Ma chère petite femme par Estelle et Faustine
La butte de Montsec. Butte-témoin des côtes de Meuse, dans le département de la Meuse, France. Monument commémorant les offensives menées par le corps expéditionnaire américain sur le saillant de Saint-Mihiel, lors de la Première Guerre mondiale, du 12 au 15 septembre 1918 et du 9 au 11 novembre 1918.
Ma chère petite femme,
Je ne peux pas te parler de vive voix, alors je t'écris.
Ici, les conditions de vie et d'hygiène sont médiocres et pitoyables. Nous vivons au milieu des cadavres et de la boue, et nous dormons avec les rats. La guerre est un vrai massacre. Chaque jour, nous voyons de plus en plus de soldats se faire éliminer par nos ennemis. Chaque jour, le ciel est gris quand on se lève. Chaque jour, j'ai l'impression de m'éloigner du monde des vivants. Le paysage est affreusement laid. Les cadavres moisissent et deviennent noirâtres et verdâtres. Dans la ville la plus proche, les maisons sont détruites et la végétation est calcinée. Le champ de bataille est ruiné. Partout, on entend des bruits de canons des cris. Des cris stridents. Des cris d'horreur. Si tu savais comme j'ai la haine, j'ai tellement peur ! Peur de ne jamais te revoir.
Avant tout cela, j'avais une vie simple, mais elle me plaisait. Ma simple vie de boxeur, entouré de ma famille, de mes amis me manque. Je sais que quand je sortirai de cette guerre, je serai profondément transformé. Quand tu m'as connu, j'étais un homme doux et attentionné. J'aimais nos balades ensemble dans la forêt. Cette forêt américaine, si mystérieuse et pleine de couleurs pendant l'été indien. Le souvenir de chaque balade passée auprès de toi me permet de survivre à cet enfer, et me montre à quel point tu me manques. Ma vie sans toi n'est plus pareille. Tout me manque chez toi. Tes yeux merveilleux qui reflètent le soleil chaque jour, tes cheveux ondulés qui brillent la journée, et ton corps de rêve que je contemplais pendant des heures. Tu me manques, ta bouche me manque, tes yeux, ton corps, mais la chose que je n'oublierai jamais, c'est notre séparation sur le quai de la gare, avant que je n'embarque dans cette mission meurtrière.
J'aimerais tellement renoncer, mais la France a besoin de moi. Car se battre pour la France, c'est aussi se battre pour notre pays et pour les valeurs de liberté, d'égalité et de droit au bonheur auxquelles nous tenons tant. Tout ce que j'ai fait depuis que je suis arrivé, c'est pour toi. Je te promets de revenir bientôt près de toi.
Je t'aime,
Ton Johnny