Germinal de Zola, quatrième partie, chapitre 7, commentaire de Lara, Alex et Brice

Publié le par Professeur L

Germinal de Zola, quatrième partie, chapitre 7, commentaire de Lara, Alex et Brice

Commentaire de Lara, Alex et Brice

 

            Tout d’abord, Etienne émet un discours épique et polémique, en dénonçant l’exploitation des ouvriers. L’écrivain met en valeur sa vision grâce à la mise en scène de personnages et à la mobilisation d’exemples concrets tirés de la vie quotidienne, à l’aide d’images liées à l’armée ou à la guerre. Il utilise un vocabulaire péjoratif : « affamée », « misère », « deuil » pour caractériser la condition ouvrière. Les termes « si violemment » et « terrible » font d’Etienne un personnage menaçant. Tous ces termes apportent un éclairage décisif sur le registre épique qui est utilisé ici. L’auteur utilise des verbes qui incitent à la violence : « criant », « menacer ». Etienne Lantier donne une sorte de leçon de morale, il veut instruire les ouvriers en leur ouvrant les yeux sur leur condition, il essaye de changer la vision des ouvriers exploités, pour mettre en œuvre une révolution. Ce qui nous fait penser aussi au registre didactique.

            Le point de vue est interne : c’est celui d’Etienne Lantier. L’auteur emploie le discours indirect libre. L’auteur arrive ainsi à nous retranscrire les paroles et les pensées de son personnage. Etienne insiste sur la violence qu’il est nécessaire d’utiliser et de dépasser grâce au champ lexical de la guerre : « comme un drapeau de misère et de deuil, criant vengeance ». Le « drapeau de misère et de deuil » désigne Bonnemort qui sert d’étendard et de justification aux propos d’Etienne. Il emploie notamment la métaphore de la germination et l’hyperbole militaire pour décrire l’union des travailleurs luttant pour leur émancipation : « une armée poussait des profondeurs des fosses, une moisson de citoyens dont la semence germait et ferait éclater la terre, un jour de grand soleil. » C’est un appel à la révolte et cette vision d’une armée coïncidant avec la renaissance d’un peuple correspond bien au registre épique.

 

            Mais son discours est aussi polémique. Il dénonce une société, un comportement, en utilisant un ton violent, et ses mots sont utilisés comme une arme. Il mène un combat contre quelque chose d’injuste : ici c’est l’exploitation des ouvriers qui est violemment dénoncée. Le registre polémique sert à donner une impression particulière sur la sensibilité du lecteur, plus particulièrement la réflexion, et la haine de la Compagnie. Etienne Lantier dénonce l’abus de pouvoir, l’exploitation des ouvriers, en donnant un exemple tiré du vécu : le premier Maheu, symbole de « cette famille usée à la mine, mangée par la Compagnie, plus affamée après cent ans de travail. » L’accumulation à cadence majeure des termes « usée », « mangée » et « plus affamée » permet de personnifier la mine et de l’assimiler à un monstre anthropophage. L’inégalité est aussi présente et dénoncée dans son discours : « un peuple d’hommes crevant au fond de père en fils, pour qu’on paie des pots-de-vin à des ministres ». Les bourgeois profitent, les ouvriers travaillent. Puis Etienne dresse un tableau noir des conditions de vie et de travail en accumulant les maladies provoquées par le travail à la mine : « l’anémie, les scrofules, la bronchite noire, l’asthme qui étouffe, les rhumatismes qui paralysent ». Il veut engendrer la peur et surtout la colère, et rappeler aux ouvriers ce que la mine provoque. Dans cet extrait polémique, il dénonce beaucoup l’inégalité entre bourgeois et ouvriers : « des millions de bras, pour la fortune d’un millier de paresseux. » Il accuse la mine de se nourrir de ses ouvriers, qui eux travaillent dans des conditions effroyables et survivent : « il suçait la vie des meurt-de-faim qui le nourrissaient ! » Il utilise des phrases exclamatives, d’où le ton violent, ainsi qu’une personnification et une hyperbole pour désigner la mine et le capital. Cela montre aussi qu’Etienne s’adresse à une foule qu’il cherche à convaincre. Il veut convaincre la foule des ouvriers de faire la révolution.

 

            Cet appel à la Révolution, c’est le point de vue, la vision d’Etienne, qu’il essaye de transmettre. Elle est vue comme la fin du monde. Elle est même apocalyptique. Le capital est personnifié à travers l’animalisation péjorative « ce pourceau immonde » et « cette idole monstrueuse », ce qui insiste énormément sur le côté tyrannique du capital, et fait de lui un faux dieu qu’il faut détruire. Etienne voit la mine comme un être monstrueux, un « dieu impersonnel », une sorte de Minotaure qu’il est donc nécessaire de détruire : « on le noierait sous le sang, ce pourceau immonde, cette idole monstrueuse gorgée de chair humaine. » La structure emphatique qui met en valeur par détachement l’ennemi à abattre, l’énumération et le futur dans le passé servent à montrer la force de conviction et le fantasme de destruction violente d’Etienne.

            Etienne voit la révolution des ouvriers comme une nécessité vitale. Il en a marre de voir les travailleurs de la mine souffrir et être payés une misère. Il accuse le capital d’exploiter les ouvriers. Dans ce discours, c’est une lutte des classes sociales et de la misère ouvrière. Alors Etienne est le « soldat raisonneur de la révolution ». Il appelle à la vengeance, en formant « une armée noire » « dont la germination allait bientôt faire éclater la Terre. » C’est sa vision de la Compagnie. Il espère mettre un terme aux inégalités dont sont victimes les ouvriers.

 

            Au terme de cette analyse, on comprend qu’Emile Zola met en scène un nouveau prophète, menaçant et vengeur, de la révolution, grâce aux registres épique et polémique. Il donne aussi son avis, sa vision de la révolution : l’Apocalypse. Ce passage du livre Germinal d’Emile Zola nous fait penser au tableau d’Adolphe von Menzel intitulé La Forge, car son tableau réaliste, épique et fantastique représente bien l’acharnement des ouvriers et la misère de la condition ouvrière face à des machines toutes -puissantes, comme dans le discours d’Etienne Lantier.

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