Germinal de Zola avec la seconde 12
Année scolaire 2018-2019 – Lycée Cassini (Clermont-de-l’Oise)
Niveau seconde – Objet d’étude : la nouvelle et le roman au XIXe siècle : du réalisme au naturalisme
Séquence 2 : étude d’une œuvre intégrale : Germinal (1885) d’Emile Zola
Séance 1
Objectifs :
- Comprendre la fonction d’un incipit
- Reconnaître et comprendre les fonctions du discours indirect libre
- Reconnaître le registre fantastique
Support : Germinal d’Emile Zola, incipit.
Plan proposé par la classe :
- L’arrivée d’un personnage mystérieux
- La dimension fantastique
- L’arrivée d’un personnage mystérieux : le cadre réaliste
L’auteur nous plonge directement dans le paysage : « dans la plaine rase ». Dans le premier paragraphe, l’écrivain décrit le décor. Dans la première phrase, le point de vue est panoramique : on a une vue en plongée sur tout le paysage : « dix kilomètres de pavé coupant tout droit, à travers les champs de betteraves », « l’immense horizon ». Progressivement, dès la deuxième phrase, on adopte le point de vue du personnage : « devant lui, il ne voyait même pas le sol noir ». Le point de vue interne favorise le réalisme : on est plongé avec le personnage dans la réalité décrite. Zola décrit les éléments se rapportant au feu et au froid : « par les souffles du vent de mars…balayé de lieux de marais et de terres nues ». Grâce aux sens évoqués par le narrateur, l’ouïe, le toucher et la vue, on peut se sentir à la place du personnage : « il ne voyait même pas… », « glacées », « rafales », « grelottant ». L’anonymat de ce personnage permet de s’identifier un peu plus à lui : « l’homme », « un homme ».
Le texte nous fait penser au tableau intitulé Le Voyageur au-dessus d’une mer de nuages de Caspar David Friedrich. En effet, le voyageur au milieu du tableau est de dos, et on ne voit pas son visage, comme dans le texte de Zola. Cependant, la description de Zola n’est pas romantique, car la scène se déroule « sous la nuit sans étoiles ». Le personnage ici n’est pas contemplatif. Il subit le paysage : « un petit paquet…le gênait », « des mains gourdes que les lanières du vent d’est faisaient saigner ». Nonobstant la solitude qu’il partage avec le héros romantique, l’auteur subit aussi l’obscurité : « au milieu de l’embrun aveuglant des ténèbres ». Il s’aventure sur le chemin sans voir ce qu’il fait.
- La dimension fantastique : texte de Chloé M.
De plus, l’auteur nous fait voyager dans un univers fantastique. En effet, l’usine décrite est personnifiée : « silhouette », « une seule voix montait ». Ces mots renforcent l’impression que cette usine est vivante et monstrueuse, ce qui est impossible. Cette dernière ne peut parler ni même avoir de silhouette. Cette irrationnalité provoque chez le lecteur de la réflexion et il se demande alors si cela est possible, ce qui nous ramène donc au registre fantastique.
De surcroît, l’usine dévoile un aspect effrayant et même inquiétant d’après les caractéristiques décrites : « la respiration grosse et longue ». Cet exemple plonge le lecteur dans un sentiment d’effroi, il est terrifié, ce qui accroît son inquiétude. Par ailleurs, le paysage qui entoure le personnage est semblable à l’usine, c’est-à-dire désolé et morbide, comme le prouve l’exemple suivant : « le ciel mort, pareils à des lunes fumeuses ». Cette image ne rassure donc pas le lecteur et engendre d’ailleurs l’effet inverse. Le champ lexical de la peur est également employé : « hésita », « pris de crainte », puisque l’anonymat du personnage nous permet de s’identifier à lui. Nous nous mettons instinctivement à ressentir ses sentiments.
Pour finir, ce phénomène étrange et inexplicable provoque le suspense chez le lecteur qui essaie de rationaliser toutes ces apparitions fantastiques.