Lafayette here we are ! Spectacle écrit et mis en scène par les 3eD
Cérémonie officielle du 93e anniversaire de la Bataille du Bois Belleau, Aisne, France. Cette bataille décisive du corps expéditionnaire américain dirigé par Pershing eut un impact psychologique important et marqua le début de la contre-offensive alliée en 1918 jusqu'à la victoire.
PIÈCE DE THÉÂTRE DES 3ED
1917-2017 : L'ENGAGEMENT DES ÉTATS-UNIS DANS LA GUERRE
LAFAYETTE HERE WE ARE !
Chanson 1.
Prologue.
Président Wilson : La guerre actuelle de l'Allemagne contre le commerce est une guerre contre l'humanité : c'est une guerre contre toutes les nations. Des navires américains ont été coulés et des vies américaines ont été perdues dans des circonstances qui nous ont profondément remués. Notre mobile ne sera pas la vengeance ni l'affirmation de la force physique de notre pays, mais seulement la revendication du droit...
Prologue 1 : Voilà, ça commence.
Prologue 2 : Quoi donc ?
Prologue 3 : Les Américains entrent officiellement en guerre contre l'Allemagne.
Prologue 1 : Nous sommes le 02 avril 1917.
Prologue 2 : Pourquoi déclarent-ils la guerre ?
Prologue 3 : De nombreuses raisons sont invoquées.
Prologue 1 : Tout d'abord l'Allemagne n'a pas respecté la souveraineté de la Belgique et de la France en les agressant.
Prologue 2 : Ensuite l'élite américaine considère la France comme un pays ami au service de la liberté.
Prologue 3 : De surcroît l'Allemagne n'a pas cessé de détruire les navires américains à destination de l'Europe.
Prologue 1 : Enfin, l'Allemagne a osé proposer une alliance secrète avec le Mexique pour combattre les États-Unis.
Prologue 2 : Cela s'est passé il y a 100 ans exactement.
Prologue 3 : Cet événement va avoir des conséquences importantes.
Prologue 1 : Mais ce que vous allez voir, chers spectateurs, n'est pas un cours d'histoire.
Prologue 2 : Plus de deux millions d'Américains ont servi en France. Ils ont été très nombreux à mourir pour notre pays.
Prologue 3 : Il est temps d'écouter ces jeunes hommes qui se sont sacrifiés pour notre liberté.
Prologue 1 : Ce qu'ils ont à nous dire nous concerne directement.
Cimetière militaire américain du Bois Belleau, Aisne, France.
Scène 1 : chœur des soldats américains
Soldat 1 : Par quoi commencer ?
Soldat 2 : Comment décrire ce que je vois, ce que je vis ?
Soldat 3 : Quels mots prendre ?
Soldat 4 : Comment expliquer cet enfer ?
Soldat 5 : Je t'écris cette lettre depuis la France mais je n'ose pas avouer ce que je suis en train d'endurer.
Soldat 6 : Si je te disais que tout se passe bien, je ne ferais que te mentir.
Soldat 7 : La guerre est horrible.
Tous : Ici
Soldat 8 : l'odeur des cadavres en décomposition croît de jour en jour.
Tous : Ici,
Soldat 9 : nous dormons sur des lits durs comme de la roche.
Tous : Ici,
Soldat 10 : les obus nous assourdissent peu à peu.
Soldat 11 : Depuis mon départ précoce pour la guerre, ma vie a changé.
Soldat 12 : Les conditions de vie se dégradent de plus en plus.
Soldat 13 : La tranchée où je vis est infestée de rats et de mouches.
Soldat 14 : Et l'odeur ! Que dire de celle-ci ?
Soldat 15 : L'odeur nauséabonde des cadavres en décomposition est omniprésente.
Soldat 16 : L'odeur de la mort m'empêche de dormir la nuit.
Soldat 17 : Il nous est impossible de nous laver et de nous raser.
Soldat 18 : Certains de mes camarades dorment dans des trous creusés dans la boue.
Soldat 19 : Il fait froid, il pleut, et à cause de la boue qui se déverse dans la tranchée, j'ai l'impression d'être un animal sauvage.
Soldat 20 : Le vent froid de l'hiver gémit dans la plaine.
Soldat 21 : La guerre a un rythme monotone et répétitif : ciel gris, cadavres, la mort, la mort, et rien que la mort.
Soldat 22 : Chaque jour, nous voyons de plus en plus de soldats se faire éliminer par nos ennemis.
Soldat 23 : Chaque jour, le ciel est gris quand on se réveille.
Soldat 24 : On dirait que le ciel gris ne fait que pleurer en voyant ce massacre.
Soldat 25 : La vue est triste et vide.
Soldat 1 : Chaque jour, j'ai l'impression de m'éloigner du monde des vivants.
Soldat 2 : La mort ruissèle comme dans un abattoir.
Soldat 3 : Plus le temps passe et moins j'arrive à reconnaître les couleurs.
Soldat 4 : Le paysage est affreusement laid.
Soldat 5 : Il est aussi sombre que mon cœur.
Soldat 6 : Les cadavres de nos copains moisissent dans le no man's land, et deviennent noirâtres et verdâtres.
Soldat 7 : Les maisons sont détruites et la végétation est calcinée.
Soldat 8 : Je ne vis plus que dans le son des obus, au milieu des cadavres, dans le sang et dans la peur.
Soldat 9 : Je vis dans un monde sombre et sordide où la peur, l'effroi et la terreur nous transpercent.
Tous : La peur
Soldat 10 : de ne pas revenir vivant au combat
Tous : La peur
Soldat 11 : de devenir un cadavre
Tous : La peur
Soldat 12 : de ne plus vous revoir
Soldat 13 : Partout, on entend des bruits de canon, d'obus, de mitraille, de schrapnells et de grenades.
Soldat 14 : Partout, on entend des cris,
Soldat 15 : Des cris stridents
Soldat 16 : Des cris d'horreur !
Soldat 17 : Vouloir sauver la vie de l'un de nos camarades, arriver dix secondes trop tard, et le voir mourir sous mes yeux
Soldat 18 : Je me sens inutile et faible.
Soldat 19 : Sur le champ de bataille, c'est la désolation à perte de vue.
Soldat 20 : La guerre est un monstre accumulant les cadavres sur son passage.
Tous : Des cadavres
Soldat 21 : partout
Tous : Des cadavres
Soldat 22 : en décomposition
Tous : Des cadavres
Soldat 23 : français
Tous : Des cadavres
Soldat 24 : allemands
Tous : Des cadavres
Soldat 25 : anglais
Tous : Des cadavres
Soldat 1 : Américains
Soldat 2 : Le front est un gigantesque cimetière à ciel ouvert.
Soldat 3 : C'est l'apocalypse, le royaume de la mort.
Chanson 2.
Scène 2 : la guerre vue par les écrivains américains : William March, John Dos Passos, Ernest Hemingway : extraits de Compagnie K de William March et de L'Adieu aux armes d'Ernest Hemingway.
Le maire : Ces hommes ont connu la gloire de mourir au Champ d'Honneur !...Ils ont connu le bonheur de donner leur vie pour une Noble Cause !... Quelle exaltation n'ont-ils pas dû éprouver quand, ayant reçu le baiser de la Mort, elle leur a fermé les yeux pour l'Eternité de l'Immortalité !...
Le soldat allemand : Chut ! Chut, s'il te plaît !
Le soldat inconnu : C'est un mensonge que les gens se racontent entre eux, mais personne n'y croit vraiment.Et j'en fais partie, que je le veuille ou non. J'en fais partie maintenant encore plus qu'avant : dans quelques années, quand la guerre sera finie, on ramènera mon corps au cimetière militaire de ma ville, exactement comme on a ramené le corps des soldats tués avant ma naissance. Il y aura une fanfare et des discours et un bel obélisque en marbre avec mon nom gravé au pied...Le maire sera là, aussi, il montrera mon nom de son gros index tremblotant en proférant des propos absurdes sur les morts glorieuses et les champs d'honneur...Et il y aura d'autres petits garçons dans la foule qui l'écouteront et qui le croiront, exactement comme je l'ai écouté et cru !
Le soldat allemand : Chut, Chut !...Chut !
Le soldat inconnu : Je ne peux pas supporter cette idée ! Je ne peux pas !...Je ne veux plus jamais entendre de musique militaire ou de mots grandiloquents : je veux être enterré là où personne me trouvera jamais. Je veux disparaître complètement...Fais-le vite ! J'ai dit. Vite !...Vite !
Le soldat allemand : Chut, Chut !...Chut !
Le soldat inconnu : J'ai rompu la chaîne. J'ai vaincu la bêtise fondamentale de la vie.
Le soldat allemand : Chut, il a dit. Chut !...Chut !...Chut !...
Hemingway : Que va-t-il arriver ?
L'aumônier : Je ne sais pas, mais je crois que ça ne pourra pas continuer bien longtemps.
Hemingway :Que va-t-il arriver ?
L'aumônier :On cessera de se battre.
Hemingway : Qui ?
L'aumônier : Des deux côtés.
Hemingway : Je l'espère, dis-je.
L'aumônier : Vous ne croyez pas ?
Hemingway : Je ne crois pas que des deux côtés on puisse cesser de se battre en même temps.
L'aumônier : Je ne pense pas non plus. Ce serait trop demander. Mais quand je constate tous ces changements dans les hommes, je pense que ça ne peut pas continuer.
Scène 3 : choeur des soldats américains
Soldat 1 : Au milieu de la mitraille et des obus, chaque minute qui passe est comme une éternité.
Soldat 2 : La guerre est pour moi un long périple interminable.
Soldat 3 : La peur a envahi toute mon âme.
Soldat 4 : Chaque moment loin de toi tue le peu d'humain qu'il reste en moi.
Soldat 5 : Quand je repense à mon ancienne vie, je deviens nostalgique.
Soldat 6 : Je me souviens.
Soldat 7 : Je me souviens d'avant, de nos balades colorées en été, des odeurs de l'automne.
Soldat 8 : Je me souviens de ma maison
Soldat 9 : Je me souviens de vous, mes parents,
Soldat 10 : Je me souviens de mon piano
Soldat 11 : Je pourrais faire n'importe quoi pour vous revoir
Soldat 12 : Avant toute cette horreur, j'avais une vie simple, mais elle me plaisait.
Soldat 13 : Ma simple vie de boxeur.
Soldat 14 : Entouré de ma femme, de ma famille et de mes amis.
Soldat 15 : Le Texas me manque.
Soldat 16 : Ma grande ferme rouge, mes champs qui s'étendent à perte de vue.
Soldat 17 : Mon fils qui joue dans la paille.
Soldat 18 : Et toi, ma femme, l'amour de ma vie.
Soldat 19 : Tu me manques.
Soldat 20 : Tout me manque chez toi.
Soldat 21 : Tes yeux merveilleux, des astres aussi lumineux que le soleil.
Soldat 22 : Tes cheveux ondulés, brillants et parfumés.
Soldat 23 : Tes lèvres sensuelles.
Soldat 24 : La nuit, il m'arrive de me réveiller, de repenser à tous ces moments passés avec toi à la ferme, lorsque nous nous endormions sous le pommier, avec les enfants.
Soldat 25 : Malheureusement ce temps est révolu.
Soldat 1 : Les jolies couleurs ont laissé place à la grisaille.
Soldat 2 : La guerre me transforme.
Soldat 3 : Quand tu m'as connu, j'étais un homme doux et attentionné.
Soldat 4 : Je deviens moins humain pour me transformer en machine de guerre.
Soldat 5 : Car la guerre déshumanise les soldats.
Soldat 6 : Ici l'homme est un animal qui ne pense plus qu'à survivre et à tuer pour survivre.
Soldat 7 : J'ai peur d'être devenu ce que je n'ai jamais voulu être.
Soldat 8 : Je ne veux pas devenir comme ces Allemands aux visages éteints qui prennent plaisir à tuer.
Soldat 9 : Ma soif de vengeance envers les Boches augmente de jour en jour, car ce sont eux qui tuent mes camarades.
Soldat 10 : Ce sont eux qui nous empêchent de rentrer à la maison.
Soldat 11 : Pourtant, parfois, je pense que les Huns sont dans le même cas que moi : ils ne veulent pas mourir comme cela.
Soldat 12 : Peut-être veulent-ils rentrer chez eux, mais leurs officiers les en empêchent.
Soldat 13 : Chaque jour passé au front me rapproche lentement de la mort.
Soldat 14 : Nonobstant je me demande parfois si le véritable ennemi à abattre, ce n'est pas la guerre.
Soldat 15 : Chaque fois que je prends l'arme en main, je deviens un soldat sans âme.
Soldat 16 : Et, quand je rentre vivant par la grâce de Dieu, alors là je prie et le remercie.
Soldat 17 : J'espère que ma lettre arrivera entre tes mains.
Soldat 18 : J'espère aussi qu'en lisant cette lettre, tu comprendras que la guerre n'est pas aussi glorieuse ou aussi joyeuse qu'on le dit.
Soldat 19 : Au fil du temps, on perd plus de courage que l'on en gagne.
Soldat 20 : Contrairement à ce qu'on dit, la guerre ne fait pas de nous des héros, mais des monstres.
Soldat 21 : Nous pensions que pour combattre, il fallait avoir du courage.
Soldat 22 : Au contraire, je me sens lâche de tuer, de briser des familles entières en tuant un mari, un père, un fils ou un frère.
Soldat 23 : Un de mes frères d'armes est musicien, et joue souvent des airs mélancoliques qui nous rappellent le pays.
Soldat 24 : Même au milieu de la fournaise, la pluie chante la mort.
Soldat 25 : Maintenant je sais que la mort ne sert à rien.
Soldat 1 : Personne ne sort vainqueur de cette boucherie.
Soldat 2 : Malgré tout, je ne compte pas abandonner.
Soldat 3 : Je compte bien me battre aux côtés des Français pour repousser les casques à pointe.
Tous : La France.
Soldat 4 : Ce beau pays libre, en ce moment meurtri par la guerre, se doit d'être soutenu et aidé par ses alliés.
Soldat 5 : La France est digne.
Soldat 6 : Ses valeurs et ses principes sont respectés et appliqués.
Soldat 7 : Même si la guerre est dure et affreusement difficile, parce que les Huns sont coriaces, ce serait indigne de nos valeurs de laisser ce pays mourir.
Soldat 8 : La France nous a apporté la liberté.
Soldat 9 : Je n'oublie pas que les Français ont aidé l'Amérique à obtenir l'indépendance.
Soldat 10 : A nous d'aider les Français à récupérer la leur.
Soldat 11 : J'espère qu'une fois rentré chez moi, tout s'effacera : les tanks qui écrasent les morts, le bruit de la mitraille, l'odeur de la poudre à canon.
Soldat 12 : En m'engageant, je me doutais que la guerre n'était pas joyeuse, mais je ne m'attendais pas à ce massacre.
Soldat 13 : Je ne suis pas sûr de vous revoir.
Soldat 14 : Je ne sais pas si je reviendrai mais dans tous les cas ne pleurez pas ma mort.
Soldat 15 : Nous allons gagner et je vais revenir.
Soldat 16 : N'oubliez pas que je vous aime.
Chanson 3