CNRD Communiquer pour résister

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FICHE SYNTHETIQUE D'EXEMPLES PRECIS

Objectif : réussir le Concours National de la Résistance et de la Déportation

Communiquer pour résister

 

Pour être efficace, structurée, organisée et unifiée, pour s'accroitre et être crédible aux yeux des Français, la Résistance a besoin de communiquer. La communication clandestine de la Résistance a donc au moins trois objectifs :

  1. Informer, convaincre, recruter.

  2. Organiser et coordonner les actions.

  3. Conserver sa dignité dans les camps de concentration et d'extermination.

 

 

  1. Informer, convaincre, recruter

 

A. Les écrits clandestins

 

  1. Les graffitis, les papillons et les tracts

 

-les graffitis sur les murs. Les avis d'exécution sont recouverts des termes « martyrs » ou « morts pour la France ». Apparition des « V » (pour victoire) et des croix de Lorraine (emblème de la France Libre).

  • les papillons qui permettent de diffuser des slogans courts, provocateurs et facilement mémorisables : « Vive la République quand même », « Pétain au dodo, Laval au poteau », « Travail forcé -Loin de la Famille – Contre la Patrie. »

  • les tracts : le 17 juin 1940, l'entrepreneur Edmond Michelet imprime le premier tract d'appel à la résistance qui sera distribué dans des boîtes aux lettres en Corrèze, à Brive-la-Gaillarde : « celui qui ne se rend pas a raison contre celui qui se rend » (citation de l'écrivain Charles Péguy inscrite sur ces tracts). Les tracts sont des vecteurs essentiels de la contre-propagande menée par les Résistants pour s'opposer à la propagande officielle. Les Résistants risquent la peine de mort pour la diffusion de tracts, mais ce phénomène ne cesse de s'amplifier jusqu'à la Libération. Les tracts proviennent de trois sources :

a. Les Résistants de l'intérieur

b. Les Résistants de la France Libre autour du Général de Gaulle, avec les Alliés anglais et américains (des millions de tracts aéorportés). Des tracts sont même destinés aux soldats allemands pour leur faire croire que les opposants allemands au nazisme sont actifs.

c. Les Résistants dans les colonies françaises (Léopoldville en Afrique, Antilles, Saint-Pierre-et-Miquelon)

 

La diffusion de tracts permet aux Résistants de communiquer :

  • pour exprimer le refus de la défaite, de la collaboration et du nazisme

  • pour informer la population contre la désinformation orchestrée par la propagande officielle

  • démoraliser l'ennemi

  • soutenir le moral de la population

  • rassurer la population en la renseignant sur la France Libre et les Alliés

 

 

 

  1.  
    1. La presse clandestine

 

  • dès juillet 1940, Jean Texcier, militant socialiste, rédige et imprime Conseils à l'occupé : première brochure clandestine dans laquelle il donne des conseils pour refuser la collaboration.

  • Exemples de journaux clandestins : L'Homme libre à Lille, L'Alsace en Alsace, Pantagruel, Valmy, Résistance à Paris, En Captivité à Nantes.

 

Des mouvements de résistance naissent et se structurent autour de la diffusion d'un journal : Libération et Défense de la France, Combat et Franc-Tireur. Ces journaux parviennent à se développer grâce au soutien financier de la France Libre basée à Londres autour du Général de Gaulle.

  • 60000 exemplaires de Libération en zone Sud en 1943

Certains journaux clandestins ciblent un public particulier :

- Les Lettres françaises pour les écrivains et les intellectuels

- L'Université libre pour les professeurs et les étudiants

- Le Palais libre pour les avocats.

  • La France Libre se dote de son propre journal : le Journal officiel de la France Libre. Il est diffusé sur le territoire française, à Londres et dans les colonies.

  • Autres journaux de la France Libre dans les colonies : France-Orient, La France Libre, La Marseillaise, France-Canada.

 

La presse clandestine permet :

  • de dénoncer la collaboration et le nazisme

  • de dénoncer le pillage économique de la France

  • de glorifier les actions de la Résistance et l'esprit de la République

  • d'encourager les passages à l'action en appelant à la désobéissance civile après le STO

  • d'encourager l'insurrection après le Débarquement

  • de montrer que la Résistance est une force politique importante face à la collaboration

 

Le Bureau d'Information et de Presse (BIP) créé par Jean Moulin a pour mission essentielle d'assurer la communication entre la résistance extérieure et la France Libre.

 

 

  1.  
    1. La poésie engagée et les chansons

 

Cf. Séquence 1 : De la poésie lyrique à la poésie engagée, séances consacrées à « Demain » de Robert Desnos et « Liberté » de Paul Eluard.

 

 

B. La Résistance par la parole : « les voix de la liberté »

 

  • c'est grâce à un bulletin d'information de la BBC que le Général de Gaulle a pu prononcer l'appel du 18 juin 1940.

  • tous les soirs, de 20h15 à 20h30 les Résistants de la France Libre peuvent communiquer avec les Français sur la BBC. Le programme qui suit, Les Français parlent aux Français, est également réservé à la Résistance française. Les émissions proposées sont variées et novatrices (reportages, sketches, chansons et témoignages).

L'écoute de la BBC en France est interdite sous peine d'emprisonnement et de confiscation de poste, mais la BBC obtient un succès croissant auprès des Français qui veulent se tenir informés contre la propagande collaborationniste et nazie.

  • La radio gouvernementale américaine Voice of America propose également des programmes francophones avec les mêmes objectifs que la BBC.

  • Radio-Moscou est aussi une station de radio francophone, émettant depuis Moscou, qui a pour mission de diffuser les informations émanant des résistants communistes.

 

La BBC demeure le principal vecteur donnant à la France Libre une existence pour les Français. Elle joue donc un rôle essentiel dans la bataille menée contre l'Occupant et Vichy.

Le Général de Gaulle utilise aussi la radio comme un instrument de reconquête spirituelle, appelant les Français à se mobiliser symboliquement à l'occasion de commémorations nationales : manifestations du 1er mai et du 14 juillet 1942.

 

 

  1. Organiser et coordonner les actions de Résistance

 

A. Les agents de liaison, les boîtes aux lettres et la fabrication de faux papiers

 

  • agents de liaison : résistants chargés de transmettre, communiquer une information

  • moyen utilisé : la bicyclette. Moyen de circulation le plus sûr car les transports en commun (bus, tramway, métro) sont le lieu de contrôles inopinés et fréquents.

  • La communication est essentielle à la survie d'un réseau de résistance. Pour ne pas éveiller les soupçons, afin de circuler le plus discrètement possible des informations et du matériel, on confie le rôle d'agent de liaison aux femmes ou aux plus jeunes.

  • Missions de l'agent de liaison :

a. communication de directives et de renseignements à destination des Alliés

b. organisation de rendez-vous

c. transport de la presse clandestine (papillon, tract, journaux, livres, poèmes...)

d. transport de postes émetteurs

e. transmission d'informations indispensables à la sécurité du groupe.

  • Boîte aux lettres : les agents de liaison peuvent inventer de nouvelles boîtes aux lettres connues seulement des résistants. Une boîte aux lettres peut également désigner des personnes chargées de faire transiter le courrier. Des commerçants ou des cheminots peuvent jouer le rôle de boîte aux lettres. Le système de boites aux lettres permet aux agents de liaison de ne rencontrer ni l'expéditeur, ni le destinataire des messages.

  • La fabrication de faux est une activité essentielle pour sécuriser les déplacements clandestins : fausses cartes d'identité.

  • Utilisation de pseudonymes, de codes gestuels et langagiers pour rendre l'identification plus difficile en cas d'arrestation.

  • Pour faciliter la communication clandestine entre la zone Sud et la zone Nord, l'aide des cheminots est indispensable. La participation des cheminots a permis à des soldats français et britanniques prisonniers, évadés, à des aviateurs alliés, à des Juifs, à des réfractaires au STO ou à des résistants de franchir la ligne de démarcation. Les passagers clandestins sont dissimulés dans les fourgons à bagages, et peuvent profiter du ralentissement du convoi en pleine campagne pour sauter du train.

  • Les chefs de gare et les aiguilleurs sont des agents de renseignement très recherchés par les Résistants car ils peuvent :

a. Cartographier le trafic

b. Décrire les infrastructures et le matériel ferroviaire

c. Faciliter les bombardements alliés.

 

 

B. Communiquer avec la France Libre et les Alliés

 

  1. Les liaisons aériennes

 

  • parachutages des agents des services de renseignements britanniques et de la France Libre, en zone Sud et en zone Nord.

  • Mission des agents de renseignements :

a. Attaques de pilotes allemands (mission « Savannah » en mars 1941)

b. Destructions de transformateurs électriques (mission « Joséphine B » en mai 1941)

c. Nouer des contacts entre les différents réseaux de résistance : mission de Jean Moulin

  • les trajets des représentants de la Résistance sont assurés par avion (le Lysander puis le Hudson) : plus de 200 opérations d'atterrissages, 1100 passagers transportés.

  • 10 000 tonnes de matériel parachutées au cours du conflit (nuits de pleine lune)

  • parachutage de matériel sur les terrains Arma

  • parachutage des hommes sur les terrains Homo : exemple de terrain « Homo dépôt » (terrain de secours en cas d'impossibilité de parachutage de résistant) : le terrain « Chénier » en zone Sud.

 

Le Bureau des Opérations Aériennes (BOA) créé par Jean Moulin a pour objectif de coordonner l'action des équipes chargées des parachutages, des atterrissages et des débarquements.

 

 

  1.  
    1. Les liaisons maritimes

 

Objectif des liaisons maritimes : faire débarquer les agents venus de Londres.

Les agents font une partie du trajet en vedettes ou en sous-marins, puis les bateaux de pêche facilitent un débarquement discret pendant les nuits sans lune.

Exemple : Maurice Duclos, fondateur du réseau de résistance Saint-Jacques, débarque par liaison maritime sur les côtes normandes le 4 août 1940.

 

Les liaisons maritimes sont particulièrement dangereuses : conditions climatiques + surveillance de l'occupant sur les côtes françaises.

 

 

  1.  
    1. Les transmissions radio

 

  • permet la transmission d'informations essentielles pour organiser l'action en France

  • permet de communiquer des renseignements aux Alliés et à la France Libre.

  • Les liaisons terrestres, aériennes et maritimes dépendent des transmissions radio.

 

La première liaison radio clandestine est établie le 25 décembre 1940 par Honoré d'Estienne d'Orves, envoyé par la France Libre en Bretagne, avec un poste-émetteur et un opérateur radio. Victime d'une dénonciation, il est arrêté et fusillé avec d'autres membres de son groupe.

Le respect de règles de sécurité très strictes est indispensable pour garantir la sécurité des « pianistes » :

  • ne pas émettre plus de dix minutes sur la même fréquence

  • utiliser une puissance d'ondes réduite

  • placer des guetteurs autour du lieu d'émission

 

En juin 1944, plus de 3300 télégrammes sont envoyés à Londres.

 

 

  1.  
    1. Communiquer avec les services de renseignements

 

Les services secrets britanniques créent des réseaux en France dotés de moyens radio afin de collecter des renseignements politiques et stratégiques.

Churchill crée le Special Operations Executive (SOE) : service chargé d'encourager la lutte armée dans les pays occupés. 1750 hommes, 50 femmes sont envoyés en France pour :

  • créer des réseaux

  • organiser des livraisons d'armes, des sabotages et des filières d'évasion

  • encadrer les jeunes qui refusent le STO et qui rejoignent la Résistance

 

Le service de renseignements de la France Libre, en lien avec les services secrets britanniques, créent aussi leurs propres réseaux. Stéphane Hessel faisait partie du service de renseignements de la France Libre (le BCRA, voir le vocabulaire)

-Exemple de réseaux créés par le BCRA : le réseau Confrérie Notre Dame.

Mission du réseau Confrérie Notre Dame : renseigner les Alliés sur le mouvement des troupes allemandes et sur l'organisation du dispositif militaire de la façade Atlantique.

 

 

 

  1. Communiquer pour résister dans les camps de concentration et d'extermination

 

Cf. Séquence consacrée au CNRD Résister pour communiquer : séances consacrées à Primo Levi (Si c'est un homme) et au dessin, à la peinture dans les camps.

Exemple d'artiste ayant communiqué à travers le dessin et la peinture dans les camps de concentration et d'extermination pour conserver son humanité et sa dignité : Zoran Music.

 

Exemple de sujet : expliquez les moyens, le rôle et les objectifs de la communication au sein de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Vous rappellerez les conditions de vie, les risques encourus et les valeurs au nom desquelles les Résistants se sont battus.

 

 

 

Publié dans CNRD, Niveau troisième

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