Pyrame et Thisbé / Roméo et Juliette par Hugo, Lucas et Maxime
Les auteurs de ces textes sont Ovide et Shakespeare. Ovide est un auteur latin du Ier siècle. Il s'est spécialisé dans la poésie amoureuse et érotique. Quant à Shakespeare, c'est un auteur anglais du XVIe siècle, qui écrivait essentiellement des pièces de théâtre tragiques. La légende de Pyrame et Thisbé racontée par Ovide dans Les Métamorphoses et Roméo et Juliette de Shakespeare évoquent tous deux des histoires d'amour interdites, avec comme issue le décès des deux amants à la suite d'un quiproquo. Comment les auteurs parviennent-ils à mêler les registres pathétique, lyrique et tragique à travers une histoire d'amour ? L'analyse se déploie en deux mouvements : tout d'abord l'élévation de l'amour par-delà la mort, puis l'évocation de la souffrance et du désespoir.
Dans les deux textes, il est question d'amour plus fort que tout pour les personnages. En effet, dans les deux cas, il s'agit d'un amour impossible, car l'entourage des deux amants n'est pas d'accord avec cette union. Dans le texte d'Ovide, ce sont leurs pères respectifs qui s'opposent à cet amour, alors que dans la pièce de Shakespeare, ce sont les deux familles entières qui font obstacle à cet amour, car Roméo et Juliette sont issus de deux familles ennemies, qui rivalisent pour s'emparer du pouvoir à Vérone : ce sont les Montaigu et les Capulet. De plus, les textes se rejoignent sur l'incompréhension de la mort de l'un des deux amants. Dans le texte d'Ovide, un quiproquo s'installe. En effet, après l'annonce du rendez-vous, les deux amants devaient se rejoindre sous un mûrier. Pyrame arrive après Thisbé, et voyant le foulard ensanglanté de son amie, il s'imagine que sa bien-aimée est morte, dévorée par un fauve. Ne pouvant accepter cette disparition, il se suicide. Thisbé, revenant de sa cachette pour échapper au fauve, se donne également la mort lorsqu'elle découvre le corps inanimé de Pyrame. Alors que chez Shakespeare, Juliette, pour éviter le mariage forcé avec le comte Pâris, décide de boire une potion pour faire croire à sa mort. Roméo, n'ayant pas été prévenu de la fausse mort de Juliette, se dirige sur la tombe de son amante pour se lamenter et mettre fin à ses jours en buvant du poison. Dans les deux cas, les amants se rejoignent dans la mort à la suite d'un quiproquo. L'amour semble plus fort que la mort.
Pyrame et Thisbé, 1799. Pierre-Claude Gautherot dit Claude Gautherot est un peintre et sculpteur français, né en 1769 à Paris ; mort dans la même ville en juillet 1825. Élève de Jacques-Louis David.
Cependant, la souffrance et le désespoir persistent tout au long des deux textes. Les phrases interrogatives et exclamatives sont utilisées pour exprimer le désespoir des protagonistes. Dans le texte d'Ovide, Thisbé essaie de parler à Pyrame, en vain : "Quelle catastrophe t'a arraché à moi ? Pyrame, réponds !", "écoute et relève ton visage qui défaille !", "ta main et ton amour t'ont perdu, malheureux !" Alors que dans Roméo et Juliette, Shakespeare utilise beaucoup plus de phrases interrogatives et exclamatives, plutôt brèves, pour faire transparaître le désespoir du survivant : "Mon amour ! ma femme !", "Ah ! chérie Juliette, pourquoi es-tu si belle encore ?", "Horreur !", "la vermine ! Oh !", "mes yeux !", "une dernière étreinte !" Dans les deux cas, les phrases interrogatives et exclamatives sont présentes pour tenter de communiquer avec le défunt. La souffrance est aussi présente dans les deux textes, comme le prouvent les mots péjoratifs et le champ lexical de la mort désignée à travers des périphrases : "la misérable cause", "misérable cadavre", "cramoisis", "le pâle drapeau de la mort", "linceul sanglant", "la vermine". Le registre pathétique domine. Une émotion particulièrement douloureuse jaillit des deux textes. Cela suscite la compassion du lecteur, car ces histoires, articulées autour de la lamentation de l'amant, sont tragiques. Les héros sont soumis à la fatalité de la mort.
Nicolas Poussin, Paysage de tempête avec Pyrame et Thisbé, 1651, Musée Städel, Francfort-sur-le-Main, Allemagne.
Pour conclure, le lyrisme traverse les deux textes à travers la mise en scène pathétique et élégiaque du sentiment amoureux, de la passion et de la souffrance des amants. Les personnages ne peuvent rien contre la mort, d'où également un registre tragique omniprésent.