Johnny got his gun par la seconde 6
La Compagnie K. Décembre 1917. Une compagnie de l’US Marines Corps débarque en France et est envoyée au front. Pour la première fois, les hommes de la Compagnie K découvrent la guerre : attaques de nuit, balles qui sifflent, obus qui explosent, ordres absurdes, grondement de l'artillerie, la pluie et le froid, la tentation de déserter. Les cent treize soldats qui composent cette compagnie prennent tour à tour la parole pour raconter leur guerre, toutes les guerres. L'un après l’autre, ils décrivent près d'un an de combats, puis le retour au pays pour ceux qui ont pu rentrer, traumatisés, blessés, hantés à jamais par ce qu’ils ont vécu. Inspiré par l'expérience de son auteur, Compagnie K est un roman inoubliable qui s'inscrit dans la droite ligne d'À l'Ouest rien de nouveau.
Année scolaire 2019-2020 – Lycée Cassini (Clermont-de-l’Oise)
Niveau seconde – seconde 6
Séquence 1 : des personnages dans la tourmente de l’Histoire et les spirales du souvenir
Objet d’étude : le roman et le récit du XVIIIe au XXIe siècle
Problématique : comment la littérature permet-elle de surmonter les drames humains et les épreuves de l’existence ?
Séance 1 : Dalton Trumbo, Johnny s’en va-t-en guerre, chapitre 3, extrait, 1939.
- Une tonalité pathétique et tragique : commentaire issu des copies de Juliette, Sarah, Aurélie, Maïsa, Gwendoline, Candice, Rayane, Solen et Rosie
L’auteur développe dans son texte une double tonalité pathétique et tragique.
Tout d’abord, l’auteur s’appuie sur une tonalité pathétique. L’écrivain utilise le point de vue interne pour que l’on partage ce que ressent le personnage principal nommé Joe. Ce dernier est un jeune soldat américain originaire de Los Angeles, en Californie. Joe se trouvant à l’hôpital, sort du bloc opératoire et tout se mélange dans sa tête. Les souvenirs se télescopent. Il revit la scène d’adieux à sa famille en prenant conscience qu’il a perdu ses deux bras à la guerre. Joe ressent du désespoir et se lamente. On le comprend grâce à de nombreuses répétitions : le verbe « pleurer » est employé à plusieurs reprises dans le texte : « je pleure » (ligne 2), « ne pleurez pas » (ligne 9). L’auteur renforce cette idée en utilisant les termes suivants : « je ne veux pas partir » (ligne 18). Ici, on constate grâce à une phrase négative que Joe se lamente. Les phrases injonctives « serre-moi plus fort dans tes bras » mettent en lumière une demande d’affection. Le chiasme est utilisé dans la phrase suivante : « je pleure en mon cœur et mon cœur saigne » (ligne 2). En effet, « mon cœur » est répété au début de la seconde proposition. Le fait d’insister sur le cœur permet de souligner les sentiments de détresse et de désespoir du narrateur. Le personnage ressent de la tristesse lors de son départ auprès de sa fiancée Kareen, comme nous le prouvent les mots suivants : « Kareen je te regarde et je pleure ». L’auteur joue sur les émotions de tristesse et de désespoir en utilisant le champ lexical des adieux. Le personnage principal exprime sa souffrance et son désespoir à travers l’évocation de la lumière : « la lumière baisse » ; On a l’impression que les jours rétrécissent. Cela crée une atmosphère sombre. Le temps utilisé est le présent, pour mieux nous replonger dans une réalité marquée par les traumatismes, les déchirures, la douleur et la tristesse. On peut ainsi s’introduire dans l’histoire et ressentir au plus profond les émotions mises en avant par le texte. La tonalité lyrique, le pronom personnel « je », le déterminant possessif « mon », la répétition du mot « cœur », le chiasme, met en relief le désespoir du jeune soldat.
De plus, l’auteur s’appuie sur la tonalité tragique pour peindre la condition du soldat amputé. On ressent de la frustration et de l’impuissance dans cet extrait. Joe se sent impuissant et frustré face à ce que lui arrive (ligne 15) : « je ne peux pas prier ». Il implore Dieu, sa mère et sa fiancée : « Oh Jésus maman mon Dieu Kareen ils me les ont coupés tous les deux » (ligne 45). Dans cette phrase, le verbe « couper » est placé au centre pour le mettre en relief. « tous les deux » est placé en fin de phrase. On appelle cela une structure emphatique. Il se lamente sur son sort car on lui a coupé ses deux bras. Le protagoniste implore Dieu à la fin pour souligner l’intensité de l’impuissance que l’auteur essaie de faire ressentir au lecteur. Le texte est saturé de répétitions. L’auteur utilise le parallélisme qui consiste à répéter la même structure de phrase : « je n’ai pas de bras Kareen », « je n’ai plus de bras » (lignes 39-40). Le parallélisme insiste sur l’impuissance et l’amputation du soldat. Pour montrer l’imploration qu’émet le personnage, l’auteur évoque la guerre. Il nous fait ressentir les drames qui s’y passent. Il rend ainsi hommage à tous ceux qui y sont morts ou revenus traumatisés. Cela donne une image violente et terrible de la guerre. On peut admettre qu’il y a un sentiment d’horreur. La tonalité tragique est donc développée grâce aux supplications faites par le narrateur qui se sent impuissant, mais également à travers l’évocation d’une force contre laquelle on ne peut rien : la guerre et la propagande véhiculée par le monde politique.
Le cimetière américain du Bois Belleau est situé à Belleau dans le département de l'Aisne. Il est géré par l'American Battle Monuments Commission.
- La dénonciation de la propagande : commentaire issu des copies de Tidiane, Mathis, Gaëtan.
Ce texte dénonce les mensonges de la propagande durant la guerre. Grâce à un texte polyphonique qui met en scène plusieurs personnages sur le quai de gare, l’écrivain accentue l’idée que l’Etat utilise la propagande en prenant comme prétexte la religion et le patriotisme. Ainsi un pasteur et un homme politique encourage les jeunes soldats à se battre au nom de Dieu et de la patrie : « le royaume des cieux vous appartient et la puissance et la gloire sont vôtres à tout jamais. Amen » (lignes 20-21). On promet au soldat une place au paradis s’ils font le sacrifice ultime sur le champ de bataille. L’homme politique évoque le drapeau et instrumentalise l’amour de la patrie pour mieux manipuler les jeunes en les encourageant à rejoindre les rangs de l’armée : « regardez cette glorieuse bannière étoilée » (ligne 27), « la patrie des braves », « la terre de la liberté » (ligne 30). Le but de cette propagande est de mieux manipuler les jeunes soldats, pour les inciter à aller à la guerre, alors que celle-ci est avant tout la promesse d’une mort certaine. En rapprochant le discours politique de la réalité de la guerre, l’auteur met en lumière l’opposition brutale entre la propagande qui idéalise la guerre, et la vérité de la guerre assimilée à une boucherie qui tue et détruit des jeunes hommes qui à dix-neuf ans sont encore des enfants.
La propagande sert à apaiser la population lors d’une guerre dont l’atrocité dépasse la fiction. Dans ce texte, l’auteur dénonce la propagande qui instrumentalise et manipule la religion et le patriotisme, pour pousser les jeunes à la mort, en s’appuyant sur l’exemple de Joe.