La Vague par Aloïs
Je m'appelle Aloïs et je vais vous faire part de l'expérience vécue dans la classe de Monsieur Ross.
Monsieur Ross a mis en place une expérience basée sur le nazisme et la dictature, mais sans en révéler les ressorts, la nature et les objectifs. Il a seulement présenté l'expérience sous la forme d'un jeu pédagogique visant à favoriser notre concentration.
Cette méthode pédagogique allait prendre une ampleur considérable dans tout le lycée Gordon. Notre professeur décida de créer un slogan pour ce mouvement : "La force par la discipline, la force par la communauté, la force par l'action." Sa méthode, qui permettait de donner et de recevoir des ordres sous la forme d'un jeu, nous paraissait simple et efficace.
Avec des amis, nous avions décidé de faire part de cette expérience à d'autres élèves du lycée. Par exemple, notre équipe de football, qui n'était pas une équipe soudée, a appliqué ces principes, ce qui lui a permis de jouer collectif et de gagner. Nous voulions gagner ensemble, et plus individuellement, comme cela était le cas auparavant.
Pour revenir au cours de Monsieur Ross, celui-ci nous donnait des ordres : répondre à une question posée, simplement, efficacement, en levant la main, attendre qu'il nous interroge et nous lever au coin de notre table en ponctuant chacune de nos phrases par un "Monsieur Ross". La réponse devait être la plus claire et la plus courte possible. Cela ne devait durer que lors d'un seul cours, mais nous avions accepté cette discipline et au fur et à mesure des autres jours, la méthode de Monsieur Ross devenait efficace.
Au travers de cette expérience, j'ai compris que même si nous sommes au XXIeme siècle, une dictature peut s'installer du jour au lendemain, à n'importe quel moment, et n'importe où. Monsieur Ross a en effet réussi à nous faire dire quelque chose, à penser comme lui, à devenir les principaux personnages de son pouvoir intitulé "la Vague". Chaque jour, lorsque nous arrivions dans sa salle de cours, nous nous rangions de sorte à ce que le premier aille s'asseoir à sa place la plus éloignée, afin de respecter une certaine discipline de rangement. Nous étions donc métamorphosés, car nous ne connaissions pas ce genre d'organisation, et nous avions le sentiment de faire partie d'un tout. Le collectif était plus important que l'individu.
Cette expérience m'a ouvert les yeux sur la réalité du mouvement nazi et du totalitarisme. Cela n'était qu'une expérience, et nous avons pu mesurer ce que certaines personnes considérées (à tort, bien évidemment) comme "races inférieures", ou comme "indésirables", ont subi durant l'époque nazie. Le sens final de cette mésaventure est que l'on a beau être humain, et donc doté d'une conscience morale, on peut rapidement dériver vers d'autres horizons, à cause d'une fragilité d'esprit.