Calligrammes d'Apollinaire par Jade

Publié le par Professeur L

Calligrammes d'Apollinaire par Jade

              Guillaume Apollinaire, né en 1880, est considéré comme l’un des plus grands poètes français. Il publie son dernier recueil au retour du front en 1918, dans lequel dessins et poésies sont mélangés créant ainsi des Calligrammes. Ce recueil intitulé donc Calligrammes mélange expériences amoureuses par des poèmes dédiés à ses différentes muses, femmes qu’il a aimées et qui l’inspirent, ainsi que sa conception de la guerre. Son œuvre est organisée en six parties qui traduisent les ressentis de l’auteur, sa lutte intérieure contre la guerre. Ainsi, il est possible de s’interroger sur l’importance de l’écriture pour Apollinaire. Comment la poésie permet au poète de préserver son humanité ? Pour cela, il serait intéressant d’identifier une distinction entre une guerre néfaste pour l’auteur et la réaction de celui-ci, la création d’un univers artistique.

 

   Guillaume Apollinaire fait part à travers ses poèmes, de ses émotions. Ses écrits retracent non seulement son départ pour la guerre mais aussi son ressenti en tant qu’acteur dans cette guerre affligeante.

       Tout d’abord, le poète se doit de partir, quitter sa vie par devoir ainsi que par volonté. En effet son hésitation à partir au front est évoquée dans son poème intitulé À Nîmes, dans lequel Apollinaire est tiraillé entre son désir de partir combattre pour son pays et son envie de rester par amour « L’Amour dit Reste ici Mais là-bas les obus Epousent ardemment et sans cesse les buts » ces antithèses entre la proximité marqué par l’adverbe de lieu « ici » et le départ en guerre (« là-bas ») marquent un éloignement physique et sentimental de même que son amour l’incitant à rester en opposition avec l’amour de la nation voulant son éloignement. Ceci témoigne d’une décision difficile pour le poète qui malgré tout est parti « Je me suis engagé ». Il entreprend alors son départ pour le front afin de lutter contre la guerre. Son trajet, caractérisé par la nostalgie est présenté en calligrammes qui s’intitule Voyage. Lors du temps qu’il passe abord du train, Apollinaire offre aux lecteurs une dimension onirique dans laquelle il s’interroge sur ce voyage, faisant allusion à Dante lors de son voyage dans La Divina Commedia, traversant paradis et enfer. On peut considérer que le poète se dirige vers l’enfer de la guerre. Il fait alors ses Adieu à sa vie d’avant pour débuter son expérience dans les tranchées.

                Durant la guerre, Apollinaire se remémore sa vie d’avant. Il rend hommage dans certains poèmes à ses camarades, amis, amours. Le poème Ombre fait allusion à des souvenirs douloureux « de nouveau auprès de moi /souvenirs de mes compagnons morts à la guerre ». Les disparitions, absences semblent le hanter. Les émotions paraissent dévorer le poète et sa croyance de la paix, il s’y refuse dans son poème Refus de La Colombe qui seulement par son titre annonce la renonciation de l’auteur, son rejet même du symbole de paix.

 

 

    Apollinaire doit donc faire face à l’atrocité de la guerre, une atrocité qu’il réussit à modifier. Grâce au pouvoir de la parole poétique, il parvient à élever cette réalité néfaste. La guerre devient alors propice à l’écriture, sa beauté se ressent dans tout art créant une échappatoire au poète.

      Apollinaire cherche donc à s’évader, non pas physiquement mais mentalement, il conçoit la beauté, richesse du monde grâce à l’art qui se trouve dans toutes choses. Photographie, est un poème qui célèbre cet art visuel, le poète y voit la beauté, douceur d’un monde « un jardin pacifique », le calme d’une absence de guerre. Ces formes d’expression du beau, de la grandeur sont mises en valeur par les calligrammes, la Cravate et la Montre représente visuellement le temps qui passe et semble oppressant. Apollinaire fait allusion à son sentiment : la joie que lui inspire la vie « la beauté de la vie passe de la douleur de mourir » nous pouvons comprendre qu’il oublie alors toutes idées destructrices.

   Peu à peu, Apollinaire s’élève loin de toute la folie de la guerre. Il entrevoit une évasion comme une issue de secours grâce à l’écriture. Tous ses sens le transportent tel que l’ouïe, lui offrant à la manière d’une nouvelle forme d’art pouvant calmer, adoucir, un chant mélodieux apporter par un oiseau. Un oiseau chante, évoque la douceur, délicatesse perçue par le poète « l’oiseau charme mon oreille/ écoute il chante tendrement », il paraît avoir la tête dans les nuages, l’emportant vers un paradis. Ainsi, l’auteur imagine son élévation vers le ciel à travers le poème Toujours, il met en lumière un parcours « de planète en planète », une renaissance le rendant plus fort, son art plus haut ayant un impact sur le monde. Il peut s’envoler vers la liberté, une liberté proche, « plus loin sans avancer » accessible grâce à l’esprit comme une renaissance fictive de la colombe.

 

            Pour conclure, la poésie permet à Apollinaire de préserver son humanité. Il parvient à résister à l’extrême violence de la guerre, destructrice, qui de façon progressive atteint le poète. Il combat ce processus de déshumanisation grâce à sa vision du monde, la beauté qu’il voit en toute chose, dévoilée par l’art qui le persuade de la victoire car dans son esprit la lutte contre l’atrocité de la guerre est terminée. La paix l’a remporté. Apollinaire écrit comme un journal intime, il se confie, livrant ses pensées et son amour de l’art perceptible par les calligrammes.

 

 

Calligrammes d'Apollinaire par Jade
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