Rhinocéros de Ionesco avec les 3eD
Médée ou Médée furieuse est une toile de grande dimension (260 cm × 165 cm) peinte de 1836 à 1838 par Eugène Delacroix à l'apogée de la révolution romantique française. La technique est l'huile sur toile. Le tableau est conservé au Palais des beaux-arts de Lille depuis 1839.
Problématique générale : comment le théâtre parvient-il à interroger le spectateur ?
Introduction : état des lieux sur les connaissances des élèves liées au théâtre. A quoi sert le théâtre ?
- il y a des comédies (comique de mots, comique de caractère, comique de situation, comique de répétition, comique de geste, l'absurde)
- il y a également des tragédies : pièce de théâtre qui met en scène un ou des héros devant affronter des forces tellement puissantes qu'ils ne peuvent rien contre elles (la famille, les dieux, la guerre, l'argent, le monde du travail, le destin)
- l'acteur joue un rôle pour incarner un personnage
- il y a une mise en scène qui peut mettre en mouvement les personnages et donner du relief et de l'intensité aux paroles
- le théâtre est un art visuel : spectacle vient du latin spectare qui signifie voir, regarder. Le dramaturge (l'auteur de la pièce) va écrire des didascalies pour donner des informations sur les gestes et les positions à prendre. Didascalie vient du grec « didasko » qui signifie « j'enseigne ». Ce sont les informations scéniques apportées par le dramaturge pour visualiser la scène.
Thésée et le Minotaure, par Le Maestro di Tavarnelle ou Maestro di Ovidio ou Maestro dei Cassoni Campana, qui est un peintre français ou italien, un maître anonyme qui fut actif à Florence au cours du premier quart du Cinquecento, sur des sujets mythologiques ou sacrés. Musée du petit Palais d'Avignon, France.
Séance 1 : mercredi 29 novembre 2017
Support : acte I scène 1 de Rhinocéros de Ionesco
Objectifs : découvrir la scène d'exposition et ses fonctions (informer et séduire), repérer les registres comique et fantastique
Jean est arrogant : « sans fausse modestie, je vaux mieux que vous ». Il est jaloux car il aurait aimé être invité à l'anniversaire d'Auguste, où Bérenger a passé sa soirée : « on ne m'a pas invité, moi, pour l'anniversaire de notre ami Auguste. » Il est prétentieux et narcissique, comme le prouvent les répétitions du pronom personnel « moi » : « moi aussi » (répété trois fois dans la même phrase). Vis-à-vis de Bérenger, il est dur : « J'ai honte d'être votre ami ». Jean se croit supérieur à Bérenger. D'un côté, Jean n'est pas humain car il ne pense qu'à lui. D'un autre côté, de nombreuses personnes se conduisent de cette façon. Son absence de pitié est inhumaine. Il essaie de dire la vérité mais il n'a aucun tact. Les phrases exclamatives très nombreuses montrent que Jean ne parle qu'en criant.
Apparemment, il n'y a aucun rapport entre l'arrivée du rhinocéros et le caractère de Jean. Cela donne l'impression que la scène est absurde, bizarre, avec une forte dimension fantastique. Cependant, on peut observer un parallèle entre le caractère de Jean, brutal, et l'animal farouche (sauvage).
Bérenger quant à lui ne sait pas se défendre, est mou (« indolent »). Il se conduit comme une victime, comme le montrent les phrases avec les points de suspension. Il est mou parce qu'il est fatigué d'avoir fait la fête toute la nuit. Mais c'est aussi son tempérament : « je ne m'y fais pas, à la vie ». Il en a marre de son travail. Il manque de « volonté » ou de courage. Il trouve son existence répétitive et monotone : « on s'ennuie ». Il est inactif, paresseux, passif. Il ne réagit pas face à l'arrivée du rhinocéros. Il est fermé à tout ce qui se passe autour de lui.
L'arrivée du rhinocéros est mise en scène de façon particulière : on ne le voit pas pour une raison technique (impossibilité de mettre l'animal sur scène) mais également cela permet de créer du suspense, du mystère, de l'étrangeté, et des effets comiques grâce au champ lexical du bruit.
Louis Duveau (1818-1867), Oedipe et Antigone s'exilant de Thèbes, Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, Paris, France.
Séance 2 : mardi 05 décembre 2017
Support : Rhinocéros, extrait de l'acte II, tableau 2
Objectifs :
- reconnaître le registre fantastique
- reconnaître le registre comique (la farce)
- reconnaître le processus de déshumanisation
Dans cette scène, Jean se transforme en rhinocéros. On le voit car il a une corne qui pousse sur son front, et sa peau change. Elle devient verdâtre et sa voix devient grave. Au début de la scène, Jean présente des symptômes banals et au fur et à mesure il commence à se transformer de façon bizarre. Il devient de plus en plus désagréable. Ce sont surtout les didascalies qui indiquent la métamorphose progressive de Jean. On voit la progression de la métamorphose de Jean car à chaque aller-retour de la salle de bain, il revient un peu plus maquillé.
La métamorphose du héros est un motif que l'on retrouve dans la littérature dès ses origines :
- Les Métamorphoses d'Ovide : Arachné, Echo, Narcisse.
- L'Etrange Cas de Docteur Jekyll et Mister Hyde de Robert Louis Stevenson
La métamorphose est un motif (une image que l'on retrouve souvent) du registre fantastique : le loup-garou, les zombies. La métamorphose de Jean, bizarre et inquiétante, relève du registre fantastique.
La métamorphose est aussi comique :
- le comique de mots : « je n'ai confiance que dans les vétérinaires », « qu'avez-vous à m'examiner comme une bête curieuse »
- le comique de geste :le comportement de Jean, « se tâtant le front »
- le comique de répétition : le jeu sur la voix enrouée, la répétition des allers-retours dans la salle de bain.
- le comique de caractère : Jean en devenant un monstre est drôle ;
- le comique de situation : la scène d'une métamorphose dans la salle de bain est insolite, étrange, inquiétante et drôle à la fois.
Jean ne cesse d'interrompre Bérenger, ne le laisse pas parler, et lui coupe sans cesse la parole. On a l'impression que Jean fait un monologue. Il n'écoute pas et ne veut pas écouter Bérenger. D'où l'utilisation de phrases exclamatives. Jean a pris conscience qu'il s'est transformé. Il ne parle plus, il crie, il barrit. Il renie l'être humain : « l'homme ! Ne prononcez plus ce mot ! » Jean ne supporte plus la morale de l'homme, les sentiments, l'empathie, la compassion : « L'humanisme est périmé ! », « la morale ! Parlons-en de la morale, j'en ai assez de la morale, elle est belle la morale ! Il faut dépasser la morale ! ». Le rhinocéros obéit à la loi de la jungle. Les animaux n'ont pas de morale. Les humains ont une morale par opposition aux animaux et à certains êtres humains comme Hitler qui ont abandonné leur humanité. La morale ici désigne l'égalité. L'idée d'égalité s'oppose à celle de loi du plus fort. La métamorphose de Jean n'est pas seulement physique : elle est morale et mentale.
Séance 3 : mercredi 06 décembre 2017
Support : monologue final de Rhinocéros de Ionesco
Objectifs :
- découvrir l'anti-héros
- reconnaître le comique
- comprendre le tragique
Un héros est une personne courageuse, qui sauve et aide des vies, qui a peur mais qui affronte le danger. D'un côté, Bérenger est un héros parce qu'il veut rester humain à la fin alors que tout le monde est devenu rhinocéros. D'un autre côté, il n'est pas un héros parce qu'en réalité il n'a pas le choix : il ne parvient pas à devenir rhinocéros. Il est mou, faible, fragile, passif au début, très banal : il n'a rien d'un héros mythologique, il est imparfait. C'est ce qu'on appelle un anti-héros.
Au début, Bérenger essaie de devenir un rhinocéros, ce qui donne lieu à une scène comique. Il se compare aux rhinocéros. Il essaie de barrir mais n'y arrive pas. On retrouve tous les ressorts de la farce : comique de geste, comique de répétition, comique de situation, comique de mots (« les chants ont du charme »), comique de caractère.
Cette scène n'est pas seulement comique. Elle est aussi tragique, car Bérenger est condamné à rester un humain, quoi qu'il fasse. Enfin, seul contre tous, il risque de mourir.
Entraînement au DNB : question 1b et c p. 183 :
Le désespoir de Bérenger s'exprime par ses courtes phrases : « j'ai eu tort ! » Il emploie des onomatopées : « Ah ! Oh ! » Il se dévalorise en tant qu'humain : « j'ai la peau flasque », « ce corps trop blanc et poilu. » C'est un autoportrait péjoratif. Il est jaloux et envie ceux qui se sont transformés : « si seulement je pouvais être comme eux ! » Il emploie à plusieurs reprises l'expression « je suis un monstre » et « comme » pour exprimer son envie de ressembler aux autres rhinocéros : « comme je suis laid ! Comme je voudrais avoir une peau dure ! » Plus Bérenger est désespéré, plus ses phrases sont courtes et la plupart sont exclamatives pour exprimer son énervement et sa détresse. Il répète également l'adverbe « jamais » dans une phrase précédée par l'interjection lyrique « hélas », ce qui renforce le sentiment de désespoir.
Question 4 p. 183 :
Bérenger a des comportements comiques car on peut repérer différents ressorts de la farce : le comique de geste (« regarde la paume de ses mains », « il imite les barrissements », « il enlève son veston ») ; il y a également le comique de répétition : « Ahhh, ahhh, brr ! » ; on repère aussi le comique de caractère : il est drôle car il trouve que les barrissements « ont du charme », il se tâte et cherche les différences physiques entre lui et le rhinocéros : « la corne », « la peau dure ». Mais d'un autre côté Bérenger est terriblement seul. Il est seul car il ne reste que lui en tant qu'humain et il ne peut pas se transformer. Il essaie en vain mais il ne peut pas : « Malheur à celui qui veut conserver son originalité ! » Il ne peut pas changer. Tout ceci relève plus du registre tragique que du comique.
Benedict Cumberbatch, ici photographié par Gage Skidmore au Comic Con 2016 à San Diego, a, avant d'interpréter sur le grand écran Docteur Strange, Julian Assange ou Alan Turing dans Imitation Game, incarné le rôle de Bérenger dans une mise en scène de Rhinocéros en 2007 par Dominic Cooke au Royal Court Theatre.