« Soldat Edward Romano », Compagnie K (1933), William March (1893-1954) par les 3eE

Publié le par Professeur L

Willy Jaekel, Dying Soldier in a Trench, 1915.

Willy Jaekel, Dying Soldier in a Trench, 1915.

Synthèse collective élaborée à partir des commentaires d'Ibtissem, Léonie, Enzo, Loëlia, Léa-Sarah, Ameline, Kemys, Salomé, Hugo, Benoît, Baptiste, Anaëlle.

 

Le texte est un témoignage de l'auteur William March car il évoque ce qu'il a vécu pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918) lors de l'année 1917-1918. C'est un extrait du livre Compagnie K. Cet extrait est consacré au soldat Edward Romano. C'est également une description car il décrit ce qu'il ressent physiquement et moralement. Pour cela, il utilise les quatre sens. L'odorat est suggéré dans cette phrase : « il y avait une odeur de décomposition dans l'air. » Dans celle-ci, William March met en évidence la vue : « il n'y avait pas de vent, la pluie tombait tout droit ». Il emploie aussi le toucher : « Accroupi dans la tranchée, trempé jusqu'aux os et grelottant de froid. » Et enfin l'ouïe : « le grondement sourd des batteries résonnait au loin. » William March utilise aussi le champ lexical de la mort et de la guerre pour nous faire comprendre que la guerre est quelque chose d'horrible, de barbare, de cruel : « des hommes se font mettre en pièces ou massacrer à coups de baïonnette », « tranchée », « déflagration », « barbelés rongés par la rouille », « champ de bataille », « mon fusil ».

Nous pouvons donc dire qu'à travers ce texte, une image triste et sinistre, où la mort est dominante, se dégage. Le paysage est sombre, lugubre et macabre : « la pluie découvrait les corps enterrés à la hâte. » Cela nous laisse penser que c'est la fin du monde, l'apocalypse : « le champ de bataille détrempé, devant les barbelés emmêlés, devant les arbres calcinés, plantés comme des chicots dans une mâchoire décharnée. » C'est une comparaison directe car à travers les mots « mâchoire décharnée », l'auteur fait référence à la mort. Le narrateur est triste et le texte est dominé par une tonalité pathétique.

William March, 1917.

William March, 1917.

Par ailleurs, dans le texte, un dialogue est présent. C'est un moment très important dans le témoignage car à travers ce dialogue, l'auteur laisse un message. Il s'agit d'un dialogue entre le narrateur, Edward Romano, et le Christ. L'arrivée du Christ est impressionnante et gracieuse : « J'ai vu un homme qui avançait vers moi, tout droit, sans peur. Il avait les pieds nus et de beaux cheveux longs. » On peut constater que Dieu, en voyant ce champ de bataille qui donne une image de fin du monde, se met à pleurer : « j'ai commencé à pleurer, et le Christ a pleuré lui aussi. » Il s'effondre en larmes car il est triste en voyant ce qu'est devenue l'humanité. Celle-ci est devenue sauvage et animale, puisque les soldats sont traités comme des robots ou des machines à tuer. On leur a enlevé leur dignité en les poussant à s'entretuer : « J'ai vu un homme qui avançait vers moi, bien droit, sans peur... J'ai soulevé mon fusil pour le tuer. » Les soldats sont entraînés à tuer sans réfléchir. On les déshumanise complètement. C'est donc un processus de déshumanisation qui est à l'oeuvre dans cette guerre. C'est un message très fort car Dieu, qui est le tout-puissant, ne peut rien faire face à cette guerre abominable. Il est complètement désarmé et ne peut rien faire : « Dis-moi ce que je dois faire. » Le tout-puissant est impuissant, ce qui révèle l'horreur insoutenable de cette guerre. L'impuissance de Dieu est soulignée à travers la mise en scène de la confrontation de Dieu face au paysage sinistre. Cette confrontation met en valeur la solitude du Christ grâce à l'accumulation structurée à partir de l'anaphore « devant ». Contrairement aux autres guerres décrites dans les épopées, celle-ci ne fabrique pas des héros, mais des machines à tuer. Cela veut peut-être signifier également que la guerre mondiale est une forme de mal radical face auquel Dieu n'a plus de place. Ou bien, en mettant en scène Dieu, peut-être que l'auteur veut montrer que tuer un homme, même dans une guerre, revient à tuer le Christ qui prône l'amour du prochain, y compris et surtout l'amour de l'ennemi.

Tranchée française dans le nord-est de la France.

Tranchée française dans le nord-est de la France.

Ce texte est très intéressant car c'est un texte qui veut laisser un message. Je le trouve également intéressant car il nous décrit bien le décor, ainsi que les sentiments des personnages. L'ambiance est assez glauque à cause des morts et des paysages décrits. L'impression que me laisse le texte est une impression d'horreur, de dégoût, une ambiance atroce. De surcroît, le message est fort car il insiste sur le fait que si Dieu est impuissant, alors l'humanité est perdue, et cela permet de montrer que la guerre est atroce. J'apprécie beaucoup ce texte car il nous apprend beaucoup de choses sur la guerre ainsi que sur les conditions dans lesquelles les soldats se trouvent. On observe que ceux qui ont fait la guerre ont eu des conditions de vie très compliquées. L'écrivain met également en évidence la déréliction de chaque soldat confronté à l'horreur et à la mort, afin de montrer que la guerre est horrible. Ce texte fait ouvrir les yeux sur la réalité de la guerre et montre à quel point l'homme manipulé et déshumanisé peut devenir cruel, tellement cruel que le Christ lui-même ne peut plus rien faire. Ce récit a une tonalité pathétique, il est triste, et il nous montre que l'homme peut facilement devenir une machine à tuer en perdant sa dignité et en revenant à son côté animal. Ce texte est intéressant, parce qu'il montre que la guerre est toujours une tragédie. Même si vous gagnez votre guerre, vous perdez beaucoup de soldats, qui étaient peut-être des frères, des maris, des amis. A travers ce texte, j'ai compris à quel point la guerre avait créé une apocalypse, ainsi que le désespoir chez l'homme. Le texte provoque l'horreur et la déréliction chez le lecteur.

Au terme de cette analyse, nous avons mis en lumière que dans les épopées, la guerre sert à fabriquer des héros, à prouver qu'un soldat est un homme vaillant, courageux, tandis que dans ce texte, qui est une anti-épopée, la guerre est une machine à fabriquer des robots tueurs et des morts. L'auteur insiste sur l'idée importante selon laquelle la guerre est mauvaise et que même la force bienfaitrice de Dieu n'y peut rien, car la cruauté est omniprésente. C'est cela qui m'a plu dans cette analyse.

Ecce Homo, Antonello da Messina, autour de 1473, Collegio Alberoni, Piacenza.

Ecce Homo, Antonello da Messina, autour de 1473, Collegio Alberoni, Piacenza.

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