Le livre du diable : scénario du film des 5eB

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P1020941.JPGLE LIVRE DU DIABLE

Récit policier écrit par la 5eB

Année scolaire 2010-2011

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            Tout commença dans une abbaye prestigieuse : l'abbaye de Royaumont, à la fin du XIIIe siècle. Il était minuit et une main gantée de fer sortit de l'ombre. Un moine entra dans la bibliothèque pour aller consulter une vieille Bible. A ce moment-là, un livre tomba. Le moine, intrigué, tressaillit, et tenta de plisser les yeux vers la source du bruit. Il se pencha pour ramasser le livre. Une arme sortit de l'ombre : une hache. Soudain, un cri strident retentit. Les moines surpris par ce cri terrifiant se réveillèrent en sursaut et accoururent vers la bibliothèque.

            L'abbé rentra dans la salle en premier. Il découvrit le cadavre gisant à terre, dans une flaque de sang :

            « Oh mon Dieu ! » s'exclama l'abbé.

            Les autres moines arrivèrent en masse et découvrirent le spectacle morbide qui s'offrait à eux. Ils firent le signe de croix et se mirent à prier. Un brouhaha se dégagea dans la salle.

            Le lendemain, deux personnes venant d'un autre monastère se présentèrent à l'abbaye. Ces deux personnages étaient convoqués par l'abbé pour résoudre l'énigme du meurtre. Ils se présentèrent devant l'abbé qui les accueillit :

            « Sois le bienvenu, Jacques-Antoine de Marsilly. Qui est ce jeune moine qui t'accompagne ?

-        Ce jeune moine est mon disciple. Je te prie de bien vouloir accueillir Camille Châteaurouge.

-        Nous t'accueillons dans cette vaste demeure qui est la maison de Dieu. Nous la partageons entre frères. Par conséquent, ton disciple est le bienvenu. Tous les amis de Jacques-Antoine de Marsilly sont mes amis.

-        Merci à toi pour ton hospitalité. Que Dieu te bénisse ! Allons droit au but : que se passe-t-il ? J'ai cru comprendre qu'un terrible forfait a été commis dans l'enceinte de ton abbaye.

-        Un terrible événement s'est passé la nuit dernière : un moine a été retrouvé assassiné dans la bibliothèque.

-        A-t-on retrouvé l'arme du crime ?

-        Elle n'était pas difficile à trouver, puisqu'elle est restée plantée dans le corps de la pauvre victime.

Le disciple fit un signe de croix. Pendant qu'ils discutaient, l'abbé et ses deux convives se dirigeaient vers les lieux du crime.

En entrant, ils découvrirent le corps du pauvre moine ensanglanté.

-        Quand avez-vous découvert la victime ?

-        Nous avons découvert la victime, la nuit dernière, aux alentours de minuit.

-        Comment avez-vous su qu'il était dans la bibliothèque ?

-        Un cri strident provint de la bibliothèque. Nous accourûmes. Et c'est ainsi que nous découvrîmes le corps de notre malheureux frère.

-        Qui a découvert la victime précisément ?

-        Nous sommes arrivés en masse.

-        Tout le monde était-il présent ?

-        Je n'en sais trop rien. Aucune idée.

-        Je vous remercie pour ces précisions. A présent, pouvez-vous nous laisser seuls, mon disciple et moi, afin que nous inspections les lieux et le corps ?

-        J'aimerais plutôt assister à l'inspection.

-        Je crains que cela ne soit possible. Nous avons besoin de calme et de concentration pour trouver des indices éventuels et mener à bien notre enquête.

-        Comme vous voulez, mais je vous préviens : vous ne trouverez rien ici, car nos frères ont déjà inspecté les lieux et n'ont rien trouvé qui puisse nous indiquer une quelconque piste.

-        Oui, j'en conviens, mais mon métier consiste justement à inspecter le corps et les lieux du crime. Par conséquent, je vous demande de nous laisser faire notre travail en disposant.

A ce moment-là, un moine arriva prévenir l'abbé car un frère était malade et avait besoin de parler au maître des lieux.

-        Bien, mes frères, je me vois dans l'obligation de vous laisser ici. Un frère sollicite mon aide.

-        Je vous remercie. Nous n'avions plus besoin de vous de toute façon.

 

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L'abbé laissa sur place le moine détective et son disciple. Sitôt la porte refermée, Camille enleva sa capuche et libéra sa chevelure, découvrant ainsi sa féminité.

-        Enfin ! J'ai cru que cet abbé ne nous lâcherait jamais !

-        Pas si fort Camille ! Les murs ont des oreilles ! Un peu de tenue voyons ! Je te propose d'inspecter les lieux. Toi, va à gauche, moi je m'occupe du cadavre et des rangs de droite.

-        D'accord, je vous laisse avec le moine haché menu.

-        Un peu de respect pour les morts !

            Le moine-détective observa le cadavre avec minutie et attention, tandis que Camille se promenait dans les rangs de la bibliothèque. Pendant que Camille regardait les livres, elle tomba sur un morceau de parchemin déchiré entre deux livres. Elle le prit et le lut : il y avait inscrit dessus des mots latins et des équations qui faisaient penser à une énigme.

-        Maître, regardez ce que je viens de trouver ! Ça ne fait pas très organisé dans une bibliothèque de laisser des bouts de papier ainsi !

-        Quoi ? Montre-moi ça vite ! Mmm....Très intéressant. Voyons cela...Et quelle déduction pourrais-tu en tirer ?

-        Eh bien je ne sais pas moi, c'est vous le détective.

-        Tu n'as pas répondu à ma question.

-        Je pense qu'il a été arraché d'un livre.

-        Bien. Ensuite ?

-        Celui qui a écrit sur ce bout de papier est apparemment très cultivé, puisque nous avons du latin et des mathématiques.

-        Tu progresses mon disciple. Je suis fier de toi. Et tu n'as rien remarqué d'autre, de particulièrement énigmatique ?

-        Attendez voir...Oh ! Regardez, ce symbole étrange, à peine visible ?

-        Reconnais-tu ce signe ?

-        Ne serait-il pas dans la Bible par hasard ?

-        Presque. En réalité, il s'agit du signe du démon qui est utilisé par les adeptes de la sorcellerie.

-        Que ferait ce signe maléfique dans la maison de Dieu ?

-        De toute évidence, je pense que le meurtre a probablement un lien avec la présence inopportune de ce papier. De surcroît, ce bout de papier ne peut pas exister isolément. S'il y a un bout de papier, il y a forcément un livre qui va avec.

-        Vous voulez dire que ce bout de papier a été détaché du livre ? Mais de quel livre ? Et pour quelle raison ?

-        Tu as raison de poser ces questions. Mais cela a sûrement un lien avec l'homme qui a assassiné le moine et aurait voulu voler ce livre et aurait égaré une page par pure inadvertance. Je commence à comprendre pourquoi l'abbé ne voulait pas nous laisser seuls dans la bibliothèque. Apparemment, notre abbé cache quelque chose, à commencer par la présence d'un livre qui n'a pas sa place dans une abbaye. A mon avis, mon cher disciple, cette enquête va se révéler plus complexe et plus dangereuse que prévu.

-        Il va falloir interroger l'abbé, mais également un certain nombre de moines, pour tirer l'affaire au clair.

 

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Quand Jacques-Antoine et Camille sortirent de la bibliothèque, des moines accoururent vers eux en criant : « Nous avons trouvé le coupable !

-        Comment ? Comment est-ce possible ? Déjà ? S'exclama le moine-détective. Et peut-on savoir de qui il s'agit ? Qui est le coupable ?

-        Le coupable ? La coupable ! La voilà, c'est elle ! »

Nos deux héros découvrirent alors une jeune femme, habillée en paysanne, apeurée, qui se débattait au milieu de la foule des moines en furie :

« Ce n'est pas moi la coupable ! Je vous en prie ! Lâchez-moi ! Je ne vois pas du tout de quoi vous parlez ! »

Les moines étaient fous de colère. Ils ne se contrôlaient et étaient prêts à la lyncher.

« Mes frères ! Je vous en prie ! Faites preuve de compassion et de charité ! N'oubliez pas l'enseignement de Dieu : nous devons regarder le monde sans haine ! Pourquoi l'accusez-vous ? Avez-vous des preuves ? »

Pierre, un des moines, s'avança et prit la parole :

« C'est son mari, le bûcheron du village de Saint-Leu-d'Esserent, qui nous a avertis ce matin : sa femme n'était pas chez elle la nuit dernière.

- Et alors ? Moi non plus je n'étais pas chez moi la nuit dernière. Cela ne fait pas pour autant de moi le coupable du crime.

- Certes, mon frère, mais son mari nous a aussi raconté qu'elle avait une liaison secrète avec la victime. Enfin, la hache avait disparu. »

Un autre moine s'avança et avoua :

« La nuit dernière, quand nous avons découvert le corps dans la bibliothèque, j'avais trouvé à côté de lui un cheveu qui semble appartenir à cette paysanne !

- Et pourquoi ne nous avez-vous pas prévenus ? C'était un indice important !

- Et bien, je me doutais de quelque chose de bizarre, et je ne voulais pas nuire à la réputation de notre institution.

- Mais tuer cette personne risque de nuire à votre institution et, si elle est innocente, cela ne résoudra rien.

- Mais elle est coupable ! Tout l'accuse !

-        Justement, c'est parce que tout l'accuse qu'elle est probablement innocente. Laissez-la moi, Camille et moi, nous allons l'interroger.

-        Soit, répondit l'abbé. Mais vous ne pourrez rien tirer de cette sorcière. »

Dans une cellule de l'abbaye.

« Où étiez-vous la nuit du crime ?

-        Chez moi.

-        Vous savez bien que c'est faux.

-        Comment pouvez-vous le prouver ? Vous n'êtes pas mon mari.

-        Et bien justement, c'est votre mari qui nous a informés de votre absence la nuit du crime.

-        Oh le traître ! En réalité, cet homme n'était qu'un jaloux ! Et ce n'était pas avec son travail de bûcheron que l'on pouvait manger à sa faim tous les jours.

-        Et c'est pour cela que vous avez vendu vos services, ou plus exactement votre corps, au moine ?

-        Oui, je l'avoue, mais je ne l'ai pas tué, je vous le jure !

-        Vous aviez trop besoin de l'argent du moine pour le tuer.

-        Exactement.

-        Mais la nuit du meurtre, pourtant, vous n'étiez pas chez vous.

-        J'étais dans l'abbaye, je m'apprêtais à rejoindre mon client, comme d'habitude, quand je le découvris étendu, à terre, dans une mare de sang.

-        Et vous n'avez pas vu son agresseur ?

-        J'ai aperçu une ombre sortir et j'ai entendu le hennissement d'un cheval et le bruit de sabots. Je me précipitai vers une fenêtre, mais je n'ai rien pu voir d'autre.

-        Alors vous êtes partie, et dans votre précipitation, vous avez sûrement dû perdre un cheveu.

-        Peut-être, mais le moine assassiné aimait bien garder un de mes cheveux pour son plaisir personnel.

-        Je crois que votre témoignage vous innocente définitivement. Tout s'explique grâce à votre collaboration. Mais, avant de vous relâcher, j'aurais une dernière question à vous poser.

-        Je vous écoute. »

A ce moment-là, Camille s'approcha et prit la parole :

«  Au cours de vos petites séances de massage avec le moine, avez-vous entendu parler d'un livre particulier, voire secret ?

-        Quel genre de livre ?

- Le genre de livre à ne pas mettre entre toutes les mains.

-        Nous n'avions pas besoin de ce genre de livre pour faire nos séances.

-        Euh...Je pense que nous ne parlons pas de la même chose. Je parle d'un livre savant, qui expliquerait des choses interdites.

-        Vous me parlez d'un livre savant, alors que je ne sais même pas lire ! »

A cet instant précis, Jacques-Antoine intervint pour démêler la situation et apaiser un conflit naissant entre les deux femmes.

« Je pense que vous nous avez tout dit, et nous vous en remercions. Il nous reste à avertir nos frères que vous êtes totalement innocente. »

Jacques-Antoine et Camille sortirent de la cellule avec la jeune paysanne et expliquèrent devant l'assemblée des moines que cette pauvre femme était innocente.

« Mes chers frères, la femme ici présente a été innocentée. On ne peut pas être plus innocente qu'elle ! Par conséquent, je vous prie de calmer votre haine envers cette femme.

-        Et quelles preuves pouvez-vous apporter pour confirmer son innocence ?

-        Cette femme avait des relations sexuelles avec votre frère défunt. Elle avait besoin de ce petit négoce pour subvenir à ses besoins. Donc elle n'avait aucune raison de l'assassiner.

-        Mais comment pouvez-vous être certain que ce n'est pas elle qui a planté la hache ? D'autant plus qu'il s'agit d'une hache de bûcheron ! Or son époux est bûcheron !

-        Et bien soit ! Faites venir la hache, et voyons si elle est capable ne serait-ce que de porter cette arme ! »

Des moines apportèrent l'arme du crime et la tendirent à la jeune paysanne. Celle-ci tenta désespérément de la lever, mais en vain. Camille, devant la stupéfaction et les murmures des moines, intervint :

« Vous voyez bien que cette pauvre femme est innocente : elle n'est même pas capable de porter et de lever une hache !

-        De surcroît, ajouta Jacques-Antoine, elle n'a aucune tache de sang sur ses vêtements.

-        Oui, mais elle s'est peut-être changée entre temps !

-        Avez-vous oublié que c'est une paysanne pauvre qui n'a point de vêtement de rechange ? »

Face à cette question, les moines se turent, approuvant en silence cette réflexion.

« C'est la raison pour laquelle je vous prie, pour la dernière fois, de relâcher cette femme innocente, coupable uniquement d'être pauvre et de subir vos préjugés ! »

 

           

 

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            Après avoir innocenté la paysanne, Jacques-Antoine et Camille se dirigèrent vers la bibliothèque pour en savoir plus sur l’abbaye et pour essayer de résoudre le mystère du crime.

            « Je trouve quand même que cette bibliothèque contient beaucoup de livres ! dit Camille.

            -Je te rappelle que c’est le roi Louis IX qui l’a fondée, en 1228 plus précisément. Il lui a donc fourni un bon nombre de livres, dit Jacques-Antoine une fois dans la bibliothèque. Maintenant, essaie de trouver des livres qui nous donnerons des informations. »

            Camille hocha la tête et s’en alla chercher des livres utiles. Pendant ce temps, Jacques-Antoine feuilletait un livre près d’une étagère qui concernait Louis IX.

-        Intéressant ! Apparemment il est monté sur le trône à l’âge de douze ans.

-        Qui donc ? demanda Camille.

-        Saint Louis. A-t-il été canonisé ?

-                   Dans ce livre, dit-elle en le lui désignant, il indique qu’il a été canonisé par le pape Boniface, vingt-sept ans après sa mort.

-        Hum…Je vois. Saint Louis était également un roi très pieux.

-        Qu’est-ce que cela signifie ? interrogea Camille en levant de grands yeux vers lui.

Jacques-Antoine rit.

-                   Petite ignorante ! C’est une personne très croyante, qui exécute beaucoup de rites religieux : il écoutait deux messes tous les matins, récitait de nombreuses prières, s’agenouillait cinquante fois avant de se coucher et s’imposait de dures pénitences. Concernant l’abbaye, as-tu trouvé quelque chose ?

-                   Oui…Le bâtiment le plus important dans l’abbaye est l’église. On peut y accéder en passant par le cloître qui est un lieu de méditation mais surtout un lieu de passage car il est au centre de l’abbaye.

-                   Je sais tout cela…N’oublie pas que je suis aussi un moine ! Autre chose : dispose-t-on d’un plan de l’abbaye ?

-                   Ce livre n’en dit pas plus…Mais celui-ci…Oh ! Maître ! Maître !

-                   Calme-toi, Camille…dit Jacques-Antoine en fronçant les sourcils. On risque de se faire remarquer.

-                   Les règles de vie des moines de cette abbaye sont les mêmes que les nôtres : travailler,

-                   Ne pas manger de viande

-                   Garder le silence

-                   Dormir habillé.

-                   Regardez, là : ce sont les horaires des prières des moines.

-                   Et…alors ?

-                   Les moines ne prient pas après les complies, ni avant les matines. Une question me hante : pourquoi le moine assassiné était-il levé à cette heure-là, et que faisait-il ici ? Le cadavre en tout cas n’a pas été déplacé, car il y aurait sinon du sang sur le sol où le cadavre est passé. Il était donc dans la bibliothèque lorsqu’il est mort.

-                   Effectivement ! Le moine n’avait donc rien à faire la nuit du meurtre dans la bibliothèque à cette heure-là. Il était censé dormir. Tu commences à progresser. Nous allons interroger une nouvelle fois l’abbé, car il y a quelque chose que nous ne savons pas et qu’il doit certainement nous cacher. »

Jacques-Antoine et Camille trouvèrent l’abbé en pleine méditation dans le cloître. Camille et son maître échangèrent un regard et Jacques-Antoine interpela le maître des lieux en lui tapotant l’épaule. L’abbé sursauta.

« Bon Dieu ! Vous m’avez fait peur, s’exclama-t-il.

-        Inutile de jurer pour autant. Nous avons encore quelques questions à vous poser.

-                   Je suis navré, j’ai des choses importantes à faire…dit l’abbé en détournant les yeux.

-                   Ça ne durera pas longtemps, déclara Jacques-Antoine. Vous avez oublié de nous préciser un élément important dans toute cette affaire. Un élément important qui pourra nous donner des indices pour mener à bien notre enquête et élucider le meurtre.

L’abbé soupira.

« Très bien. Je vous dirai ce que vous voulez savoir, dit-il en se levant. Je vous propose d’aller en discuter dans mon bureau.

-        Parfait. »

Sur ce, ils se déplacèrent jusqu’au bureau de l’abbé. Arrivé à destination, l’abbé ferma la porte à clé.

-        Que craignez-vous ? Que l’on nous entende ? Résignez-vous et dites la vérité.

-                   Pour répondre à votre question, les murs ont des oreilles et si les moines venaient à apprendre que je vous l’ai dit, après avoir innocenté la paysanne, ils seraient d’autant plus furieux.

-                   Venons-en aux faits : nous venons de découvrir que la victime n’avait rien à faire dans la bibliothèque la nuit du meurtre.

-                   Quelles sont vos preuves ? demanda subitement l’abbé.

-                   Le moine a été assassiné vers minuit et n’avait rien à faire hors de son lit. D’autant plus qu’il n’était pas avec la paysanne. Voici maintenant la question : que faisait le moine là-bas à une heure si tardive ? dit Jacques-Antoine en le fusillant du regard. Ne mentez pas !

-                   Je…je n’en sais rien ! dit-il en bafouillant.

Camille, exaspérée par l’abbé, donna un coup de coude à Jacques-Antoine, craignant de dévoiler sa féminité en criant rageusement.

-              Ouch ! Heu…Je veux dire : vous mentez ! dit le détective en se tenant les côtes. Vous aviez promis de dire la stricte vérité. Dites-la nous où cela fera de vous le suspect idéal. »

L’abbé s’indigna.

« Très bien, mais ne le révélez à personne.

-Nous vous en donnons la parole.

- Nous possédons…enfin, possédions un livre qui serait écrit par le diable en personne. Je suis mort d’inquiétude car ce livre a été dérobé par l’assassin de notre frère…Du moins, je le pense, car depuis la nuit du meurtre, il a disparu. Cette nuit-là, c’était le désormais défunt qui gardait le livre.

- Merci pour votre franchise. Nous allons continuer notre enquête et trouver l’assassin, ainsi que ce livre mystérieux. En tout cas, vous êtes innocenté…pour l’instant. 

- Si vous avez besoin à nouveau de mes services, je serai dans l’église.

- Merci. »

L’abbé s’éclipsa, laissant nos deux héros dans la bibliothèque.

« Qu’en pensez-vous, mon maître ? L’abbé est-il à vos yeux réellement innocent ?

-                   Je ne pense pas que l’abbé soit coupable, sans pour autant être totalement innocent. Car ce que je me demande, c’est pour quelle raison un livre soi-disant écrit par le diable serait dans la maison de Dieu.

-        C’est juste.

-        Que peut-on en déduire, à ton avis, Camille ?

-                   Laissez-moi réfléchir…Peut-être qu’en fin de compte ce livre qui a disparu n’est pas écrit par le diable. Peut-être s’agit-il d’un livre possédant des informations secrètes, qui ne doivent tout simplement pas être révélées. Et que pour ne pas donner envie à qui que ce soit de le lire, l’auteur a écrit le bout de parchemin que nous avons trouvé et dessiné le symbole du démon.

-                   D’ailleurs, peux-tu me lire ce qu’il y a d’écrit sur ce bout de parchemin ?

-                   J’ai réussi à décrypter le message. Il est écrit : « Celui qui lira ce livre aura la toute-puissance.

-                   Décidément, cette enquête s’avère bien plus intéressante, et plus dangereuse, que prévue.

-                   Pourquoi dites-vous cela ? Il ne s’agit que d’un livre entouré de superstition !

-                   Oui, mais un livre interdit, qui fait couler l’encre et le sang !

-                   Mais que pourrait révéler ce livre qui soit si dangereux ?

-                   Je n’en sais trop rien. Mais ce que je sais, c’est que Louis IX et ses lieutenants ont ramené beaucoup de livres de l’Orient. Des livres de science, de géométrie et de médecine qui possèdent, dit-on, des vérités que l’Eglise veut garder secrètes. Peut-être s’agit-il de l’un de ces livres.

-                   Mais que doit-on chercher au juste ? Le livre disparu ou le meurtrier ?

-                   La découverte de l’un nous mènera à l’autre.

-                   Elémentaire, mon cher maître.

 

 

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            Jacques-Antoine de Marsilly et Camille Chateaurouge continuaient de réfléchir et de discuter dans le parc de l’abbaye de Royaumont quand tout à coup, un cri se fit entendre dans le jardin :

            « Au secours ! Au secours !, cria un moine.

-        Que se passe-t-il ? demanda Jacques-Antoine, inquiet.

-        Frère Loïc s’est évanoui ! Il faut le secourir !, expliqua le moine pris de panique.

-        Allons voir ça !, s’écria Jacques-Antoine.

Les moines arrivèrent dans le jardin et découvrirent le corps de Loïc étendu sur le sol, inanimé. Jacques-Antoine tenta de saisir son poul, en vain.

« Il est mort », conclut notre héros.

Les moines rassemblés étaient tétanisés par la terreur. Certains faisaient le signe de croix, pendant que d’autres pleuraient.

« Nous sommes maudits ! Cette abbaye est maudite ! , hurla un vieux moine.

-        Tais-toi mon frère ! implora un des moines.

-                   Ne prêtez guère attention aux propos de Frère Marcus, mes amis, intervint l’abbé. Il se fait vieux et sa lecture quotidienne de l’Apocalypse lui fait croire que la fin du monde est pour bientôt.

-        Pourquoi reste-il parmi vous, si cet homme est fou ? demanda Camille.

-                   Nous le gardons d’abord par charité chrétienne, mais aussi car il est, en tant que bibliothécaire de l’abbaye, la mémoire vive de notre institution. Mais je vous préviens, vous ne tirerez rien de lui. Il ne vous apprendra rien que vous ne sachiez déjà.

-                   Laissez-nous en être les seuls juges », répondit fermement Jacques-Antoine.         Pendant que les moines parlaient entre eux, Jacques-Antoine avait rapidement examiné le corps de Frère Loïc, et notamment les commissures de ses lèvres, ses yeux et ses doigts. Ce qu’il révéla alors d’après ses observations jeta un silence macabre dans l’assistance :

« Notre Frère Loïc n’est pas mort naturellement. Il ne s’agit ni d’une maladie envoyée par le diable, ni d’un châtiment divin, mais d’un meurtre.

-                   Qu’insinuez-vous, Jacques-Antoine ! Personne parmi nous n’aurait osé commettre un tel forfait ! s’écria l’abbé.

-                   Regardez sa bouche et ses doigts, continua Jacques-Antoine, comme si l’abbé n’avait rien dit.

-        Je ne vois que des taches d’encre, remarqua l’abbé.

-                   Des taches d’encre brunes comme celles-ci ne sont pas naturelles. Il s’agit apparemment d’un mélange de goudron et de mercure. Un poison très puissant.

-                   Mais Frère Loïc ne se droguait pas ! Il passait son temps à lire et à cultiver notre jardin.

-                   Je crains que ce ne soit sa passion pour la lecture qui ait causé sa mort. Frère Loïc avait-il pour habitude de lécher ses doigts avant de tourner les pages des livres ?

-        Bien sûr, comme chacun de nous ici, répondit l’abbé.

-        Le poison était donc dans l’encre du livre qu’il lisait, conclut Camille.

-        Quel livre lisait-il en ce moment ?, questionna Jacques-Antoine.

-        Il suffit d’aller dans sa cellule pour s’en rendre compte, affirma l’un des moines.

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