Autoportrait d'Henri Aimé Gauthé par Elliot

Publié le par Professeur L

Le Mémorial terre-neuvien de Beaumont Hamel en hommage aux soldats du Royal Newfoundland Regiment tombés lors de la Bataille de la Somme le 1er juillet 1916.

Le Mémorial terre-neuvien de Beaumont Hamel en hommage aux soldats du Royal Newfoundland Regiment tombés lors de la Bataille de la Somme le 1er juillet 1916.

Ce texte est un autoportrait d'Henri Aimé Gauthé, jeune soldat français de la Première Guerre mondiale. Il s'agit d'un poème composé en alexandrins, qui eux-mêmes sont composés de deux hémistiches. Ce texte est une démonstration des horreurs de la guerre. Il démontre combien une guerre peut changer un homme, combien il peut passer d'un homme heureux avant comme le montre l'hémistiche suivant : "Je suis doux et timide" (vers 3) à un monstre comme le montre "avec des airs pervers" (vers 3). Henri Aimé Gauthé est né d'un père limonadier. Il avait un frère qui a été tué durant la guerre. Ce texte a été écrit dans les tranchées, probablement sous les bombes.

A travers cet autoportrait, l'auteur se qualifie de monstre. Il veut faire passer à travers son autoportrait un message d'humanité. La guerre rend laid, méchant. La guerre l'a changé. C'est un autre homme. On découvre dans ce texte plusieurs références littéraires. En effet, on y rencontre la Bête de La Belle et la Bête de Leprince de Beaumont, comme l'indique : "J'ai le nez gros et gras" (vers 9) ou encore "Je suis inélégant" (vers 12). On y retrouve également Quasimodo de Notre Dame de Paris de Victor comme le prouve : "A mon front large, on voit tout au sommet des bosses." (vers 2) Il ne se plaît pas. Sa laideur physique ne coordonne pas avec son identité personnelle. La guerre l'a fait passer d'un homme heureux à un monstre, d'où le parallèle avec L'Etrange Cas du docteur Jekyll et Mister Hyde de Robert Louis Stevenson, l'histoire d'un docteur le jour qui devient meurtrier la nuit, un personnage apprécié le jour et détesté la nuit. On peut ajouter que le coucher du soleil dans ce livre est semblable à la guerre dans ce texte : c'est une source de changement radical. Dans chaque vers, on y trouve une antithèse : le premier hémistiche le représente avant la guerre et le second après la guerre comme l'indique : "Ma parole facile aime les phrases rosses" (vers 6) ou encore : "Au fond de mes yeux danse une froide lueur" (vers 11). Nous retiendrons également de ce texte le ton pathétique traduisant un profond désarroi de se voir être devenu comme tel. Il ne se plaît pas. Il y a d'ailleurs beaucoup de comparaisons avec la guerre comme : "Ma lèvre est rouge comme une fraîche blessure" (vers 10), un lien évident avec les blessures de guerre. Il se rend compte qu'il ressemble à celui qu'il combattait. Alors que beaucoup de ceux qui ont survécu  le qualifierait de héros, lui se décrit et s'estime comme un anti-héros. Il a honte.

Enfin, ce texte est un message : un message d'humanité. Il peut prêter à la question suivante : "Est-ce que ce sont des humains ? Est-ce que c'est ça l'humanité ?" C'est un poème engagé voulant faire passer des messages comme cesser les guerres si l'on ne veut pas ressembler à ce qu'il est devenu. Faire la guerre change un homme. Il devient un monstre. On peut dire de ce texte que c'est une catharsis. Ce texte lui permet de résister à la transformation inévitable que procure la guerre. Il n'a jamais voulu combattre. On y trouve une périphrase : "Je suis le chevalier de la piètre figure" faisant écho à Don Quichotte de Cervantès, ce vieillard qui voulant être un héros se fait ridiculiser. L'auteur se sert de l'écriture comme d'un moyen de se raccrocher à l'humanité pour ne pas sombrer. Nous noterons le courage d'écrire ce texte. C'est une leçon d'humanité, une lutte intensive contre la déshumanisation et la dépersonnalisation. Il démontre en effet qu'il faut lutter contre la déshumanisation. Il faut garder sa dignité, car ce sont les principes fondamentaux de l'humanité. En partant à la guerre, il affrontait les Allemands. Désormais, il affronte ce qu'il est devenu à travers l'écriture. Je conclurais en indiquant que cet autoportrait est un texte dénonçant les horreurs de la guerre, et il montre combien celle-ci peut changer un homme. Il invite à cesser les guerres ou encore à empêcher les soldats de partir faire la guerre et de devenir comme lui.

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