Un long dimanche de fiançailles par Christelle et Aurélie
Un Long Dimanche de fiançailles est un roman écrit par Sébastien Japrisot. Dans ce livre, l'héroïne, Mathilde, mène une enquête pour retrouver son fiancé Manech, des années après la fin de la Première Guerre mondiale. C'est un roman polymorphe, c'est-à-dire un roman qui mélange plusieurs formes et genres, car il y a une enquête policière, mais également une très belle histoire d'amour. C'est aussi un roman épistolaire parce qu'il y a des échanges de lettres. Enfin, il s'agit aussi d'un récit engagé. Car le roman dénonce la boucherie et l'absurdité de la guerre, comme l'ont fait Henri Barbusse dans Le Feu et Céline dans Voyage au bout de la nuit. C'est également un piège dans lequel le héros est obligé de se mutiler pour parvenir à s'échapper de la guerre, comme le raconte Jean Giono dans Le Grand Troupeau. La guerre développe l'envie de la mort.
Dès le début, le roman, ainsi que le film, sont très intéressants : tous les personnages sont décrits et présentés. C'est un début très pédagogique et la stratégie narrative est efficace. Mathilde, l'héroïne qui recherche son fiancé, est handicapée, ce qui provoque chez les lecteurs un attachement et de la pitié pour elle. Le film apporte de nombreux avantages par rapport au livre : le jeu des acteurs est excellent et la musique pathétique renforce la dramatisation des sentiments. L'absurdité de la guerre et le souci de réalisme sont mis en évidence à l'aide du registre familier, comme chez Barbusse : "Ah, parce qu'on ne vous l'a pas dit ?...pareilles conneries ?" (p.47). On voit également la dimension apocalyptique et la boucherie qu'est la uerre à la page 15 : "Les deux autres étaient restés près d'un des leurs qui achevait de mourir, n'importe quoi dans le ventre, des éclats de feu, des éclats de soleil, des éclats." A la page 19, on peut voit un éloge du monde paysan qui est sacrifié comme un troupeau de bêtes de somme : "C'était comme une déchirure dans son sommeil...la seule à tenir."
Comme chez Claude Simon, il y a l'utilisation d'amplitudes phrastiques et d'anaphores, notamment à la page 26 : "Il avait peur de la guerre...peur de tout." On découvre au fur et à mesure des détails que l'on ne comprend que rétrospectivement. A la fin, les deux héros qui ont subtilisé des identités pour survivre (Manech et Benoît Notre Dame) sont des survivants, des héros qui ont vécu et traversé la mort, comme dans L'Ecriture ou la vie de Jorge Semprun. La guerre est donc un suicide, où les héros mutilés sont condamnés à errer dans le no man's land de Bingo Crepuscule. Claude Simon dit également dans La Route des Flandres que la guerre est un suicide.
Le film apporte une interprétation cinématographique intéressante car on est directement plongé dans l'époque. De plus, il apporte des effets spéciaux, des jeux d'acteurs et de la musique émouvante, et l'on comprend mieux les sentiments des héros.