La Fortune des Rougon : dossier de lecture de Thomas en seconde 16. Deuxième partie.
Eugène Rouher (1814 - 1884), politicien français, président du Sénat sous le Second Empire, leader du parti bonapartiste après 1871. Portrait photographique de Pierre Louis Pierson, 1866, Bibliothèque nationale de France.
III/L’interview d’Eugène Rougon
Eugène Rougon et le journaliste Alex Pyration prennent place, face à face. Alex Pyration prend ses notes.
« Bonjour, comment-allez-vous ?
- Très bien et vous ?
- Ça va. Pouvez-vous nous en dire plus sur vous ?
- Oui bien sûr. Je m’appelle Eugène Rougon. Je suis né à Plassans en 1811.
- Qui sont vos parents ?
- Mes parents sont Pierre Rougon et Félicité Rougon (Puech).
- Vous avez des frères et sœurs ?
- Oui, je suis l’aîné de ma fratrie. Mes frères et sœurs sont Pascal, Aristide, Sidonie et Marthe.
- Oh, cela fait beaucoup. Pouvez-vous nous parler de votre jeunesse, de vos ambitions ?
- Tout à fait, j’ai, pour commencer, toujours été assez intelligent, ambitieux et autoritaire. En effet, j’ai hérité de ces qualités de mon père. Je ne voulais pas connaître la pauvreté ou les petites fortunes, cet aspect venait de ma mère, Félicité. J’étais donc très bon à l’école avec cette volonté de toujours avoir plus.
- Qu’avez vous envisagé comme profession, filière, secteur d’activité ?
- Je me suis tourné vers une école de Droit à Paris dans le but de devenir avocat.
- Vous avez donc réussi ?
- Oui, je me suis fait inscrire au tableau des avocats à Plassans.
- Vous gagniez bien votre vie ?
- Non, malheureusement, je vivais d’un maigre salaire, dans la médiocrité durant quinze ans
- Quelle a été votre réaction à ceci ?
- J’ai eu comme un pressentiment qui m’a dit de me rendre à Paris, avant la Révolution, j’avais à peine cinq cents francs. Après cela, je suis revenu à Plassans passer quinze jours en 1849 et j’avais lié partie avec le prince-président et j’en étais un des agents secrets les plus actifs.
- Vous étiez attaché à la politique ?
- Oui, j’avais soif de pouvoir.
- Quelles actions avez-vous menées pour cela ?
- J’ai convertis une poignée de bourgeois à l’idée napoléonienne, ce qui a fait de la petite ville de Plassans, une ville bonapartiste. Je suis même devenu receveur particulier de cette ville.
- Un bon début à ce que je vois. Vous avez fait autre chose dans le domaine politique ?
- Oui, mais un peu plus tard, d’abord j’aimerais vous parler de ma ville et mon lieu de résidence, de ma vie à ce moment.
- Allez-y.
- J'ai connu une dure période durant laquelle je ne mangeais pas tous les jours à ma faim. Je résidais chez madame Mélanie Correur avec Du Poizat et Gilquin, je ne m'y sentais pas bien.
- Comment se déroulait votre vie à cette époque ?
- J'étais chef de bureau à la maison de Bouchard. Et je suis ensuite devenu député des Deux-Sèvres à la Législative.
- Avez-vous fait des rencontres dans le domaine politique ?
- Oui, j'ai connu Delestang qui a été ministre des travaux publics, il a aussi coopéré activement au coup d'État : c'est lui qui s'est emparé du Palais Bourbon. C'est un grand homme et un exemple pour moi.
- Vous aviez parlé d'un de vos frères, Aristide Rougon, qu'en est-il de lui ?
- Aristide m'a rejoint pour me sollicité dans ma conquête de Paris. Je lui ai donc trouvé un emploi dans lequel il était facile de créer une petite fortune. Il avait soif de pouvoir, tout comme moi, mais je ne voulais pas qu'il entache ma réputation je lui ai donc demandé de changer de nom s'il voulait entreprendre de gros projets.
- Quelle était votre situation à cette période ?
- Et bien j’habitais, au début de 1852, rue de Penthièvre. Mon appartement était composé de deux pièces à peine meublées, je n’attachais pas d’importance à la décoration.
- Et votre situation politique ?
- J'étais député de Plassans puis ministre de l'intérieur à Paris.
- Vous étiez amoureux à l'époque ?
- Oui, je vivais une relation charnelle avec Clorinde, c'était en quelque sorte ma maîtresse. Mais cette femme s'est vengée car elle voyait plus qu'une simple relation. Elle m'a donc fait retirer le pouvoir que j'ai peiné à reprendre durant trois ans. Je sous-estimais les femmes et leur puissance.
- Vous aviez d'autres problèmes ?
- Oui, ou plutôt une autre faiblesse. Les personnes dont j'avais besoin ne faisaient rien pour moi si je ne les comblais pas de faveurs compromettantes. Je les considérais comme des chacals qui profitaient de leur situation.
- Mais quel était votre but ? Pourquoi faisiez vous autant de manière pour devenir puissant ?
- Je voulais satisfaire mes proches au delà du naturel et du possible et leur offrir tout ce qu'ils voulaient.
- Pour cela il faut donc avoir un régime politique en tête. Quel était le votre ?
- J'étais bonapartiste, je voulais faire de la France un empire, c'est pour cela que j'envisageais le coup d'État, j'envisageais de créer l'Empire dans la boue et le sang.
- Quels actes avez-vous commis pour cela ?
- J'ai laissé s'accomplir un attentat pour espérer récupérer le pouvoir dans les décombres et cela a marché... L'empereur m'a rappelé au ministère et m'a laissé organiser les dix mille arrestations réparties dans tous les départements, à ma guise. J'ai même réussi à tout censurer, je ressentais ce sentiment de pouvoir.
- Après cela, Napoléon III met en place l'Empire libéral, qu'avez-vous fait pour l'aider ?
- J'ai appliquer la nouvelle politique car je détestais le parlementarisme. Ma reconquête du pouvoir ma permis de devenir vice-empereur.
- On vous a donc donné un surnom, non ?
- Oui, on m'appelait « Son Excellence Eugène Rougon ».
- Votre frère était toujours aussi épanoui dans ce qu'il faisait ?
- Oh que oui, il a même commencé à s'enliser dans mes affaires. J'ai donc voulu l'envoyé dans une colonie comme gouverneur mais il ne voulait pas. Il a fait tout un tas de méfaits pour moi j'ai donc décidé d'en finir avec lui et de l'expatrié après une bonne condamnation.
- Vous êtes resté combien d'année au ministère ?
- J'y suis resté douze années consécutives et après la chut de l'Empire je suis redevenu simple député et j'étais, à la Chambre, le témoin des années passées et le défenseur de celles-ci.
- Je n'ai eu que très peu d'informations sur votre vie sentimentale. Quelqu'un partageait votre vie,
- Oui, j'ai épousé Véronique Beulin d'Orchères mais je n'ai eu aucun enfant avec.
- Très bien. Merci pour votre temps et vos réponses, au revoir.
- Pas de souci, je vous remercie aussi. Au revoir.