Interview de Robert Louis Stevenson par Zoé
Jim Hawkins combat Israel Hand. Illustration de Newell Convers Wyeth (1882-1945) pour l'édition de L'Île au trésor datant de 1911.
Pouvez-vous nous résumer votre vie ?
Je suis né le 13 novembre 1850 à Édimbourg, en Écosse. Je m'appelle à l'origine Robert Lewis Balfour Stevenson. Mon père était, avec son père, l'un des fondateurs des nombreux phares créés pour protéger les côtes écossaises. Ma mère était incapable de s'occuper de moi, et comme mon père était très souvent absent, j'ai été confié à différentes nourrices. Mes parents me surnommaient Smout. J'ai été très malade toute ma vie mais surtout dans mon enfance. C'est grâce à ma dernière nourrice Cummy que j'ai découvert les livres d'aventures qu'elle me lisait lorsque j'étais couché. Toute ma vie, j'ai eu de nombreuses bronchites, pneumonies, etc, et j'ai beaucoup manqué l'école. Je n'avais pas beaucoup le droit de sortir de chez mes parents à cause de la météo très humide d’Édimbourg. Heureusement, en 1856, mon cousin Bob est venu vivre avec moi, et nous jouons en nous inventant des histoires.
Comment se sont passées vos études ?
Comme je viens de vous le dire, je suis très peu allé à l'école. Je ne faisais jamais une année complète et j'avais donc du mal à suivre. Je ne m'appliquais pas beaucoup car dès 1864 je n'avais qu'une idée : écrire. Je suis quand même entré à 17 ans à l'université d’Édimbourg pour devenir ingénieur comme mon père et continuer à m'occuper des phares, mais à cause de ma santé, je n'ai pas pu continuer. En 1871, j'ai fait des études de droit et j'ai obtenu mon diplôme d'avocat. Mais je n'ai jamais exercé ce métier. C'est à ce moment-là que j'ai décidé de changer mon nom. J'ai transformé Lewis en Louis et j'ai supprimé Balfour. Je me faisais appeler RLS, tout simplement.
Avez-vous beaucoup voyagé ?
Oh oui ! J'ai beaucoup voyagé. Ma mère étant malade, nous sommes partis vivre à Menton en France, puis elle m'a emmené en Italie, en Autriche et en Allemagne. Puis j'ai fait la tournée des phares avec mon père. En 1876 je suis parti en Belgique et en France. J'ai voyagé dans les Cévennes avec un âne et depuis, un circuit porte mon nom. J'ai d'ailleurs raconté ce voyage dans un livre : Voyage avec un âne dans les Cévennes, en 1879. J'aimais bien me rendre en France, surtout à Hyères où j'ai été très heureux, mais je suis aussi allé en Suisse. J'ai également été aux États-Unis, aux îles Marquises, aux îles Gilbert et maintenant je suis aux îles Samoa.
Vous êtes-vous marié ?
J'ai rencontré ma femme pendant un de mes voyages en France en 1876. Elle s'appelle Fanny Osbourne. C'est une Américaine de dix ans de plus que moi. Elle était déjà mariée et avait deux enfants quand je l'ai rencontrée pour la première fois. Quand Fanny est retournée aux États-Unis pour demander le divorce, je l'ai rejointe en 1879. Nous nous sommes mariés en 1880 et nous sommes revenus en Europe. Nous sommes allés ensemble en Écosse, en Suisse, et en France à Hyères. En 1887, nous sommes repartis, après le décès de mon père, pour les États-Unis, les îles Marquises, et nous nous sommes fixés dans les îles Samoa.
Quels sont vos livres et sources d'inspiration ?
J'ai écrit à peu près 73 livres, nouvelles et poèmes. Je m'inspire toujours de faits réels comme mon voyage dans les Cévennes pour le Voyage avec un âne dans les Cévennes en 1879, comme le dessin que j'ai fait pour mon beau-fils qui me donna l'idée de L'Île au trésor, comme une visite d'une mine d'argent désaffectée pour Les Squatters de Silverado. Depuis que je suis sur l'île de Samoa, j'ai écrit des livres sur le paysage et la vie sur les îles, Dans les mers du Sud. Mes principaux livres sont Voyage avec un âne dans les Cévennes, Les nouvelles mille et une nuits, L'Île au trésor et Docteur Jekyll et Mister Hyde.
Comment va votre santé ?
Malheureusement, malgré la vie dans ces îles paradisiaques, je vais de plus en plus mal. J'aimerais y être enterré face à la mer au sommet du mon Vaea.
Désolée pour vous. Merci de m'avoir accordé cette interview.