Pourquoi les hommes font-ils la guerre ?
4ème 1 – Année scolaire 2007-2008
Séquence n°4 : expliquer et argumenter : pourquoi les hommes font-ils la guerre ?
Séance 2
Myriam Revault D’Allonnes, Pourquoi les hommes font-ils la guerre ?
Est-il possible que les hommes cessent de faire la guerre ? Pourquoi n’arrêteraient-ils pas de se battre pour vivre toujours en paix ? Peut-on imaginer un monde sans guerre ?
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Réfléchissons sur le comportement des animaux. Nous savons que les êtres vivants se mangent entre eux : les animaux mangent les plantes, les gros poissons mangent les petits, les loups mangent les agneaux ou les chèvres […], les lions mangent les antilopes, etc. Les plus forts mangent les plus faibles. A l’intérieur d’une même espèce, les animaux se battent aussi : pour un territoire, pour se défendre quand ils sont attaqués, pour protéger leur nid et leurs petits, ou encore parce qu’ils sont des prédateurs qui se nourrissent des proies dont ils s’emparent. Cette lutte est liée à la fois à la vie et au prestige, au désir de montrer qu’on est le plus fort…
Mais nous ne pouvons pas tirer de la lutte ou du combat entre les animaux des conclusions sur la guerre que se font les hommes.
Pourquoi ? Tout d’abord, nous ne pouvons pas réfléchir sur les êtres humains comme s’ils étaient des êtres vivants avec quelque chose « en plus » : par exemple, le fait de marcher sur deux pieds et d’utiliser ses mains, de détenir la parole ou d’utiliser des outils. Car ce qui différencie notamment les hommes des animaux, c’est qu’ils vivent en société, dans des sociétés organisées, régies par des lois, des règles qui indiquent ce qui est interdit et ce qui est permis, et qu’ils sont dotés d’un langage qui ne leur permet pas seulement de communiquer mais aussi de s’exprimer, se livrant à cette activité fondamentale qu’est le travail. Ils s’adaptent ainsi à la nature et la transforment, et, de plus, ce travail est différencié ou spécialisé : tous ne font pas le même travail. Cet ensemble de traits, c’est ce qu’on appelle la culture. Ce sont donc ces mêmes hommes qui font la guerre : des hommes qui parlent, qui travaillent, qui vivent avec d’autres hommes selon des règles communes auxquelles ils se conforment, notamment au sein d’une organisation politique, de cités et d’Etats.
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La guerre ne vient pas de la nature, elle n’est pas « naturelle » : elle est sociale et culturelle. Les hommes ne se font pas la guerre en tant qu’individus, en tant que particuliers. Ils ne combattent pas en leur nom propre – même s’ils combattent corps à corps ou se battent en combat singulier, ou encore tirent sur d’autres individus – mais en tant qu’ils appartiennent à une société, à un pays, en tant qu’ils sont membres d’une communauté organisée. C’est dans cette situation – et dans cette situation seulement – qu’ils exercent cette violence sans limites qui consiste à tuer leur ennemi alors qu’ils n’y sont pas autorisés en temps de paix. La guerre est une conduite organisée, une action violente collectivement organisée entre des sociétés.
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La guerre est liée à la civilisation : la civilisation ne signifie pas que la barbarie disparaît. Il faut penser les deux choses à la fois : les sociétés humaines deviennent à certains égards de plus en plus « pacifiées », de plus en plus « civilisées », mais aussi de plus en plus violentes ; ces deux aspects sont inséparables, on ne peut pas les dissocier.
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La violence est probablement un élément que l’on ne pourra jamais faire entièrement disparaître : le problème, c’est donc de la contrôler, de la régler, de la canaliser. Comment faire en sorte que le conflit prenne des formes qui ne soient pas meurtrières ? C’est une vraie et difficile question, et c’est peut-être – tout au moins en ce qui concerne la guerre – la seule question vraiment intéressante, même si nous ne disposons pas de réponses toutes faites.