la méchanceté, la grossièreté et l'amertume. Dans le poème, on remarque que dans les premiers hémistiches il nous montre en quelques sorte sa vraie personnalité, et dans les seconds hémistiches, c'est ce que la guerre a fait comme dégât sur sa personnalité.
En écrivant cet autoportrait, il a fait preuve de courage pour se dévoiler entièrement tout en résistant à la déshumanisation. Mais il a changé radicalement de personnalité. Cependant, même à la guerre, même si la guerre est horrible, il s'est battu, il a trouvé la force et il a gardé un minimum de dignité.