texte du dernier acte pour le spectacle
Chers élèves de 6e F,
Certains d'entre vous m'ont informé de la perte de leur texte pour la préparation du spectacle. J'envoie donc dans un premier temps le texte du dernier acte (le procès des parents du Petit Poucet). Ceux qui l'ont perdu doivent impérativement le recopier sur une feuille et le ranger au bon endroit dans le classeur (partie séquence séquence 3).
Je rappelle que chacun doit connaître son texte pour lundi 10 mai 2010. Chacun de vous passera à l'oral et j'évaluerai sa connaissance du texte, ce qui donnera lieu à une note.
Voici le texte du dernier acte :
Dernier acte : la condamnation des parents au tribunal
Personnages : le juge, le père, la mère, les sept enfants, le procureur, l'avocat des enfants, le public, des journalistes.
Le juge : Bonjour Madame et Monsieur.
Les parents : Bonjour Monsieur le Juge.
Le juge : Combien avez-vous d'enfants ?
Le père : Nous avons sept enfants.
Le juge : Travaillez-vous ?
La mère : Nous n'avons pas de travail ; personne ne veut nous embaucher car nous n'avons pas d'adresse précise, avec un numéro et une rue comme les gens « comme il faut ».
Le juge : Avez-vous de la famille ?
Le père : Non malheureusement. Ils sont tous décédés brutalement à cause de maladies ou de malnutrition.
Le juge : Pourquoi avez-vous abandonné vos enfants ?
La mère : Nous les avons abandonnés car nous n'avions plus d'argent et nous espérions que quelqu'un puisse les récupérer et leur donner à manger.
Le juge : Où et quand les avez-vous abandonnés ?
Le père : On les a vendus à un riche homme d'affaire qui voulait s'en occuper, il y a deux mois environ.
L'avocat des enfants : Que vouliez-vous qu'ils fassent ? Les regarder mourir de faim ou les céder à des trafiquants d'enfants pour les pays riches ? Ils préféraient faire confiance à une « bonne étoile » pour leur avenir chez eux au Brésil. Ils sont pauvres mais ils ont de l'honneur, eux, les Petites Gens ! C'est leur seule richesse...
Le procureur : D'après l'article 9 des droits internationaux de l'enfant, les enfants doivent être protégés contre toute forme de négligence, de cruauté et d'exploitation. D'après le principe 8 du même texte, l'enfant doit être en toutes circonstances le premier à recevoir protection et secours. Dans le cas présent, les parents n'ont pas suivi les droits de l'enfant, même si les circonstances étaient uniques, l'article 8 dit bien en toutes circonstances. J'en viens au fait que les parents n'ont pas respecté les droits de l'enfant.
L'avocat des enfants : Selon la même Déclaration des droits de l'enfant, l'Etat a le devoir de venir en aide aux enfants souffrant de la misère. Or que fait l'Etat pour ces enfants ? Rien !
Le juge : Savez-vous que vous êtes responsables de vos enfants jusqu'à leur majorité ?
Le père : Oui, mais nous n'avions plus d'argent. On les aime et on n'a voulu que leur bien.
Le procureur : Ce n'est pas une raison. Les Droits internationaux de l'Enfant de 1989, ajoutés au Code des Mineurs du Brésil de 1927 stipulent que tous les enfants doivent être protégés contre la cruauté et la négligence des adultes de la famille et de la société.
(Les parents se tiennent debout, confus, en se tordant les mains avec un mouchoir dans une main crasseuse de la mère et un chapeau trituré par les mains du père.)
Le juge (il se lève, rouge de colère, appuie ses deux mains sur son bureau et s'écrie) : Comment peut-on préférer l'argent à l'amour pour ses enfants ?
(Les parents baissent la tête)
Le juge : Vos enfants auraient certainement préféré rester auprès de vous, quêter dans les rues, fouiller les poubelles à la recherche de quelque nourriture que d'être abandonnés comme des « bons à rien » ; dans une famille, ce sont les premiers à recevoir des secours.
La mère : Oui, mais nous ne voulions pas les voir pleurer et souffrir devant nous.
Le juge (il se lève à nouveau, et proclame d'une voix forte) : Les enfants ont besoin d'un logement et d'une alimentation quotidienne.
Le procureur : L'enfant a besoin d'un logement et d'une alimentation saine, de loisirs et de soins médicaux adéquats d'après l'article 4. Quand vous les avez abandonnés, vous les avez privés d'un logement, même si celui-ci était précaire. C'est mieux que d'être à la rue. En les abandonnant, vous leur enlevez leurs droits à l'éducation et à l'amour. Ils ne peuvent plus se développer et devenir autonomes, bref, humains ! Si les parents abandonnent leurs enfants dans de telles circonstances, c'est qu'ils les considèrent comme des encombrants, et qu'ils espèrent les voir mourir afin de récupérer plus de biens pour eux-mêmes !
Le public murmure en approuvant les paroles du procureur. Une femme dans le public hoche la tête d'un air entendu.
Le père (les parents se lèvent, offensés que ces beaux messieurs ne comprennent pas leur grave problème) : Oui, nous le savons, mais nous n'avions plus les moyens de nous occuper d'eux convenablement, c'est-à-dire de pouvoir les nourrir et les loger convenablement.
Le procureur : Les enfants doivent bénéficier d'une éducation et ne doivent pas être séparés de leurs parents. C'est ainsi !
L'avocat des enfants : C'est vrai, mais en l'absence des parents, c'était à l'Etat de les prendre en charge. Si l'Etat faisait son travail, les parents n'auraient pas abandonné leurs enfants.
Le procureur : Ce n'est pas une raison suffisante pour abandonner ses enfants à un inconnu qui prétend pouvoir les protéger.
Le juge : La séance est levé. Le jury va à présent délibérer pour rendre la sentence.
Le juge et ses accesseurs se lèvent comme des maîtres du monde, pour aller délibérer. Pendant ce temps, les parents pleurent devant un public compréhensif et venu du même bidonville, tous aussi malheureux que les prévenus et futurs condamnés. La cour entre dans la salle. Un nuage de silence tombe sur l'assistance. Chacun pense que ce tribunal pourrait se réunir pour lui et craint la sentence.
Le juge : Accusés, levez-vous !
Le père et la mère se lèvent en tremblant et en fixant le sol, de peur de rencontrer le regard glacial du juge.
Le juge : Nous avons délibéré et nous vous condamnons à reprendre vos enfants qui ont été recueillis et hébergés par une association, à trouver rapidement du travail et à scolariser vos quatre enfants. Ils se portent bien, n'ont pas trop souffert car le Petit Poucet a apparemment rapidement trouvé les moyens de subvenir aux besoins de toute la fratrie. Les enfants ont compris votre action et ne vous jugent pas méchamment. Votre peine sera de participer, pendant votre temps libre, à des regroupements d'aide aux autres parents et enfants pour qu'une telle situation ne se reproduise plus ; et ceci pendant trois ans.
Le père : Monsieur le Juge, nous acceptons tout et nous vous promettons de ne plus abandonner nos enfants et de toujours leur donner le meilleur.
La cour se retire dignement et les parents, heureux et soulagés, partent pour aller rejoindre leurs enfants et faire de nouveau une famille unie pour lutter contre la pauvreté.