Au-revoir là-haut : incipit commenté par la seconde 6
Séquence 1 : des personnages pris dans la tourmente de l’Histoire et la spirale du souvenir
Objet d’étude : le roman et le récit du XVIIIe au XXIe siècle
ÉTUDE D’UNE ŒUVRE INTÉGRALE : Pierre Lemaître, Au revoir là-haut (2013)
Texte 1 : extrait du chapitre 1
Objectifs :
- découvrir un antihéros (ou héros picaresque)
- découvrir une vision apocalyptique de la guerre
- s’entraîner au commentaire de texte
La guerre telle qu’elle est écrite dans le roman est le contraire d’une épopée parce qu’il n’y a pas de gloire. Les soldats ne sont pas mis en valeur. La guerre apparaît comme un jeu de hasard. C’est ce que révèle la périphrase au début de l’extrait : « une immense loterie à balles réelles ». De plus, la guerre est un massacre qui favorise la trahison et le déshonneur : « même Albert...étriperait le premier venu », « on a presque envie d’un massacre », « on saignerait n’importe qui. » La guerre crée des morts et des meurtriers. Il n’y a donc pas de héros. La guerre fabrique des fous déshumanisés et monstrueux : « des types hurlant comme des fous ».
Albert Maillard est un anti-héros car il n’a pas toutes les qualités d’un héros : il n’est pas fort physiquement (« c’est pas un rapide, Albert »), et il n’est pas haut placé dans la société, comme le sont les héros traditionnels de la mythologie gréco-latine (Ulysse était roi d’Ithaque et Achille roi de Phtie). On devine également qu’Albert est un vieux garçon qui n’a pas coupé le cordon avec sa mère : « La faute à « pas de chance », dirait sa mère. » Enfin, l’auteur fait preuve d’ironie à l’égard d’Albert : il se moque de lui.
Cependant, il est intelligent parce qu’il a découvert qui a tué les deux soldats. D’autre part, il fait preuve de courage parce qu’il affronte la mort, malgré sa peur : « il tente quelques pas, mais plus rien ne marche... », « Albert, terrorisé par l’idée de mourir ». La voix passive met en valeur la mort.
Pradelle a toutes les caractéristiques extérieures du héros : un lieutenant qui dirige des hommes, qui les encourage à se battre, et qui est d’origine aristocratique. Cependant, c’est un pervers, qui trahit ses hommes pour satisfaire ses ambitions.