Tristan et Iseut
SÉQUENCE 4 : ÉTUDE D'UNE ŒUVRE INTÉGRALE : TRISTAN ET ISEULT
Agir sur le monde
Imaginer des univers nouveaux
Séance 1 : mercredi 04 janvier 2017
Introduction :
Qu'est-ce qu'un héros ?
- c 'est quelqu'un de courageux
- le héros a deux visages : il se dévoue pour sauver des vies mais il peut affronter avec violence et fureur ses ennemis
- le héros est courageux (même si on peut être courageux sans être héroïque)
- le héros peut être désigné tel quel par le peuple, par Dieu, par le roi, par la victime, ou par l'auteur qui l'a inventé
- souvent il est admirable
- les héros peuvent avoir des pouvoirs surnaturels mais pas tous
- un héros vit des aventures : il est connu pour ses exploits et ses quêtes (Arthur découvre Excalibur)
Séance 2 : jeudi 05 janvier 2017
Support : « Le Morholt d'Irlande » (chapitre II)
Objectifs :
- reconnaître le registre épique
- caractériser Tristan
Tristan est un enfant orphelin. Il a été recueilli par son oncle, le roi Marc, à Tintagel. Celui-ci l'a élevé comme son propre fils pour en faire un chevalier servant. Tristan est aussi un musicien à la cour du roi. Il est le vassal du roi Marc : « Vassal, que fais-tu ? » (lignes 13 et 15).
Au début, Tristan est comme les autres chevaliers : il a peur d'y aller et de mourir. Il y va quand même pour sauver le royaume de son oncle. C'est lui qui a envie d'y aller, contre l'avis de son oncle. En fin de compte, il y va pour sauver d'autres personnes. Il se sacrifie pour les autres.
Par conséquent, Tristan est courageux, brave, vaillant, hardi, preux, loyal, fidèle : « le preux » (ligne 3). Malgré le terrible passé de Tristan, il surmonte les épreuves de la vie.
L'histoire de Tristan et du Morholt nous rappelle le combat de David et Goliath dans l'Ancien Testament. Le personnage de Tristan venu sauver des enfants kidnappés fait également penser au mythe de Thésée.
L'arrivée victorieuse de Tristan est dramatisée : l'auteur crée un effet de suspense en révélant l'identité du gagnant à la fin de la phrase : « Mais, comme la barque grandissait […] c'est Tristan. »
Séance 3 : mercredi 11 janvier 2017
Support : Le Roman de Tristan et Iseut, chapitre IV : le philtre
Objectifs :
- découvrir un amour interdit et maudit
- reconnaître l'expression de la passion
L'amour de Tristan et d'Iseut est comparé à une « ronce vivace, aux épines aiguës, aux fleurs odorantes » qui pousse « ses racines dans le sang de [leurs] cœurs ». Cela veut dire qu'ils vont s'aimer, sauf que c'est un amour qui va faire mal. Le mot qu'utilise Brangien pour qualifier l'amour entre Tristan et Iseut est « maudit ». Cet amour est « maudit » car Iseut détestait Tristan et c'est un amour en quelque sorte forcé. Ils ont bu un philtre d'amour : ils sont obligés de s'aimer. Ce n'est pas de leur faute. De plus, c'est un amour qui leur fait risquer leur vie.
Cependant, Tristan, en allant chercher Iseut, voulait à nouveau la rencontrer. D'une certaine manière, il a provoqué le destin. On peut aussi considérer que c'est la situation (la guerre entre
l'Irlande et la Cornouailles) qui a provoqué la rencontre amoureuse. Tristan et Iseut sont coupables : en s'aimant, ils trahissent et trompent le roi. Mais comme cet amour est involontaire, ils ne sont pas responsables.
Année scolaire 2016-2017 – Collège Jules Vallès de Saint Leu d'Esserent
Niveau cinquième – séquence 4 : Le Roman de Tristan et d'Iseut (étude d'une œuvre intégrale)
Problématique : Tristan et Iseut sont-ils des héros exemplaires ?
Séance 4
Support : Le Roman de Tristan et Iseut de Thomas et Béroul, traduit par Joseph Bédier, chapitre 6 : le grand pin
Objectifs :
- découvrir le motif du lieu agréable
- caractériser l'intelligence des héros
Synthèse collective élaborée à partir des explications d'Elise, d'Axel, de Lisa, de Carla, de Jade, de William, de Lise, de Mathéo, de Josselin, de Doriane, de Mary, de Mathéo, d'Ilham, de Khlöé, de Cheyenne, de Bradley, de Jeanne, de Fabio, d'Alban et d'Erwan.
Titres proposés : « L'amour interdit », « L'amour secret », « Ruse à minuit », « Le reflet de l'amour », « Amour défendu », « Le mensonge d'Iseut et Tristan », « Le pin des Amours »
Après le mariage avec le roi Marc, Iseut continue de voir Tristan en cachette dans le parc royal. Nos deux héros se fréquent donc en secret. Pour la prévenir, Tristan envoie des copeaux de bois, la nuit, par les canaux qui passent par les chambres des femmes. Mais un jour, le roi Marc fut averti de leur amour et alla se cacher dans le parc, au sommet du grand pin qui surplombe la fontaine autour de laquelle les deux amants se retrouvent. Le roi commence à douter de la fidélité et de la sincérité de sa reine. Il observe son neveu et son épouse depuis le grand pin. Cependant, Tristan et Iseut qui avaient vu le reflet du roi dans l'eau de la fontaine, jouèrent la comédie, en faisant croire qu'ils se voyaient juste pour que Tristan puisse revenir au château.
Ce moment se passe dans un lieu similaire à celui de l'histoire d'Adam et Eve dans l'Ancien Testament : ce lieu est paradisiaque et beau, semblable au jardin d'Eden. Dans le texte, le jardin est défini comme un bel endroit car on peut y admirer « de beaux arbres » qui « y croissaient sans nombre, chargés de fruits ». Dans cette phrase, le mot le plus important est « beaux » car c'est celui qui définit tous les arbres ainsi que l'endroit. On imagine aussi que les fruits apportent de belles couleurs à ce verger. Il y a aussi une fontaine : « l'eau s'épendait d'abord en une large nappe, claire et calme, enclose par un perron de marbre ». Le marbre est un matériau noble. Les deux amants se retrouvent sous un grand pin « haut et droit ». Ce lieu paradisiaque pourrait aujourd'hui être qualifié de romantique. Il est en tous les cas propice à l'effusion des sentiments et à la rencontre amoureuse. C'est ce que les Latins appelaient un locus amoenus (lieu agréable). Ce lieu est vraiment un endroit féérique.
Les deux héros sont intelligents car ils arrivent à piéger le roi. Iseut se fait passer pour la reine aux yeux de Tristan et lui fait comprendre qu'il doit la respecter : « Reine, vous criez merci ». Iseut fait comprendre au roi Marc qu'il n'y a que lui qu'elle aime : « jamais je n'ai donné mon amour à nul homme, hormis celui qui le premier m'a prise, vierge, entre ses bras. » Ils arrivent ainsi à convaincre le roi qu'ils ne s'aiment pas. Par conséquent, nos deux héros sont intelligents pour les raisons suivantes :
- ils optent pour une stratégie élaborée afin de se voir en secret ;
- ils ont démasqué le roi Marc qui les épiait.
Dès qu'ils voient le reflet de Marc dans l'eau de la fontaine, ils changent de discussion et essaient de faire revenir Tristan au château en faisant croire à son innocence. On dirait qu'ils sont en train de faire une pièce de théâtre, comme de vrais comédiens. Ils jouent la comédie. On peut parler de mise en abyme : une fiction à l'intérieur d'une fiction.
Séance 5 : mercredi 18 janvier 2017
Support : Le Roman de Tristan et Iseut, chapitre IX : la forêt du Morois
Objectif :
- découvrir l'amour chaste et platonique
La scène se passe dans une hutte perdue dans la forêt du Morois. Le nom de la forêt fait penser à « Morholt » et à « mort ». Cela nous indique que la forêt est sombre et lugubre.
Tristan et Iseut sont heureux parce qu'ils s'aiment : « Ils s'aiment, ils ne souffrent pas. » Mais d'un autre côté, ils doivent se cacher dans une forêt. Ils sont contraints de survivre et ils sont comparés à des animaux pourchassés : « comme des bêtes traquées ». Ils sont maigres car ils souffrent de la famine. De plus, les doigts d'Iseut sont « grêles » : la conséquence est que la bague du roi Marc tient à peine. Iseut est mal en point, comme le prouve la couleur pâle de son teint : « le visage d'Iseut qui brillait comme un glaçon. »
Cette histoire ressemble à celle d'Adam et Eve. Ils sont chassés du paradis (Tintagel) mais le roi (Dieu dans la Bible) les pardonne. Le philtre d'amour est comparable au fruit défendu dans la Genèse. C'est un amour qui provoque de la souffrance : c'est pourquoi on parle de passion (du latin patior qui signifie « je souffre »). L'amour entre Tristan et Iseut est un amour chaste et platonique car ils ne succombent pas à la tentation et ont compris que les sentiments étaient plus importants que le reste.
Séance 6 : jeudi 19 janvier 2017
Support : Le Roman de Tristan et Iseut : chapitre 19 : la mort
Objectif :
- découvrir un texte lyrique, tragique, épique et pathétique
- reconnaître le merveilleux
Ce texte raconte la mort tragique d'Iseut et Tristan. C'est une fin triste car les protagonistes meurent. Cette histoire est tragique parce que finalement, c'est le philtre d'amour qui a provoqué leur mort. Cette fin confirme les paroles prophétiques de Brangien. Cela prouve que Tristan et Iseut ne pouvaient pas échapper à leur destin.
D'autre part, cette histoire est triste car ils n'ont pas vraiment eu le temps de s'aimer. En effet, la mort de Tristan est absurde car il se laisse mourir. On peut trouver cette attitude suicidaire. Tristan ressent de la tristesse car il ne pourra pas revoir Iseut avant de mourir : « Je ne puis retenir ma vie plus longtemps » ; « dolent et las, il se plaint, soupire, s'agite ; peu s'en faut qu'il ne meure de son désir » ; « il pleurait pour Iseut qui ne venait pas ». On peut penser à Ulysse quand il regarde la mer en pensant à Pénélope. Iseut également est désespérée et effondrée : « hélas ! Chétive, Dieu ne veut pas que je vive assez... »
Par conséquent, ce texte est à la fois pathétique et lyrique. Chaque personnage dévoile ses sentiments les plus intimes.
Enfin, ce texte est épique et merveilleux, notamment quand la nature intervient sous la forme d'une tempête déchaînée, comme si les éléments naturels voulaient empêcher l'union des deux amants.