Charles Baudelaire, "Parfum exotique"
Paul Gauguin, Tahitian: Matamoe Matamoe (Death), Landscape with Peacocks, 1892, Pushkin State Museum of Fine Arts, Russie.
Lecture analytique 10 : Charles Baudelaire, « Parfum exotique »
- évocation d'une relation amoureuse et intime : « sein », « ton » : « ton odeur », « ton sein » (déterminant possessif à la deuxième personne du singulier)
- « ton sein chaleureux » dévoile une image érotique de la femme aimée mais également montre une image maternelle de la femme qui inspire le poète
- Le poète se réfugie dans les bras de son amante
- Allusion à Jeanne Duval (une beauté métisse dont il était tombé amoureux)
- Jeanne Duval est la muse de Baudelaire
- Evocation du corps de la femme aimée : « ton odeur », « l’odeur de ton sein chaleureux »
- Lexique de l’odorat : « odeur », « respire »
- Le poème s’ouvre sur l’imagination poétique, sur la rêverie : « les deux yeux fermés »
- C’est le moment propice à la rêverie : « en un soir chaud d’automne », proche de la nuit, moment de chaleur intime
- Le poète passe de l’évocation de la femme à celle de la plage et de la mer
- On passe d’un paysage féminin à un paysage maritime
- Le poème décrit la métamorphose de la femme en île
- Ile magnifique, paysage beau : « rivages heureux », « éblouissent », « arbres singuliers », « fruits savoureux »
- Nature généreuse et luxuriante, féconde
- L’île se caractérise par sa beauté et par son harmonie puisque même ses habitants sont beaux, simples, sincères
- Ils vivent en harmonie avec la nature : « corps…mince et vigoureux », « l’œil par sa franchise étonne »
- Baudelaire retrouve ici le mythe du bon sauvage (hérité de la philosophie de Jean-Jacques Rousseau) : des hommes bons, naturels, qui ne sont pas corrompus par la civilisation (dégradés, abîmés par la soif d’argent ou de pouvoir)
- Dans le premier tercet l’île devient un port
- On passe d’une rêverie érotique à une rêverie exotique
- Le port est une porte vers l’ailleurs, le voyage, l’infini (d’où le pluriel « rempli de voiles et de mâts »
- Allitération en [m] qui permet d’insister sur la douceur et la sensualité : « charmants climats », « mâts », « marine »
- L’assonance en [a] souligne l’idée selon laquelle le port est une ouverture vers l’infini et au-delà
- Baudelaire s’est certainement inspiré des images qu’il a ramenées de son voyage de jeunesse vers les Indes (île Maurice et La Réunion)
- Cependant ici le paysage décrit est un phantasme, un paysage intérieur : « dans mon âme » : c’est un voyage spirituel sur une île paradisiaque qui est un idéal
- Tout repose sur la synesthésie : les sens se répondent et correspondent : l’odorat ouvre sur le toucher et la vue, puis sur le goût et à la fin l’odorat ouvre sur l’ouïe
- Il y a une unité des sens, des sensations, qui prouve selon Baudelaire qu’il y a une unité cosmique dans l’univers
- Le jeu des sensations permet d’entrevoir l’harmonie qui règne dans l’univers
- Le poète part des sensations pour élever son âme vers l’idéal : dans le dernier vers gradation du rythme, crescendo qui permet d’imiter la montée, l’ascension de l’âme vers l’idéal
- Les rimes sont riches : automne/monotone, heureux/chaleureux, tamariniers/mariniers
- Le poème est composé seulement de deux phrases
- Les phrases sont construites sur des accumulations : « une île…des hommes…des femmes…un port »
- Les vers sont aussi construits sur des parallélismes : elles sont construites de la même façon : « Je respire/Je vois », « Une île/Des arbres/des hommes/Et des femmes »
- Le rythme est très doux, grâce aux voyelles, très féminin
- Le rythme est lent, correspond au rythme des vagues pendant le voyage
- Les alexandrins sont équilibrés et cet équilibre reproduit l’harmonie dont rêve le poète
Plans proposés par les élèves :
- Un désir érotique
- Un désir exotique
- Un monde harmonieux
- La métamorphose de la femme aimée
- L’exploitation des sens du poète
- La relation entre la femme et les sensations
- L’idéal de ses rêves
- Douces sensations
- Nature dense et chaleureuse
Problématiques envisagées et formulées par les élèves :
Comment l’auteur passe-t-il d’un désir érotique à un monde uni et merveilleux à travers les sensations ?
Comment l’auteur fait-il la liaison entre sa relation amoureuse et le voyage idéal qu’il entreprend ?
Comment l’auteur s’inspire de la femme pour rêver ?