Bouboule et le diable d'Anthony

Publié le par Professeur L

Anthony                                                 

Bouboule et le diable

 

Samedi 31 Décembre 1999, un policier, surnommé Bouboule pour ses problèmes d'obésité, fut un jour appelé en renfort pour une affaire qui tourna au drame. Frustré de ne pouvoir finir sa pizza toute droite venue du micro-ondes, il simula une panne de batteries de sa radio de service. Le lendemain, après une nuit d'un sommeil agité, il fut réveillé par la sonnerie de son téléphone cellulaire qui ne cessait de sonner. Il décrocha et apprit que six de ses collègues étaient décédés la veille, que le tueur en série était toujours en cavale, et qu'il n'aurait fallu que d'un homme de plus pour éviter cette tragédie sanglante. Il se sentit abominable d'avoir délaissé ses collègues pour cette satanée part de pizza. Honteux de lui, il n'osa pas pointer son nez dehors.

Le soir même il fit un rêve assez singulier: il vit une créature semblable à un homme , un très grand homme d'une couleur rougeoyante et doté de longues oreilles pointues, d'une bouche terrible munie de crocs menaçants. Cet être possédait  une deuxième bouche ronde saturée de dents acérés en plein milieu du ventre, ainsi qu'une queue fourchue et des griffes aiguisées d'une dizaine de centimètres à chaque main. Ce monstre  lui disait  qu'il ne suffisait plus que deux forfaits pour qu'il soit admis en tant que démon au royaume des enfers. Et la créature éclata d'un rire démoniaque. Bouboule se réveilla en transe et se rendormit.

Le lendemain soir, alors qu'il venait de s'installer devant la télé avec un kébab à la main, son portable sonna : c'était le même appel que la veille et pour le même assassin (qui était toujours en cavale). Il mentit et dit que sa voiture de fonction venait d'être percutée par un bus, qu'une dépanneuse venait le chercher, et que sa voiture personnelle était au garage. Il passa encore une horrible nuit et eut du mal à dormir, même avec une bonne dose de somnifères. Il plongea alors dans un rêve diabolique et étrange: le même être que la veille lui montra la balle que Bouboule gardait précieusement dans son coffre-fort. En fait c'était la balle à laquelle il avait survécu grâce à un collègue qui avait tué l'assaillant et avait appelé les secours à temps. L'hostile être, tout en lui montrant l'objet, dit : « -Souviens-toi ! » et Bouboule se réveilla.

            Il commençait vraiment à se demander s'il ne devenait pas fou. Le lendemain soir, devant le match Lens-Marseille, il reçut un appel qui était, étrangement, toujours le même que les deux précédents jours. Il se dit qu'il ne pouvait pas encore abandonner ses collègues qui lui avaient sauvé la vie tant de fois. Arrivé au milieu de la poursuite, un vieil hôpital psychiatrique en ruines, il chercha ses collègues et les aperçut au bout d'un couloir avec un homme masqué juste derrière eux qui s'apprêtait à tirer. Bouboule sortit son arme et tua le criminel d'une balle en plein cœur et ses collègues, effarés, se retournèrent et remercièrent Bouboule très chaleureusement.

Le soir même, il s'endormit profondément et rêva encore de l'horrible divinité païenne que pouvait être le diable. Car cette chose ne pouvait être que le diable! La créature, accompagnée d'une sorte de bourreau moyenâgeux, lui dit: « Dommage, tu as échoué à la première épreuve. Il te reste encore deux épreuves et si tu les rates, voici ce qu'il t'arrivera. » Et le bourreau partit chercher une des victimes du diable (il s'agissait sans doute de Marian ) et commença alors à râper les doigts de ce dernier qui hurla à la mort. Le démoniaque être lui arracha le cuir chevelu, vida du sel sur le crâne ensanglanté de la victime et frotta, lui coupa ensuite la langue pour qu'il cesse de crier et lui tira les deux yeux à l'aide d'un tire-bouchon. Il lui emplit le nez et la bouche de glu pour l'empêcher de respirer puis le scalpa. Il récupéra la cervelle et le cœur du pauvre homme et le déposa dans un bocal transparent remplit d'un ignoble liquide verdâtre. La tête de l'homme mort fut plantée sur un pic auprès des autres malheureuses victimes et le corps fut mangé par d'énormes sortes de chiens à trois têtes. Son âme rejoignit les autres pour l'éternelle torture : le fait d'être dévoré par le diable et d'être vomi par le deuxième orifice de celui-ci pour être remangé et ainsi de suite pour l'éternité.     

 

Bouboule reçut, au petit-matin, le journal en retard, puisqu’il portait enfin la première date du deuxième millénaire : le dimanche 01 janvier 2000. Il se souvint alors de son fameux rêve et se dit qu'il lui restai deux choix :

-   être acclamé en héros par ses collègues et être torturé pendant l'éternité.

           -   laisser tomber ses collègues et devenir un véritable fléau de guerre du diable. Il était plongé dans une profonde réflexion quand on sonna à sa porte, il sortit et trouva  une arme à feu ainsi qu'une paire de  gants avec son pire ennemi en face de lui qui montrait des photos de Bouboule à la plage qui n'arrivait pas à mettre son maillot de bain à cause de ses bourrelets. Bouboule, extrêmement offensé, mit les gants pour cacher ses empreintes, prit l'arme, tira et enterra ensuite l'homme avant de brûler les gants.

Bouboule repassa une nuit agitée. Il s'était peut-être assez vite endormi mais il vit encore le diable en rêve qui le félicitait pour la réussite de la deuxième épreuve. Et il ricana d'un rire diabolique. Au réveil, Bouboule avait vraiment mauvaise conscience. Il était extrêmement angoissé et il se demandait quelle serait la prochaine épreuve et il n’espérait qu'une chose : que tout s'arrête. Il avait son  arme de service dans la poche et il se demanda ce qu'il se passerait, ou plutôt s'il serait envoyé aux enfers pour le destin qui lui était réservé s'il se suicidait maintenant. Il avait la phobie des enfers et la tentation était forte.

Il se dit alors qu'il ne restait qu'une solution à ses problèmes : la mort! « De toute façon, se dit-il, pas beaucoup de gens ne me pleureront ; je n'aurais eu, dans cette impitoyable vie, ni femme, ni enfant, ni véritable parent car, orphelin de naissance (son père fut assassiné trois jours avant sa naissance et sa mère morte pendant l'accouchement...)  j'avais été adopté jusqu'à l'âge de seize ans où, avide de rendre la justice, je fis des études pour devenir policier. Je n'avais pas d'ami, mais tout le monde se moquait de moi car j'étais boulimique. »

Il n'en pouvait plus de cette vie chaotique et que tout le monde se moquait de lui tout bas. Il remarqua qu'il venait de se mettre le canon de son arme dans la bouche. Il voulait tirer, oui il en ressentait vraiment l'envie. Le gros doigt de Bouboule commençait déjà à presser la gâchette. Bouboule se disait : «  à trois je  tire, un..........,deux............., et trois..... » PAN !!!

Trop tard, Bouboule avait tiré.

Bouboule ressentit une sensation étrange, il se sentait très léger. Il se voyait allongé sur le sol de son salon, mort.

Il assistait à cette scène assez sanglante sans joie ni tristesse : il était neutre. Il vit alors, au-dessus de lui, une sorte de tunnel très lumineux vers lequel il se sentait attiré.  

Il se faisait comme aspiré par ce tunnel sans opposer de résistance.

Arrivé au bout du tunnel, il commença à voir un large monde tout blanc, où des gens discutaient tout joyeux.                                                    

            Dans ce monde, la haine ne semblait ne pas exister, puis, tout ce monde s'écroula et disparut, laissant place à un autre monde, où les nuages gris grondaient, et il vit derrière lui le diable qu'il avait vu en rêve.

Cet être dévorait les âmes par sa bouche puis les recrachait par un deuxième orifice dans le milieu du ventre puis le remangeait sempiternellement.

L'horrible créature païenne lui disait :

« Félicitation, tu  n'as pas échoué face à cette dernière épreuve qui était la plus difficile. Maintenant que tu es avec nous au royaume des enfers, nous allons pouvoir procéder au rituel de ton admission.

-         Non ! Je…Je…Je préfère mou-mou-mourir ! criait Bouboule en bégayant de peur.

-         Mais tu es déjà mort ! » ricana le diable.

Bouboule suivait le diable escorté par le clan des démons jusqu’à une sorte de volcan. Le sol était ardent, et il faillit mettre son pied dans une flaque de lave qui était abondante dans la grotte où il venait d’arriver. Il aperçut alors un trône orné de magnifiques rubis sur lequel le diable alla s’asseoir. Il appela son bourreau pour l’envoyer chercher à manger et l’esclave lui rapporta un bocal transparent dans lequel baignait un cœur dans un liquide verdâtre. Le diable goba le tout d’une gorgée. Le bourreau repartit chercher treize bocaux qui contenaient des cerveaux. Le monstrueux homme donna un bocal à chaque démon dont Bouboule. Les autres démons gobaient l’affreux mélange et le diable força Bouboule à en avaler le contenu.

« C’est notre seul moyen de garder nos corps et nos âmes, expliquait le diable. Sans cette mixture, nous finirions par pourrir et notre âme errerait en enfer pour l’éternité. »

Bouboule se sentit pris d’un grand espoir, car il eut une idée : il devait manger le plus de cœurs comme le diable et se débarrasser des cerveaux. Il pourrait ainsi revenir sur terre, une fois le diable et les douze autres démons anéantis. Il avait vu où avait été le bourreau. Il accepta donc la mission du diable qui consistait à lui ramener des âmes perdues dans tout le royaume des enfers. Pendant que le diable partit avec le bourreau pour quelque obscure raison, Bouboule s’empressa d’aller chercher ce dont il avait besoin. Il goba avec répugnance tous les cœurs et se débarrassa des cerveaux. Il s’enfuit car il entendit le bourreau arriver pour venir chercher le repas du diable.

« Arrrrgh ! hurla le diable, comment ça il n’y a plus de cœur ! ?  je perds de l’énergie à chaque seconde ! »

Tandis que les démons s’effondraient un par un, Bouboule approcha timidement mais avec courage et s’écria :

« La haine ne fait pas mieux que la haine ! »

Et le diable s’effondra. Notre héros décida donc de revenir sur Terre qui avait drôlement changé : les armes, abandonnées, étaient recouvertes de poussière : la haine n’existait plus. Les gens étaient heureux, l’armée et les postes de police ne servaient plus à rien. Bouboule, voyant tout ça, s’emplit d’une grande fierté…

           

 

 

 

 

 

                                                                                                                                             

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