Autoportrait d'Henri Aimé Gauthé par Mégane
Ce texte est un autoportrait construit sous la forme d'un poème. Il est formé d'alexandrins, du pronom personnel "je" qui est omniprésent et des articles possessifs à la première personne du singulier. Il y a aussi, comme on va le voir, des oppositions entre chaque hémistiche. Dans ce texte, nous avons du vocabulaire mélioratif ("doux et timide") et du vocabulaire péjoratif ("pervers", "rosse", "décevant", "atroces").
Dans cet autoportrait, l'auteur se dépeint lui-même en utilisant des hémistiches mélioratifs et péjoratifs : "je suis le chevalier de la piètre figure". Cet autoportrait peut laisser penser que l'auteur a une double personnalité, tout comme le héros du livre de Robert Louis Stevenson qui s'intitule L'Etrange Cas du Docteur Jekyll et Mister Hide. L'auteur se dénigre, se dévalorise et se déprécie. Il se trouve laid, tant du côté physique que moral. Le parallélisme de construction et les antithèses produisent de plus un rythme mélancolique et une tonalité pathétique.
Puisque l'auteur écrit ce texte pendant la Première Guerre mondiale, celle-ci devient un élément incontournable pour se dépeindre. Il accuse la guerre d'avoir engendré sa méchanceté, la grossièreté et l'amertume en lui. C'est donc un poème engagé. Ce soldat se considère comme un anti-héros car il resemble de plus en plus à l'ennemi à combattre : "j'ai la moustache en crue du Kaiser allemand". Le vers : "je suis le chevalier de la piètre figure" est une périphrase qui nous fait penser à Don Quichotte, le héros de Cervantès : en voulant être un héros, il ne fait que ressembler à une pâle copie, burlesque et ridicule, de chevalier. A la guerre les soldats sont déshumanisés. On leur enlève leur dignité. L'écriture de cet autoportrait est une catharsis : il se dévoile pour résister à la transformation monstrueuse de soi.
Dans ce texte, nous pouvons même observer une sorte de morale implicite dans laquelle on nous dit que la guerre est un mal car les soldats sont traités comme des animaux pour nous défendre, et que cette déshumanisation semble irréversible.