Frères humains de François Villon par les 5eA

Publié le par Professeur L

Année scolaire 2015-2016 – Collège Jules Vallès de Saint Leu d'Esserent

Niveau cinquième – séquence 1 : la poésie ou les sens de la vie

Séance 2

Support : « Frères humains » de François Villon (vers 1450)

Objectifs : découvrir une forme originale de lyrisme (la ballade), comprendre la morale philosophique (carpe diem et memento mori)

 

Synthèse collective établie à partir des copies d'Ines, d'Emma, de Faustine, de Clara, de Robin, de Sacha, de Rose, d'Hanna et de Gaël

 

            François Villon est né vers 1430, en pleine Guerre de Cent Ans. Il est un célèbre poète du XV ème siècle. Il a écrit beaucoup de poèmes (Le Lais et Le Testament, ainsi que des ballades) dont celui-ci. Cet homme est issu d'une famille de misérables dont les deux parents ont été probablement déjà victime de la justice de leur temps. Il fut recueilli par un moine, Guillaume de Villon. Ce moine se rendit vite compte que François était un petit génie. Il réussit à faire des études. Il était fasciné par les langages, mais surtout par celui des coquillards, une bande organisée très dangereuse.

            Ce fut un de ses derniers poèmes. Il l'a écrit en prison, car il a été condamné à être pendu, puisqu'il a assassiné un moine au cours d'une rixe. Ce poème lui a sauvé la vie : en lisant ce poème, le juge lui a permis de ne pas être pendu, mais de quitter la ville de Paris.        

            Ce texte n'a pas de titre, mais moi je l'intitulerai : « Profitez de la vie », car il nous fait comprendre dans son texte que la vie est précieuse, que l'on en a qu'une seule. (vous avez été nombreux à proposer des titres intéressants :  « Memento mori » (Léa, Gaël, Arnaud, Dylan), « Pensées d'un pendu », « Priez Dieu », « Frères humains, memento mori ! » (William), « Le message pour mes frères » (Suzie), « Le regret d'une vie » (Jihane), « Le message après la mort » (Jade), « Ne faîtes pas les mêmes erreurs » (Anaïs Guegan), « La mise en garde des morts » (Ilyès), « Les malheurs de François Villon » (Léo), « Avis à tous les citoyens » (Anaïs Escalon), « La mort ou la vie » (Nao), « Choisis le bon côté » (Sacha).

Gargouille. Musée d'Art et d'Archéologie de Senlis, Oise, France.

Gargouille. Musée d'Art et d'Archéologie de Senlis, Oise, France.

François Villon nous dévoile cette ballade, c'est-à-dire un poème qui comporte trois dizains (un dizain est une strophe de dix vers), un quintil (un quintil est une strophe de cinq vers) et des vers décasyllabiques, car ils sont composés de dix syllabes. De surcroît les strophes contiennent chacune à la fin le même vers qui sert de refrain : « Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre. » Les rimes sont croisées. Une ballade est un donc un poème dont les vers contiennent autant de syllabes que de vers dans chaque strophe, avec une strophe finale qui correspond à la moitié des strophes précédentes, et que l'on appelle un envoi (cela veut dire que la strophe finale est toujours destinée à quelqu'un de puissant qui protège le poète : ici, il s'agit, comme on va le voir, de « Prince Jésus, qui sur tous a maistrie ».

            On remarque des champs lexicaux : ce sont des mots qui se rattachent au même thème. On peut en apercevoir trois comme la mort charnelle (« la chair, que trop avons nourrie », « piéça dévorée et pourrie », « les os », « desséchés et noircis », « les yeux cavés », « plus becquetés que dès à coudre », « nous sommes morts », « transis »), la croyance religieuse (« absoudre », « priez Dieu », « le Fils de la Vierge Marie », « Enfer », « Prince Jésus ») et la moquerie (« Homme, ici n'a point de moquerie », « De notre mal personne ne s'en rie », « âme ne nous harie »). Le champ lexical de la religion prouve que le poète est croyant.

Piéta originaire du château de Tarascon, vers 1457, exposée au Musée de Cluny à Paris, France.

Piéta originaire du château de Tarascon, vers 1457, exposée au Musée de Cluny à Paris, France.

L'auteur, condamné à mort par pendaison, se voit dans son poème déjà mort, pendu. Il s'imagine mort avec d'autres camarades « Vous nous voyez ci-attachés, cinq, six ».  Je suggère que les morts sont pendus car d'une part François devait être pendu par la justice, il se met à la place du pendu, et d'autre part il exprime dans le poème : « Jamais nul temps nous ne sommes assis/Puis ça, puis là, comme le vent varie/A son plaisir sans cesser nous charrie ». Le rythme du poème est lent, car il reproduit le mouvement des pendus balancés par le vent. C'est donc en prison qu'il composa ce poème. La justice (« quoique fûmes occis par justice ») décida de le laisser vivre, mais à condition de quitter Paris. François Villon s'est donc mis à la place des morts. Il est le porte-parole des âmes des morts : « Nous sommes morts », « nous, les os ». Il veut transmettre aux humains et à Dieu (les destinataires de son poème) qu'il ne faut pas se moquer des morts, car un jour, nous allons tous mourir. Il demande à Dieu son pardon pour ne pas aller en Enfer : « Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie. » Il demande aussi aux hommes de le pardonner et de ne pas le mépriser : « Excusez-nous ». Il demande également à Dieu la protection divine : « Envers le fils de la Vierge Marie/ Que sa grâce ne soit pour nous tarie, / Nous préservant de l'infernale foudre. » Il demande de ne pas être méprisé en implorant le pardon pour tout ce qu'il a fait : « vous savez que tous hommes n'ont pas bon sens rassis », « n'ayez les cœurs contre nous endurcis. »

            De plus, il souligne une morale philosophique, que l'on peut résumer par les formules latines carpe diem et memento mori. Cela veut dire « cueille le jour » et « n'oublie pas que tu vas mourir ». Il exprime le fait de vivre et de profiter de la vie, mais de ne pas se moquer des morts. Le refrain montre que l'âme du mort veut être pardonnée par Dieu : « Dieu », « absoudre ». Le texte renvoie des émotions macabres comme l'aspect des morts, particulièrement lugubre et sinistre : « le soleil desséchés et noircis », « débués », « devenons cendre et poudre ». Le vers 33 (« A lui n'ayons que faire ni que soudre ») explique que dans la vie il ne faut pas se détruire et détruire les autres, car sinon on risque d'aller en Enfer. C'est une autre manière de dire carpe diem.

Danse macabre, La Ferté-Loupière, Yonne, Bourgogne, France.

Danse macabre, La Ferté-Loupière, Yonne, Bourgogne, France.

Point de vue d'Ines : « Je n'ai pas apprécié ce texte car d'une part François a fait une bêtise, il aurait dû rester comme il était et de ne pas devenir une autre personnalité de lui-même. D'ailleurs il explique dans le texte de ne pas faire comme lui, de ne pas faire des choses horribles : « Ne soyez donc de notre confrérie. »

            Point de vue de Gaël : « Je trouve ce texte intéressant car on ressent de la peur : la peur de l'auteur. Et la morale est aussi intéressante car les sensations exprimées par François Villon nous montrent qu'il va peut-être mourir d'un instant à l'autre. Il ne faut pas devenir un truand comme lui avec les coquillards.

            Point de vue de Faustine : « Je n'ai pas aimé ce texte car il fait peur ».

            Point de vue d'Emma : « Ce texte est intéressant car il nous apprend qu'il ne faut pas se moquer de la mort. »

            Point de vue de Sacha : « Ce texte m'a plu car ça parle de la peur, qu'il faut se méier, ne pas traîner avec n'importe qui. »

            Conclusion d'Hanna : « Pour conclure, je terminerai cette synthèse en ajoutant que j'aime beaucoup ce texte et qu'il me fait penser à Zadig de Voltaire. L'oeuvre de Voltaire parle également de croyance religieuse, de philosophie, de moquerie et de mort. »

           

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