fiche synthétique sur René Girard

Publié le par Professeur L

Année scolaire 2007-2008 – BTS
Lycée André Malraux (Béthune)
Séquence consacrée à l’amour : la jalousie est-elle un obstacle ou un moteur du sentiment amoureux ?
Support : René Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque, chapitre 1 : « Le désir triangulaire ».
Fiche synthétique
 
 
A. Le désir mimétique : sujet désirant, médiateur et objet désiré
 
Dans Mensonge romantique et vérité romanesque, le penseur et anthropologue René Girard se propose de décrypter le véritable mécanisme du désir, à partir d’une analyse de grands romans tels que Don Quichotte de Cervantès, Le Rouge et le Noir de Stendhal, Madame Bovary de Flaubert, Du Côté de chez Swann de Proust et Les Frères Karamazov de Dostoïevski.
René Girard s’emploie surtout à détruire un préjugé tenace sur le désir, et notamment sur le désir amoureux et la jalousie : il y aurait un désir propre, personnel, authentique et immédiat et la jalousie serait le moteur du désir amoureux. En réalité, il n’y a que du désir impropre, impersonnel et inauthentique. La relation qui va du sujet désirant à l’objet désiré n’est pas immédiate et directe. La relation qui va du sujet désirant à l’objet désiré est toujours médiatisée par une tierce personne, qui est prise pour modèle plus ou moins avoué du désir. Il n’y a jamais de désir selon soi. Le désir est toujours selon l’autre. Autrement dit, un objet n’est pas désiré parce qu’il est désirable. C’est l’inverse qui est vrai : un objet est désirable parce qu’il est désiré par autrui que je prends pour modèle et pour rival. Tout désir est une copie ou une imitation de désir.
C’est pourquoi René Girard qualifie le désir de mimétique. La figure géométrique qui permet de comprendre le mécanisme du désir mimétique est le triangle : le sujet désirant, le modèle-rival, et l’objet désiré sont les trois angles de cette figure (cf. schéma page 2)
 
 
B. La jalousie est le produit du désir mimétique
 
C’est cette conception du désir mimétique qui permet de comprendre le phénomène de la jalousie. Lorsque je suis jaloux, je ne suis pas jaloux d’autrui parce que celui-ci possède un objet que j’ai toujours désiré auparavant. Car en réalité je ne désire l’objet possédé par autrui que parce qu’autrui le possède. Je ne peux pas m’empêcher de désirer ce que l’autre désire.
En désirant le désir d’autrui, je fais d’autrui un modèle, voire une idole. Je le vénère bien plus que l’objet qu’il possède. Et parce que je vénère autrui, mon modèle, mon idole, je suis voué à désirer ce qu’il désire, mais en même temps je n’ose pas entrer en rivalité avec lui. Autrui dont je copie le désir est donc à la fois mon modèle et mon rival. Tout se passe comme si aux yeux du jaloux le modèle disait : imite-moi, ne m’imite pas, désire-moi, ne me désire pas.
D’où la souffrance du jaloux, condamné à vénérer et à haïr à la fois le modèle de son désir. Le jaloux vénère son modèle parce qu’il imite son désir. Il hait son modèle parce que son statut d’idole l’empêche d’accomplir son désir et de prendre possession de l’objet désiré. Et, enfin, le jaloux se hait lui-même, car il a honte d’oser haïr son idole.
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