L'Ecriture ou la vie par Maximilien B.
Ce récit, L'Ecriture ou la vie, de Jorge Semprun, se passe dans le camp de concentration de Buchenwald, en Allemagne, lors de l'expansion nazie et de son effondrement pendant la Seconde Guerre mondiale. L'auteur est le narrateur du texte. Il emploie donc le pronom personnel "je". C'est après sa libération, le 11 avril 1945, par les Américains, que Jorge Semprun raconte aux lecteurs ce qu'il a vécu dans le camp de Buchenwald en Allemagne. En utilisant la littérature, et l'écriture, l'auteur se libère : c'est la catharsis, mais, comme l'évoque le titre du livre, cette tentative de catharsis le mène dans une impasse, puisque c'est en narrant son expérience qu'il la revit en quelque sorte.
Il produit son autoportrait car il se décrit, et ce en insistant sur les dégradations de son corps, de façon fragmentée. Cette autoportrait ressemble même à une critique, comme on peut le constater ligne 5 : "je frôlais une arcade sourcilière, des pommettes saillantes, le creux d'une joue..." ; ou ligne 9 : "pas de visage sur ce corps dérisoire". L'auteur est déshumanisé. Il ne se voit pas. Il n'a pas accès à une vision complète de lui-même. On peut dire que cet autoportrait est fragmenté, car il ne se décrit pas entièrement. L'auteur ne distingue pas son corps dans son intégralité, notamment du fait de l'absence de miroir dans le camp, comme on peut le voir ligne 3 : "nul miroir à Buchenwald".
Pour se décrire, l'auteur utilise des structures emphatiques telles que : "c'est l'épouvante que je lis dans leurs yeux" (ligne 23) ou ligne 21 : "c'est l'horreur de mon regard, que révèle le leur, horrifié." Cette phrase repose sur deux formes de mise en relief : le détachement ("horrifié"), et le présentatif ("C'est...qui").
En fait, Jorge Semprun se décrit mais ne peut pas avoir une vision unifiée de lui-même. Il ne peut que se douter de ce à quoi il ressemble, grâce au regard de l'autre. C'est l'effet miroir.
De plus, dans ce récit, on peut retrouver un effet de flash-back car l'auteur utilise au début le présent de l'indicatif ("ils sont devant moi"), puis l'imparfait de l'indicatif ("je voyais"), et à nouveau le présent de l'indicatif à la fin du texte, ce qui produit un effet de symétrie entre le début et la fin.
Ce récit est intéressant car il montre l'horreur des camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale : un déporté se décrit et se voit mourir peu à peu car il est déshumanisé. L'auteur ne se voit pas. De plus, l'absence de miroir ne facilite pas la vision. Néanmoins, Jorge Semprun peut se douter de ce à quoi il ressemble : le regard "horrifié" de l'autre permet de se percevoir.
Ce texte est aussi intéressant car c'est une tentative de catharsis. L'ateur se libère par l'écriture et exprime sa vision. On peut également percevoir que l'auteur est confronté à une impasse car les camps sont une prison et une usine de la mort. Jorge Semprun est, en fait, confronté plus que jamais à la mort.