Si je t'écris cette lettre par Fanny et Mattéo

Publié le par Professeur L

Reconstitution d'une tranchée britannique, Première Guerre mondiale (1914-1918), Musée Somme 1916, Albert, Somme, France.

Reconstitution d'une tranchée britannique, Première Guerre mondiale (1914-1918), Musée Somme 1916, Albert, Somme, France.

Ma Georgette,

Si je t'écris cette lettre, c'est pour te raconter dans mon petit récit les horreurs du front.

Après avoir vécu la bataille de la Marne, mon régiment et moi nous nous rendons à Verdun en passant par les anciens champs de bataille. Dans ces nombreux champs, les cadavres sont entassés, décomposés, pourris. La terre s'écroule sous le poids des cadavres d'animaux et d'humains, allemands et français. Les corbeaux nous tournent autour, attirés par l'odeur effroyable que dégagent les cadavres.

Soudain, nous entendons les explosions d'obus, les tirs des balles. Et devant nous se dresse le champ de bataille. Nous nous rendons au front en traversant les différents boyaux pour rejoindre nos camarades en première ligne. Notre combat commence face aux Allemands. Le combat est intense et simultané. D'autres soldats alliés creusent et minent le terrain ennemi. Les explosions continuent sans cesse. Nous n'avons point de répit. La nuit tombe sur le champ de bataille dévasté, rempli de cadavres. Plus aucun bruit ne retentit. Par chance, les combats ont cessé cette nuit.

Je me trouve avec Jacques et mes autres camarades retranchés dans le froid, la boue, les poux, les rats. Nous ne pouvons pas retirer nos masques sous peine de se faire asphyxier par le gaz moutarde. La peur est constante. Nous sommes terrorisés à l'idée de se faire tuer à n'importe quel instant.

Se reposer ? Dormir ? Impossible ! Les rats nous envahissent, je meurs de froid, je meurs de faim, je suis mort de peur, je suis horrifié par toute cette terreur. Elle me consume et me déshumanise. On m'apporte un morceau de pain imbibé de sang, mais il n'y a pas que ça et je dois m'en contenter.

Tout à coup, nous entendons un bruit strident qui nous interpelle. Un camarade blessé sur le champ de bataille nous demande de l'aide. Je sais que si je me montre, ne serait-ce qu'une seconde, pour apercevoir où est mon camarade, je serai tué sur le champ. Malheureusement, Jacques n'a pas eu la même pensée que moi et a voulu à tout prix sauver son camarade, mais cette pensée lui fut fatale. Il fut instantanément tué par un tireur d'élite, en pleine tête. Terrorisé, je ne pus bouger pendant un instant. Mon ami n'était plus. La guerre, elle, était toujours là, bien présente, oppressante et terrifiante.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :