L'Ecriture ou la vie par Marion

Publié le par Professeur L

Ce texte a été écrit par Jorge Semprun qui a passé deux ans dans un camp de concentration, en Allemagne, à Buchenwald, de 1943 à 1945. Il est libéré le 11 avril 1945 et il rencontre des soldats américains qui découvrent l'horreur des camps.

Jorge Semprun décrit ce qu'il a vécu pendant deux ans, la déshumanisation et la perte de son âme. Dans le camp, les déportés n'avaient pas de miroir. C'est à cause de ça qu'ils ont perdu leur humanité, parmi d'autres supplices et conditions de survie extrême. Ils ont été traités comme des bêtes, sans sentiment, sans pensée, sans visage, comme le montre cette phrase : "pas de visage sur ce corps dérisoire". La seule choe qui faisait office de miroir pour eux était en quelque sorte leurs mains et leurs yeux : "de la main, parfois, je frôlais une arcade sourcilière, des pommettes saillantes, le creux d'une joue". Pour bien insister sur l'horreur du camp et sur leur déshumanisation, l'auteur construit des phrases à effet miroir : "c'est l'horreur de mon regard que révèle le leur, horrifié." L'écrivain insiste sur l'horreur, grâce à un présentatif et à un détachement avec la virgule. Il joue encore avec l'effet miroir en construisant un texte symétrique en quelque sorte, en commençant par du présent et la situation actuelle, puis l'axe qui est le milieu à l'imparfait de l'indicatif où il y a des flash-back, et où il se remémore sa souffrance, et il revient au présent en parlant des soldats et de leurs regards.

 

Quand il reivnet sur les soldats et qu'il décrit ce qu'il ressent, il fait allusion au fait qu'il est mort mais bien vivant en même temps, que les personnes qui le croisent ne voient rien et ne s'intriguent même pas de son apparence et de son accoutrement, que seul son regard raconte une histoire, la sienne, mais aussi celle de tous ses camarades du camp morts avant lui et avec lui, la souffrance ressentie et la douleur endurée.

 

Ce texte est plein de souffrances mais l'auteur se libère de ses souvenirs. Il fait une catharsis. En exprimant tous ses sentiments, il nous contraint à se mettre à sa place et à ressentir ce qu'il a vécu, la perte de lui-même, la mort de ses amis qui le le faisaient mourir au fond de lui, mais aussi le sentiment de délivrance sans vraiment se séparer du camp comme il l'écrit : "c'est l'horreur de mon regard que révèle le leur, horrifié". Son regard n'est plus que la description ou l'expression du camp, de sa souffrance et de la mort. En faisant cette catharsis, il revit tout en expliquant, rien qu'avec le titre L'Ecriture ou la vie, que l'écriture le fait mourir, tout en en ayant besoin pour (re)vivre.

 

Ce texte est très intéressant par les mots employés, la structure du texte qui donne du relief et qui donne envie de finir le livre, la dénonciation de sa souffrance et la manière dont il décrit son regard, sa vie, malgré sa mort, l'oubli de soi au fil du temps. Il en conclut à la fin qu'il a beau être sorti du camp, son regard et son corps vivront à jamais dedans.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :