"Melancholia" de Victor Hugo commenté par Emmy
Année scolaire 2017-2018 – Collège Jules Vallès de Saint Leu d'Esserent
Niveau troisième – séquence 5 : du travail et des hommes
Séance 1
« Melancholia » de Victor Hugo (Les Contemplations, 1856)
Synthèse d'Emmy
Ce texte est un poème de Victor Hugo écrit en 1856. Il se nomme « Melancholia ». Il est organisé en alexandrins. Ce poème est engagé car il dénonce le travail des enfants dans les usines : « Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules. » Victor Hugo dénonce le fait que les enfants sont exploités. C'est également un poème explicite et polémique car le message est clair et on sent que le poète est en colère. On comprend directement que l'exploitation des enfants dans les usines est un acte inhumain : « Une âme à la machine et la retire à l'homme ! » De plus, Victor Hugo est révolté. Il ne comprend pas comment des hommes peuvent détruire des enfants en les exploitant. On voit sa colère par des questions rhétoriques qu'il pose en début de poème : « Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? » Le poète écrit des phrases exclamatives et répète le mot « maudit » quatre fois. Ces phrases et cette anaphore insistent sur son énervement : « Maudit comme le vice où l'on s'abâtardit », « Que ce traviail, haï des mères, soit maudit ! » « Melancholia » est un poème lyrique car il insiste sur des sentiments tels que le désespoir, la colère, la désolation. Pour nous faire comprendre ses sentiments et la dénonciation du poème, Victor Hugo met en place des parallélismes : « Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue. » Ce vers nous précise que les enfants âgés à peine de huit ans n'ont même pas de pause.
La thèse de l'auteur est de dénoncer aux adultes les conditions de travail d'un enfant dans les usines, grâce au présent de répétition et aux compléments circonstanciels de temps : « Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement/Dans la même prison le même mouvement ». La répétition de l'adjectif qualificatif « même » et l'allitération en « m » permettent d'insister sur le côté répétitif de la tâche imposée à l'enfant soumis au rythme aliénant du travail à la chaîne. Victor Hugo veut, en dénonçant cette situation, que la société change. Les enfants sont déshumanisés : « Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil ». Ils travaillent sous une machine comparée à un ogre ou à un monstre dévorant les enfants comme le Minotaure grâce à la métaphore filée : « Accroupis sous les dents d'une machine sombre/Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre ». La répétition du son « on »donne l'impression d'entendre le bruit de la machine et permet de souligner le côté ténébreux de la machine. Le travail détruit la conscience et l'intelligence des enfants. On remarque une gradation qui insiste sur leurs effroyables conditions de travail : l'usine est d'abord désignée comme une « prison », puis comme un « bagne », et enfin comme un « enfer ». Les enfants sont comparés à des « anges » travaillant en « enfer », afin de rappeler au lecteur que la place des enfants n'est pas à l'usine, mais à l'école, pour se construire et développer leur intelligence et leur conscience. Victor Hugo essaie de nous rappeler que les enfants sont « innocents », qu'ils ne méritent pas ce calvaire. La périphrase laudative « ces doux êtres pensifs » insiste sur la même idée. Les enfants sont « doux », ils ne doivent pas être dans un endroit aussi dur.
L'exploitation des enfants dans les usines doit cesser car cela détruit des êtres innocents et doux. Ce travail dégrade leur santé, comme le prouve la proposition subordonnée relative : « que la fièvre maigrit », ainsi que la phrase nominale : « Rachitisme ! ». Dans la phrase qui suit, « Travail dont le souffle étouffant défait ce qu'a fait Dieu », on observe une allitération en « f » qui rappelle la respiration d'un malade. Travailler dans les usines détruit également le physique et l'intelligence des enfants, comme le montre la double antithèse : « d'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin ». Les enfants ne ressentent plus de joie ni de bonheur : « Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? » L'antithèse entre « tous » et « pas un seul » insiste sur l'absence de bonheur. De plus, ce travail ne sert pas à enrichir l'enfant, mais seulement le patron : « qui produit la richesse en créant la misère. » Cette antithèse entre « richesse » et « misère » nous montre que cela ne profite qu'à une seule personne : le patrion, qui est le seul à ne pas se tuer au travail. D'ailleurs, ce travail à l'usine imposé à l'enfant est ensuite comparé à un rapace comme nous le montre cette métaphore : « Travail mauvais qui prend l'âge tendre à sa serre ». Le travail à l'usine est comme un prédateur qui kidnappe et tue l'enfant. Ici, on retrouve le sens étymologique du mot « travail » : « travail » vient du latin trepalium qui signifie « instrument de torture ». Pour les enfants, travailler est une véritable torture.
Victor Hugo dénonce l'exploitation des enfants au nom de l'amour maternel : « Que ce travail, haï des mères, soit maudit ! » Pour lui, ce que font les patrons est horrible car cela va à l'encontre de Dieu et de ses commandements : « Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, œuvre insensée » ; « Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! » Ce que font les hommes aux enfants est un péché. Victor Hugo se fait le porte-parole de Dieu comme un prophète qui veillerait à ce que Dieu ne soit pas sali par le comportement des hommes. Enfin le poète dénonce le travail des enfants au nom du « vrai travail » : « O Dieu ! Qu'il soit maudit au nom du travail même » ; « Au nom du vrai travail, saint, fécond, généreux ». L'énumération d'adjectifs qualificatifs mélioratifs dans le dernier vers cité montre que ce que font les enfants n'est pas du travail digne de ce nom. Le « vrai travail » apporte la santé, la prospérité et le bonheur. Il favorise l'émancipation, l'autonomie, la liberté, ce qui est le contraire de l'aliénation décrite par Victor Hugo dans ce poème.
Pour conclure, je dirais que Victor Hugo s'est engagé contre le travail des enfants à une époque où personne ne voyait le mal. Il a réussi malgré tout à faire ouvrir les yeux à certaines personnes sur ce qu'ils infligeaient à des enfants. Ce poème est très important et montre que les actes qui déshumanisent les enfants doivent cesser et doivent être dénoncés. Victor Hugo témoigne de la cruauté des hommes envers les enfants dès 1856 pour éviter que l'on refasse les mêmes erreurs aujourd'hui.