Dans les pires moments je pense à nous par Matthieu et Tristan

Publié le par Professeur L

Les Hellfighters de Harlem.

Les Hellfighters de Harlem.

Ma chérie,

Voilà plus de deux mois que je suis parti en guerre, déjà deux mois de souffrance sans te parler, sans entendre ta voix mélodieuse, sans sentir ton doux parfum, sans pouvoir dévorer tes somptueuses formes du regard.
Dans les pires moments je pense à nous ; je pense à tous ces moments banals mais, qui maintenant me manquent profondément. Mais la réalité sur le champ de bataille est bien dure à supporter…
La vie ici, n’est pas une vie : c’est une survie au quotidien. Tous autant que nous sommes nous luttons contre ce monstre qu’est la guerre, pour pouvoir rester en vie car il ne suffit que d’une seule seconde d’inattention pour se retrouver étaler à terre comme une simple feuille morte, tombant d’un arbre.
Dans les tranchées, une odeur infecte, un mélange de corps en décomposition, d’urine et d’excréments à certains endroits.
Entre le ciel grisâtre, les arbres calcinés par le feu des enfers et ce champ de bataille couvert de barbelés rouillés et de boue, se cachent des tireurs d’élites boches postés aux quatre coins de cette partie d’échecs qui paraît sans fin.
Tout me semble fade, la seule couleur vive est le rouge sang des cadavres gisant au milieu de cet abattoir.
Tous les deux mètres, un soldat infecté par l’une de ces centaines de maladies, présentes ici. Je suis moi-même malade, je suis rongé par cette haine, cette haine qui me maintient en vie, cette haine qui me donne une rage de vaincre contre ces barbares, ces « Huns », cette haine qui me rend fou et qui me fait presque oublier qui je suis vraiment. Jusqu’à ce moment où tout bruit devient sourd, et je te vois, face à moi dans ce lit, dans lequel nous avons passé de merveilleux moments. Et puis, je me rappelle de mon travail et de mes amis dans notre menuiserie. Mais il y a toujours une balle qui siffle et qui me fait revenir à la raison, et me fait replonger dans cet enfer.
Dormir est aussi très difficile car il y a toujours cette odeur horrible que je t’ai décrite précédemment, il y a la pluie froide qui nous glace le sang, et ces rats qui nous rongent les membres, et pour les plus chanceux, les rongeurs les infectent. Dans les tranchés, aucune douche, très peu de toilettes, se laver est une mission impossible, alors nous devons vivre dans la crasse.
Le matin lorsque nous nous réveillons, pour ceux qui ont dormi, la sonnerie du réveil est un obus qui explose à quelques mètres de nous.
Au front, la peur et l’inquiétude de se faire toucher par un obus, une balle est omniprésente, mais certains, des fous, n’ont aucun recul sur ce qui se passe et sont là en croyant que la guerre est un jeu jusqu’au moment où un de leurs camarades se fait descendre devant eux.
Pour finir, je dirais que la guerre ici n’est pas faite pour s’affirmer en tant qu’homme, même le plus brave des hommes aurait peur de la guerre, cette monstruosité qui traumatise quiconque la côtoie.
Malgré tout cela, les Français sont ici pour défendre des valeurs qui, pour moi, mettent toute personne au même statut : « d’être humain ».
Sache que je pense à toi à chaque instant, que tu es mon unique raison de vivre pour enfin te retrouver dans notre chère nation qu’est l’Amérique.
Ps : Garde moi un Dr.Pepper au frais je serai de retour très prochainement !

Ton mari adoré, John.

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