Le Voyageur contemplant une mer de nuages de Caspar David Friedrich (1818) avec la Seconde 12
Caspar David Friedrich (1774-1840), Le Voyageur contemplant une mer de nuages (1818, Hambourg, Allemagne)
Année scolaire 2018-2019 – Lycée Cassini (Clermont-de-l'Oise)
Niveau seconde - La poésie du XIXe au XX e siècle : du romantisme au surréalisme
Séquence 1 : Victor Hugo, de la révolution cosmique à la révolution politique
Séance 2
Objectifs :
comprendre le sublime dans le romantisme
comprendre que le paysage romantique est une allégorie
Un homme est au premier plan. Il regarde le paysage. On le voit de dos. Il est habillé de manière élégante et luxueuse : il a une canne (accessoire de luxe), il porte un costume en velours, et une redingote avec des bottes noires. Or il se trouve en haut d'une montagne. Ce n'est pas réaliste. Il y a un contraste ou une antithèse entre le personnage et le paysage, entre l'homme et la nature. Sa coiffure (ou son absence de coiffure) prouve qu'il est attaché à la liberté. De plus, il est seul : c'est une âme solitaire et isolée.
Le paysage est infini. Il ressemble au paradis. Les couleurs bleues et blanches, très claires, sont fades. Le paysage semble infini grâce aux huit plans qui donnent une impression de profondeur. Cette profondeur est accentuée par l'absence de contraste dans le paysage. Les différents plans ne sont pas séparés nettement. On peut constater qu'il y a une profondeur de champ. Il a estompé les bords pour donner cette impression d'infini. Il s'est approprié une technique inventée par Leonard de Vinci au XV e – XVI e siècles que l'on appelle le sfumato.
En fait, le paysage représente Dieu. C'est une allégorie. C'est pourquoi la nature paraît infinie et mystérieuse (comme Dieu, comme la mort, comme la liberté). C'est aussi ce qui explique que l'homme est élégamment vêtu. C'est une âme prête à rencontrer Dieu, l'Infini.
La nature est imposante parce qu’elle est infinie. L’humain se sent minuscule par rapport à la nature qui est infinie. Mais comme il a conscience de n’être rien, par sa conscience, par son intelligence, l’homme est supérieur à la nature. C’est ce que les Romantiques appellent l’expérience du sublime. Le rapport entre le personnage au premier plan, qui semble dominer le paysage, et la nature qui est infinie, permet d’aborder la notion de sublime. La nature est infinie, l’humain n’est rien face à cette nature infinie, mais la conscience de n’être rien prouve la supériorité intellectuelle de l’humain sur la nature.