Les Contemplations de Victor Hugo : dossier de lecture réalisé par Chloé L en seconde 16. Deuxième partie.
Joseph Wright of Derby, Dovedale by Moonlight, huile sur toile, 1785, Museum of Fine Arts, Boston, USA.
2/ Abécédaire
A, comme Aimer...
Les Contemplations d'Hugo sont d'abord un hymne à l'amour, sous toutes ses formes. Ce thème est traité en priorité dans ses deux premiers livres. Il y a l'amour de jeunesse, dont il parle dans Lise. Hugo se rappelle les stratégies déployées pour rendre visite à sa bien aimée, « pour lui parler le soir plus à mon aise,/Moi, j'attendais que sa mère sortit »
Il parle aussi de Rose dans Vieille chanson du jeune temps, pour qui il éprouvait des sentiments. Pour décrire ses jeunes filles il emploie les mots "ange", "princesse", qui reflète l'admiration et l'amour enfantin qu'il éprouvait. Puis vient l'amour adulte, physique et passionnel. Sa compréhension de l'amour est plus profonde que lorsqu'il était enfant « L'amour fait comprendre à l’âme/L'univers, sombre et béni » dans "
Aimons toujours!Aimons encore!
B, comme biographique...
En effet, ce recueil s'articule comme un journal intime, dans lequel l'auteur déroule son histoire et sa vie.
Dans le livre I Aurore, il évoque sa jeunesse. Il dépeint ses premiers amours (Lise), ses années de collège (A propos d'Horace), ses premières luttes littéraires (Réponse à un acte d'accusation), son amour de la nature (Vere novo, le poète s'en va dans les champs). L'aspect biographique est renforcé par l'utilisation du pronom "je". Puis le livre II, L'âme en fleur, où le poète évoque le sentiment amoureux et son épanouissement adulte. Il décrit les premières rencontres, les moments de bonheur ( Hier au soir, Mon bras pressait sa taille frêle) et aussi les moments plus durs.
Pour le livre III, Les luttes et les rêves, l'auteur nous expose la misère sociale de son époque, en particulier dans Melancholia. Il nous parle des combats qui l'animent.
Livre IV ,Pauca meae, c'est le livre du deuil. Le 4 septembre 1843, Léopoldine et son mari, se noient. Hugo se révolte contre la cruauté du destin. Il exprime sa nostalgie ( « elle avait pris ce pli » « elle était pourtant pâle et rose »). Hugo est inconsolable ("Demain, dès l'aube », « à l'heure où blanchit la campagne »)
Livre V, En marche, c'est le livre du renouveau. Le poète se ressaisit et cherche à aller de l'avant. La nature l'aide (Pasteurs et troupeaux) Puis le livre VI, Au bord de l'infini, traduit la quête spirituelle du poète. Il hésite entre la peur (Horror, Pleurs dans la nuit) et l'espoir (Spes, Cadaver)
C , comme contempler...
Les Contemplations est un recueil effectivement "contemplatif", car il s'agit du passage du temps avec ses épreuves mais aussi ses beautés et la sérénité que l'on peut en tirer.
D, comme deuil...
Il s'agit d'un thème important, car il apparaît en filigrane tout au long du recueil. En effet, Hugo perd tragiquement sa fille Léopoldine en 1843. Il consacre à Léopoldine la première œuvre qu’il écrit après sa mort : Les Contemplations. Bien que le roman tout entier ne soit pas fondé sur ce triste sujet, Hugo lui réserve cependant un livre particulier, Pauca Meae (qui pourrait se traduire par « le peu de choses que je pourrais lui donner »). Dans cette partie du recueil, il relate surtout les souvenirs de sa vie aux côtés de Léopoldine (dans les poèmes « Quand nous habitions tous ensemble » et « Ô Souvenirs ! Printemps ! Aurore ! »), son pèlerinage annuel vers la tombe de sa fille (dans « Demain dès l’aube » et « À Villequier »). Il consacre même un poème au défunt époux de sa fille (« Charles Vacquerie ») bien qu’il se soit initialement opposé à leur mariage, du fait du jeune âge de Léopoldine.
E, comme émotions...
Ce recueil de poème est une peinture émotionnelle de Victor Hugo. En effet, il y est tour à tour amoureux, innocent, lyrique, engagé, heureux, triste, en colère ou serein. Le champ lexical des émotions est très présent.
F, comme femmes...
Hugo parle des femmes de sa vie. Ses amours d'enfance (Lise, Rose), ses maîtresses, et bien sûr ses filles, en particulier Léopoldine.
J, comme journalistique...
Tout d'abord, car les Contemplations peuvent être vues comme le journal intime de Victor Hugo. Mais également parce que le livre III , « Les luttes et les rêves », se fait le témoin des injustices et scandales de son époque, comme la guerre, la tyrannie et la peine de mort (La source, La statue, La nature)
L, comme lyrique...
Bien que plusieurs thèmes soient abordés dans ce recueil, le lyrisme en est l'élément central. En effet, les champs lexicaux propres aux émotions sont très présents. Les Contemplations peuvent être considérées comme un chef d’œuvre du lyrisme.
M, comme mystique...
Il est de notoriété publique qu'après le décès de Léopoldine, Hugo s'est intéressé au spiritisme. Dans le livre VI, Au bord de l'infini, il règne une ambiance fantastique et surnaturelle, traversée de spectres, d'anges et d'esprits qui apportent des révélations au poète. Le poème emblématique de cet état de fait est « Ce que dit la bouche d'ombre »
N, comme nature...
La nature est très présente dans cette œuvre. Elle sert de cadres aux scènes dépeintes mai aussi aux sentiments ressenti par Victor Hugo.
Hugo emprunte à la nature son vocabulaire (des aigles, des vagues, des astres, des fleurs, des paons...). Il y a là une communion du poète et de la nature qui prête à la nature une vie secrète, que seul le poète peut discerner. L’exemple le plus notable est le deuxième poème du Livre I :
« Le poète s’en va dans les champs ; il admire, [...]
Et, le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs, [...]
Prennent, pour l’accueillir agitant leurs bouquets,
De petits airs penchés ou de grands airs coquets,
O, comme oublier...
J’entends par là le travail de deuil qu'a dû entreprendre Hugo après la mort de sa fille, mais aussi l'oubli d'une ancienne vie, le renouveau.
Q, comme questionner...
Dans les Contemplations, Victor Hugo se questionne. Pourquoi la vie ? Pourquoi la mort ? Dieu existe-t-il ? Si oui, pourquoi est-il si cruel envers l'Homme ? Ce cheminement l'amène vers une nouvelle spiritualité.
S, comme souvenirs...
Les Contemplations peut se lire comme un recueil de souvenir de Hugo. Celui de sa jeunesse, de ses amours, de ses combats, de ses souffrances.
T, comme triste...
Ce recueil est consacré pour l'essentiel à la tristesse que ressent Hugo après la mort de sa fille. Il lui réserve même un livre particulier « Pauca Mea ».
V, comme vivre...
En effet, après le deuil, le poète en exil s'arrache à sa tristesse et se met « En marche ». Il trouve de nouvelle raison de vivre dans la méditation ainsi qu'en ses proches, enfants et petits-enfants. De plus, le livre VI développe les nouvelles croyances d'Hugo qui l'aident à vivre. Le Livre s'achève sur le regard d'un « Contemplateur, triste et meurtri, mais serein »