Sensation d'Arthur Rimbaud commenté par les 5eA

Publié le par Professeur L

Campagne isarienne, entre Rousseloy et Mello.

Campagne isarienne, entre Rousseloy et Mello.

Année scolaire 2015-2016 – Collège Jules Vallès de Saint Leu d'Esserent

Niveau cinquième – séquence 1 : la poésie ou les sens de la vie

Séance 1 : Sensation d'Arthur Rimbaud (1854-1891)

Objectifs : découvrir un poème lyrique en alexandrins ; comprendre le désir de symbiose avec la nature

 

Synthèse élaborée à partir des copies de Rose, Clara, Suzie, Ines, Jade, Emma, Hanna et Robin

 

            Arthur Rimbaud est un très grand poète du XIXème siècle. Il vivait en Champagne-Ardennes, à Charleville, avec sa mère, mais il ne connaissait pas son père qui était militaire. Sa mère était extrêmement stricte avec lui et ne lui permettait rien : pas d'amis, pas d'amusements, seulement le travail.

            Quand il était adolescent, Rimbaud était un excellent élève. Il écrivait déjà des poèmes et voulait se faire reconnaître. Une nuit, il décida de fuguer pour Paris. Une fois arrivé, il rencontra Paul Verlaine, un autre poète très connu à cette époque. Ils décidèrent de partir ensemble vivre à Londres puis en Belgique. Lorsqu'ils furent à Bruxelles, une dispute éclata entre eux. Verlaine sortit son revolver, tira sur Rimbaud et le blessa au pied. Rimbaud alla à l'hôpital. Verlaine fut emprisonné quelques années.

            Plus tard, Rimbaud arrêta définitivement la poésie et partit pour l'Afrique, pour faire du commerce. Après quelques années, il dut se faire amputer de la jambe et mourut à Marseille.

            C'est sans doute l'histoire de sa vie, lorsqu'il était encore adolescent, qui l'a inspiré pour écrire le poème « Sensation ». Ce poème met en scène les sentiments d'un jeune adolescent qui vit apparemment dans une ville, et qui a envie de liberté. Il rêve de fuguer, de partir à la campagne. Il voudrait changer de vie.  Les sensations exprimées dans ce texte sont la vue (« les soirs bleus d'été ») et surtout le toucher (« picoté », « fouler », « j'en sentirai la fraîcheur », « le vent baigner ma tête nue »). La sensation du toucher est extrêmement développée dans ce poème, ce qui montre une approche essentiellement tactile et sensuelle de la nature. L'adolescent rêve de fusionner avec la nature, de ne faire plus qu'un avec elle. C'est pourquoi Rimbaud personnifie la nature, en la comparant à une femme : « heureux comme avec une femme ». Il y a une féminisation de la nature. Les désirs de l'adolescent se mêlent à la contemplation de la nature et au désir de liberté.

            Le désir d'union avec la nature s'exprime également à travers la musicalité et le rythme du poème. Les nombreuses rimes croisées (« sentiers » au vers 1 rime avec « pieds » au vers 3, « menue » au vers 2 rime avec « nue » au vers 4 dans le premier quatrain, de même que « rien » rime avec « bohémien » et « âme » avec « femme ») et internes (« été », «j'irai », « sentiers », « picoté », « blés », « fouler » font résonner le son « é », « loin », « bien » et « bohémien » riment à l'intérieur du vers 7, « amour », « montera », « âme » font résonner le son « a » dans le vers 6) créent un système d'échos sonores. L'allitération (la répétition d'un son consonantique) à partir de la lettre « m » dans le vers 6 renforce l'harmonie sonore qui coïncide avec le désir d'harmonie avec la nature nature : « Mais l'amour infini me montera dans l'âme ». Cette allitération fait référence au verbe «aimer ».

            Le haut et le bas du corps sont immergés dans ce rêve de fusion avec la nature : le poète décrit d'abord les sensations dans les pieds puis termine le premier quatrain en imaginant qu'il fusionne avec le ciel, comme s'il s'agissait de la mer ou de l'océan, d'où l'utilisation du verbe « baigner » pour évoquer le contact de la tête avec l'air. Les verbes au futur de l'indicatif (« j'irai », « sentirai », « laisserai », « parlerai », « penserai », « montera ») permettent d'exprimer les désirs du jeune adolescent. Son rêve de fusion ou d'harmonie avec la nature est à la fois actif (il rêve qu'il flâne au milieu des champs) et passif (il évoque son désir de se laisser aller, de se vider l'esprit, de s'immerger dans le silence et de laisser la nature et l'amour le posséder : « je laisserai le vent baigner ma tête nue », «l'amour infini me montera dans l'âme »). Le poète se sent traversé par la nature. Le mouvement est à la fois horizontal (« j'irai dans les sentiers », « j'irai loin, bien loin, comme un bohémien ») et vertical (« le vent baigner ma tête nue », « l'amour infini me montera dans l'âme »). Il met l'accent sur le rêve grâce à la mise en valeur du mot « rêveur » au début du troisième vers. Son désir de contemplation s'exprime dans son aspiration au silence et à la méditation, à travers le parallélisme du vers 5 : « Je ne parlerai pas, je ne penserai rien. » Son désir d'évasion explique l'identification au bohémien : c'est notamment ce que révèle la comparaison au vers 7 : « comme un bohémien ». Le poète veut découvrir de nouveaux horizons, partir à la conquête de nouveaux mondes inconnus comme le prouve la répétition de « loin » : « loin, bien loin », renforcée par le modalisateur « bien ». On imagine que le jeune garçon flâne au milieu de la nature, dans les champs. Il est joyeux car il s'évade et il est libre. Le poème a un air joyeux et donne l'envie d'être libre comme un cheval qui galope en pleine nature. Les vers sont tous aussi beaux les uns que les autres. Ils invitent à la rêverie et évoquent la solitude, même si celle-ci est comblée par la nature.

            La construction des vers en alexandrins (un alexandrin est un vers de douze syllabes que l'on peut diviser en hémistiches), eux-mêmes décomposés en hémistiches (un hémistiche est la moitié d'un alexandrin), permet de créer un rythme à la fois fluide et lent, qui correspond au désir de flânerie et de bohème du poète qui se laisse aller et qui veut rêver au milieu de la nature. Il s'agit donc d'un poème lyrique, car il développe les sentiments personnels et intimes du poète (c'est pourquoi il utilise aussi souvent le pronom personnel « je »),  et notamment son désir de liberté, d'amour et d'harmonie avec la nature. Un poème lyrique est un poème qui évoque de l'amour ou de l'émotion. On pourrait dire que ce poème est à la fois triste et heureux, nostalgique, car le poète rêve de quitter sa maison pour être heureux à la campagne, mais il ne peut pas.

           

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