Un long dimanche de fiançailles par Maxime et Kévin
Un Long Dimanche de fiançailles est un roman épistolaire car il est composé de lettres. Il est aussi composé d'une enquête policière et de témoignages polyphoniques : c'est donc un roman polymorphe. A travers ce livre, Sébastien Japrisot nous montre que la guerre est une chose qui ne sert qu'à contenter certaines personnes de leur envie de tuer.
En effet, selon l'auteur, la guerre est une bêtise - idée aussi développée par Céline dans Voyage au bout de la nuit. La guerre développe l'idée de la mort, la pulsion de mort, comme l'avait expliqué Freud auparavant dans ses travaux. Comme Henri Barbusse dans Le Feu également, l'auteur nous fait comprendre que la guerre est une boucherie et un piège. Le héros est celui qui se mutile et qui parvient à s'échapper de ce piège qu'est la guerre. Jean Giono développe la même idée dans Le Grand Troupeau.
Aussi, c'est en avançant dans la lecture du livre qu'on découvre au fur et à mesure des détails que l'on ne comprend que rétrospectivement, c'est-à-dire à la fin. Les deux héros qui ont subtilisé leurs identités pour survivre et se cacher, Manech et Benoît Notre Dame, sont des survivants, des héros qui ont vécu la mort, qui ont traversé la mort. Cette expérience de la mort rejoint celle faite par Jorge Semprun dans un camp de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale, telle qu'il la raconte dans L'Ecriture ou la vie. Japrisot s'inspire aussi de Claude Simon dans La Route des Flandres, en dénonçant la guerre comme un suicide : les héros mutilés sont condamnés à errer dans le no man's land de Bingo Crepuscule.
Cette histoire raconte en effet le sort de cinq soldats condamnés à mort pour mutilation volontaire. Ils sont envoyés à Bingo Crepuscule pour être jetés dans le no man's land où ils seront tués par les balles allemandes. Mathilde, la fiancée d'un des soldats condamnés qui s'appelle Manech, dit le Bleuet, enquête alors sur la disparition de son amant. Elle rencontre par la même occasion Tina Lombardi qui, elle aussi, enquête sur la mort de son fiancé, mais elle tue toutes les personnes qui lui ont fait du mal pendant la guerre. Elle emploie donc la manière forte, la vengeance, à la différence de Mathilde.
Enfin, l'interprétation cinématographique est intéressante car on est directement plongé dans l'époque. Dès le début on découvre l'horreur de la guerre au milieu des tranchées, grâce aux mouvements de caméras et à la reconstitution historique. L'absurdité de la guerre et le souci du réalisme sont mis en évidence, aussi bien dans le roman que dans le film, à l'aide du registre familier - procédé déjà utilisé par Barbusse et Céline dans les oeuvres déjà citées.