L'Ecriture ou la vie par Léa M.
Ce texte décrit la libération du camp de concentration de Buchenwald, le 11 avril 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce texte est entièrement construit à la manière d'un miroir. En effet, la première et la dernière phrase de l'oeuvre sont écrites au présent de l'indicatif, ce qui crée une symétrie. L'axe de cette symétrie n'est autre que le milieu du texte, qui est un flash-back écrit à l'imparfait de l'indicatif. On trouve aussi un effet de miroir dans la structure de certaines phrases comme : "c'est l'horreur de leur regard que révèle le leur, horrifié." Dans cette phrase, l'auteur insiste sur l'horreur grâce à un présentatif et à un détachement.
Tout au long du texte, l'écrivain met en valeur des émotions comme la peur et l'épouvante : "leur épouvante", "c'est de l'épouvante que je lis dans leurs yeux". Jorge Semprun utilise des mises en relief pour insister sur ces sentiments.
Dans ce texte, l'auteur fait son autoportrait. Celui-ci se trouve au milieu du texte. Il s'agit d'un autoportrait plutôt péjoratif dans lequel l'auteur décrit ses changements physiques, dans le camp de Buchenwald : "mon corps, sa maigreur croissante", "le cheveu ras", "une défroque disparate". Grâce à ce portrait, l'écrivain dénonce l'horreur des camps de concentration.
Jorge Semprun présente également les camps de concentration comme des entreprises de déshumanisation. Pour cela, en complément de son autoportrait, il déclare que les déportés n'avaient pas d'accès aux miroirs. En effet, étant donné que l'être humain est la seule créature capable de se reconnaître à travers son reflet, l'absence de miroir participe à la déshumanisation des prisonniers. Les déportés n'ont pas accès à leurs visages, ils sont réduits à l'état d'animaux : "Depuis deux ans, je vivais sans visage."
Ce texte est une catharsis. L'auteur tente de se libérer du traumatisme que fut la déportation en la racontant dans ses textes. Malheureusement, même si l'écrivain parle de sa souffrance pour l'oublier, celle-ci se rappelle à lui à chaque fois qu'il la décrit. L'auteur est piégé par son expérience de la mort. Parler de son calvaire l'aide, mais ravive également des souvenirs douloureux.
Je trouve ce texte intéressant car il est construit de manière originale. L'effet miroir concorde avec le principal sujet de l'oeuvre et rythme la lecture. De plus, le thème de l'absence de miroir est, je pense, une bonne manière de dénoncer la déshumanisation des déportés. L'autoportrait présente également au lecteur l'horreur des camps de concentration, et rend le texte émouvant.