Fruit étrange par les 3eE
Billie Holiday (1915-1959) dans le magazine Down Beat vers 1947. Elle a interprété dès 1939 le poème d'Abel Meeropol, "Fruit étrange".
Année scolaire 2017-2018 - Collège Jules Vallès de Saint Leu d'Esserent
Niveau troisième
Séquence 1 : Écrire la guerre : témoigner pour résister
Projet Première Guerre mondiale : les Poilus de Harlem
Problématique : Comment dire l'indicible ?
Agir dans la cité : individu et pouvoir
Séance 1 : « Fruit étrange » d'Abel Meeropol
Synthèse collective élaborée à partir des commentaires de Léonie et Maëlle, d'Alexandra et Léa-Sarah, d'Anaëlle et Robyn, d'Ameline et Kemys, d'Ibtissem et Hugo, de Loëlia et Enzo, de Clélia et Matthieu
Ce texte est un poème écrit par Abel Meeropol, professeur de littérature new-yorkais, en 1937. Il a voulu dénoncer le calvaire que subissaient les Noirs dans le Sud profond des Etats-Unis d'Amérique. Il dénonce implicitement le lynchage et la pendaison des hommes noirs par les Blancs du Sud des États-Unis : « des corps noirs qui se balancent dans la brise du Sud. » Abel Meeropol dénonce le lynchage et les pratiques barbares à travers son texte « Fruit étrange ». C'est donc un poème engagé. Cela se déroule dans le sud des États-Unis après la guerre de Sécession (1861-1865). Les hommes blancs font cela pour se venger des Noirs depuis l'abolition de l'esclavage (1865) par le Président des États-Unis de l'époque, Abraham Lincoln. La guerre de Sécession avait provoqué la ruine du Sud rural et le triomphe du Nord industrialisé.
Dans ce texte, les hommes noirs sont comparés à des fruits pendus aux arbres : « Des corps noirs qui se balancent dans la brise du Sud ». L'auteur utilise la métaphore du « fruit étrange » pour ne pas se faire attaquer par la justice qui vise au maintien de la ségrégation. Ici l'homme est comparé à un fruit. Le poète emploie aussi un point de vue ironique pour dire que les racistes sont des lâches, grâce à l'antiphrase suivante : « Scène pastorale du vaillant Sud ». Par ailleurs, le champ lexical de la mort est présent dans le texte et permet d'insister sur le fait que c'est une scène morbide : « les yeux révulsés et la bouche déformée », « du sang sur leurs feuilles et du sang sur leurs racines », « la chair qui brûle ». C'est une scène horrible et sinistre.
Dans le dernier quatrain, l'écrivain se sert d'un parallélisme pour décrire le cadavre abandonné : « que la pluie fait pousser, que le vent assèche, que le soleil fait mûrir, que l'arbre fait tomber ». Une structure emphatique est mise en place pour insister sur le fruit et son inquiétante étrangeté : « Voici un fruit que les corbeaux picorent ». L'énumération nous permet de nous focaliser sur l'abandon du cadavre.
Le texte est intéressant car il nous a appris qu'il existait des pratiques barbares dans le Sud des États-Unis au XIXième siècle. Il nous a appris ce que les Noirs subissaient à cette époque. Il nous fait réfléchir sur ce sujet triste, mais nous rappelle aussi qu'à ce moment-là, tous les Blancs n'étaient pas pour le lynchage des Noirs. Ce texte est glauque et triste, morbide et macabre. Nous le trouvons étrange car certaines phrases passent de l'aspect bucolique à un aspect morbide, et cela nous a marqué. Beaucoup de scènes sinistres sont évoquées dans le texte. L'ensemble est marqué par une tonalité pathétique.
Les impressions que me laisse ce texte sont donc des impressions d'horreur, de dégoût envers les racistes blancs qui lynchent des Noirs innocents par désir de vengeance.