Les Animaux malades de la peste avec la seconde 12
Séquence 4 : pouvoirs du langage, langage du pouvoir
Support : « Les Animaux malades de la peste » de Jean de La Fontaine
- fable : c'est comme un conte, mais caricaturé avec des animaux. Les êtres humains sont représentés sous forme animale. Les animaux sont personnifiés. Les personnages sont des allégories des vices et des vertus. Le but de la fable est de raconter une histoire avec un but moraliste. Ce texte satirique a une visée didactique. On peut y voir un sens littéral et un sens allégorique. Le but est souvent de se moquer et de dénoncer les défauts de la société.
La Fontaine puise son inspiration dans deux sources :
- Les fabliaux du Moyen-Age et Le Roman de Renart
- Les fables d’Ésope dans l'Antiquité.
Synonyme de fable : un apologue.
La justice des animaux apparaît égoïste et cruelle : ils ne recherchent pas la justice, mais un bouc-émissaire.
Le lion est un profiteur parce qu'il sait qu'il ne va pas mourir puisqu'il est le roi. C'est aussi un manipulateur : il fait croire à ses sujets qu'ils sont ses « chers amis ». Il travestit la réalité en masquant la hiérarchie. Il leur donne de faux espoirs, puisqu'il leur fait croire que le meurtre d'un bouc-émissaire va guérir le monde : « Peut-être il obtiendra la guérison commune. » Le modalisateur « peut-être » (adverbe) prouve que le lion entretient des espoirs illusoires. Il est hypocrite car il ment à sa communauté : « je me dévouerai donc, s'il le faut ». La proposition conditionnelle ou hypothétique « s'il le faut » prouve son hypocrisie. La position du « pour moi » suggère aussi qu'il se considère comme très important. La conjonction de coordination « mais » souligne le fait qu'il ne veut pas se sacrifier.
Le renard glorifie le lion : « Sire », « vous êtes trop bon roi ». Il développe un raisonnement illogique qui va dans le sens du roi. Il dédramatise les péchés du lion. Il utilise des flatteries. Il emploie des flagorneries (flatteries hypocrites). La Fontaine dénonce l’obséquiosité des courtisans.
Le Loup parvient à manipuler tous les autres animaux pour qu’ils se retournent tous contre l’âne. Il l’enfonce en l’insultant : « ce maudit animal », « ce pelé, ce galeux ». On observe l’utilisation d’une énumération et d’une gradation, renforcées par la répétition anaphorique du déterminant démonstratif « ce ». Le Loup pointe du doigt la victime : il la montre, il en fait un monstre (du latin monstrare qui signifie « montrer du doigt »). L’auteur emploie le mot « harangue » pour caractériser le discours violent du loup qui encourage les autres à tuer l’âne. La parole du Loup est au discours indirect comme le prouvent l’absence de guillemets, l’expression introduisant la parole (« prouva par sa harangue ») et une proposition subordonnée conjonctive (« qu’il fallait…leur mal »). Le contraste hyperbolique entre « peccadille » et « pendable » montre la force de persuasion criminelle du loup. L’allitération en « p » souligne le mépris.
L'ironie mordante de l'auteur apparaît à travers le discours indirect libre : "Manger l'herbe d'autrui, quel crime abominable ! " La phrase exclamative, dont le rythme est équilibré grâce à l'utilisation d'un alexandrin coupé à la césure, séparant chaque hémistiche, permet de donner plus de force aux propos du poète, qui souligne ainsi la cruauté barbare et injuste de cette violence sacrificielle.
La Fontaine décrit ici un mécanisme, celui de la violence sacrificielle, qui a été précisément analysé par René Girard dans ses ouvrages, et notamment dans La Violence et le Sacré, Des Choses cachées depuis la fondation du monde ou Le Bouc-émissaire. A travers cette fable, on comprend que le langage peut tuer. Dans l'épisode de Buffy contre les vampires, l'absence de paroles engendrait la haine et la destruction de la société. Ici, la maîtrise perverse de la parole au service d'un pouvoir arbitraire permet de tuer un bouc-émissaire.